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Proche-Orient

Cheney renvoie dos à dos Israël et Palestine

Le vice-président américain Dick Cheney a confirmé, de facto, lors de sa visite en Égypte, la réorientation de la politique américaine sur le Proche-Orient. Une politique qui met un terme à l’attitude passive de Washington à l’égard de la montée de la violence dans la région.
De notre correspondant en Égypte

Le vice-président américain a renvoyé dos à dos Israéliens et Palestiniens. «Il revient aux deux parties de mettre fin à la violence» a déclaré à deux reprises Dick Cheney. Il a ajouté qu’il incombait aux Palestiniens et aux Israéliens de «conclure un cessez-le-feu» et de s’engager dans «l’application des plans Tenet (sur la sécurité) et Mitchell (sur la reprise des négociations de paix)». Un changement d’attitude qui laisse présager que l’imminente mission de l’émissaire américain Anthony Zinni pourrait être plus «engagée».

Jusque là, le général américain à la retraite semblait se contenter de compter les coups dans le pugilat opposant Palestiniens et Israéliens. Il pourrait maintenant commencer à faire l’arbitre. Un rôle que l’Autorité palestinienne ne peut qu’applaudir, elle qui se plaignait du fait que Washington laissait carte blanche à Israël. Une Autorité qui n’en revient pas encore de l’appui américain à la résolution onusienne mentionnant un État palestinien. Autant de signes d’un changement de cap surtout si l’on y rajoute les récentes critiques du secrétaire d’État Colin Powell contre la politique du gouvernement du Premier ministre israélien Ariel Sharon.

Évolution aussi en ce qui concerne l’autre volet de la tournée Cheney au Proche-Orient. Le président égyptien Hosni Moubarak a décidé de jouer les intermédiaires entre l’Irak et les États-Unis. C’est en effet ce qu’il a affirmé au vice-président américain lors de leur rencontre à Charm el Cheikh mercredi. Dans le cadre de cette médiation, Hosni Moubarak va rencontrer jeudi au Caire le numéro deux irakien Ezzat Ibrahim. Le chef de l’État égyptien s’est déclaré optimiste quant à ses chances de désamorcer la crise entre Washington et Bagdad. Il a indiqué à Dick Cheney qu’il pensait que l’Irak allait accepter l’envoi d’inspecteurs de l’ONU. Des inspecteurs chargés de vérifier l’anéantissement des armes de destruction massive de l’Irak et que Bagdad avait chassés. L’optimisme du raïs est dû aux informations qu’il a reçues du secrétaire général de la Ligue arabe de retour de Bagdad. Des informations selon lesquelles Saddam Hussein est disposé à négocier avec les Nations Unies sur les conditions de retour des inspecteurs.

«Cheney, go home !»

Cette épée de Damoclès que les Etats-Unis agitent au-dessus de l’Irak préoccupe en effet l’Egypte comme les reste des alliés arabes de Washington. Raison sans doute pour laquelle le raïs a accueilli le vice-président américain à Charm el Cheikh. Cette station balnéaire, à part le soleil, la mer et les belles filles, possède une grande qualité: elle se situe à plus de cinq cents kilomètres de la Vallée du Nil. Une vallée qui a connu une série de manifestation anti-israéliennes mais aussi anti-américaines dans plusieurs université. L’opinion publique égyptienne est, en effet, hostile aux éventuelles frappes américaines contre l’Irak. Il n’est donc pas étonnant qu’à l’occasion de la visite Cheney, des milliers d’étudiants de l’université d’Alexandrie aient brûlé un drapeau américain en criant «Cheney go home!».

La visite du vice-président américain se serait déroulée au Caire, les manifestations auraient pu être plus violentes. Et puis, l’excuse de Charm el Cheikh était toute trouvée: la ville du Sinaï abrite la plus grande base de la force multinationale chargée de veiller au respect du traité de paix égypto-israélien. Une force composée pour sa moitié d’Américains heureux d’accueillir le vice-président. Dick Cheney en a donc profité pour s’adresser aux GI’s auxquels il a expliqué, en substance, que les Taliban étaient «finis» et que les terroristes d’Al Qaïda étaient prêts à les rejoindre. Il a toutefois précisé que la guerre contre le terrorisme ne s’arrêtait pas à l’Afghanistan et qu’il fallait s’occuper «des régimes soutenant la terreur et disposant d’armes de destruction massive». Une allusion transparente à l’Irak.



par Alexandre  Buccianti

Article publié le 14/03/2002