Proche-Orient
Ramallah panse ses plaies
Les soldats et les blindés israéliens sont actuellement positionnés autour de Ramalllah. Mais les trois jours et demi de réoccupation ont laissé des traces, non seulement dans les rues mais aussi dans les esprits. La population est encore sous le choc.
De notre envoyé spécial à Ramallah
Après trois jours et demi d'occupation totale Ramallah a repris vie. Mais en quittant la ville autonome palestinienne, l'armée israélienne toujours stationnée à la périphérie a laissé derrière elle de nombreux dégâts. Routes défoncées, pilones électriques déracinés, canalisations d'eau potable éventrées, voitures comprimées et habitations détruites partiellement ou totalement : les blindés de Tsahal ont littéralement vandalisé la ville. Les traces des chenilles des chars sont encore imprimées dans le bitume de nombreuses rues.
Des équipes d’ouvriers ont travaillé toute la journée, vendredi, pour réparer les canalisations d’eau, les poteaux électriques ou encore la chaussée. Dans la ville les commerces ont réouvert leurs portes et le marché central des fruits et légumes a ressorti ses étalages. Les habitants ont pu ainsi se réapprovisionner en vivres.
Un retour à une vie presque normale qui cache mal la colère et l’incrédulité de la population après ces événements tragiques. Les médecins de l’hôpital de Ramallah sont encore sous le choc du comportement de l’armée israélienne. «Nous avons été surpris car les blindés israéliens ont encerclé l’hôpital, explique le docteur Ahmed Al-Hayek, chef des urgences. Nous n’aurions jamais pu imaginer que l’armée empêcherait les blessés de venir se faire soigner. Certains auraient pu être sauvés s’ils étaient arrivés à temps à l’hôpital». L’armée israélienne avaient en effet positionné plusieurs chars qui bloquaient l’accès des ambulances. Certains blessés ont été transportés à dos d’homme pendant des échanges de tirs.
Dans la salle, des blessés sous perfusion sont parfois dans un état critique. L’un d’entre eux, âgé de 14 ans respire difficilement. Il a reçu plusieurs balles dans l’abdomen. «Il aura du mal à s’en sortir», soupire le docteur.
«Un échec militaire, un désastre politique»
Le principal problème auquel a dû faire face l’établissement hospitalier pendant ces journées noires est celui du manque d’eau. «Nous avions des réserves de médicaments et de sang suffisantes, explique le docteur Mansour Lofti. Mais l’eau nous a été coupée. L’UNRWA est tout de même parvenue à nous livrer plusieurs citernes.» Le fonctionnement de l’hôpital a aussi été perturbé par une coupure d’électricité : l’armée israélienne a détruit un générateur. Les lignes téléphoniques ont, elles aussi, été interrompues. «Israël a déclaré une guerre à la santé des Palestiniens, aux médecins, aux blessés et aux patients. Interdire à des blessés de recevoir des soins, cela s’appelle du terrorisme», poursuit le docteur Mansour Lofti.
L’ampleur des destructions et des violations du droit humanitaire a suscité des réactions unanimes comdamnant la violence de la réoccupation de Ramallah. Pour un diplomate occidental qui a fait une tournée dans la ville «les destructions commises par l’armée israélienne sont inutiles et sans raisons». Et ce diplomate d’ajouter : «Cette opération est un échec militaire et un désastre politique pour Ariel Sharon, elle nuit à l’image d’Israël et ne débouche sur aucune perspectives. C’est une bataille que les Israéliens ne peuvent pas gagner».
Pour les Palestiniens, cette réoccupation a été vécue et ressentie comme une punition collective aussi injuste que brutale. Après la prière du vendredi à la mosquée Gamal Abdel Nasser d’Al-Bireh, la ville jouxtant Ramallah, une foule de plusieurs milliers de personnes a réclamé vengeance. Et, sur les murs de Ramallah, les slogans témoignent de la radicalisation de la base militante des organisations palestiniennes : «Pas de négociations avec le gouvernement du criminel de guerre Sharon !»
Après trois jours et demi d'occupation totale Ramallah a repris vie. Mais en quittant la ville autonome palestinienne, l'armée israélienne toujours stationnée à la périphérie a laissé derrière elle de nombreux dégâts. Routes défoncées, pilones électriques déracinés, canalisations d'eau potable éventrées, voitures comprimées et habitations détruites partiellement ou totalement : les blindés de Tsahal ont littéralement vandalisé la ville. Les traces des chenilles des chars sont encore imprimées dans le bitume de nombreuses rues.
Des équipes d’ouvriers ont travaillé toute la journée, vendredi, pour réparer les canalisations d’eau, les poteaux électriques ou encore la chaussée. Dans la ville les commerces ont réouvert leurs portes et le marché central des fruits et légumes a ressorti ses étalages. Les habitants ont pu ainsi se réapprovisionner en vivres.
Un retour à une vie presque normale qui cache mal la colère et l’incrédulité de la population après ces événements tragiques. Les médecins de l’hôpital de Ramallah sont encore sous le choc du comportement de l’armée israélienne. «Nous avons été surpris car les blindés israéliens ont encerclé l’hôpital, explique le docteur Ahmed Al-Hayek, chef des urgences. Nous n’aurions jamais pu imaginer que l’armée empêcherait les blessés de venir se faire soigner. Certains auraient pu être sauvés s’ils étaient arrivés à temps à l’hôpital». L’armée israélienne avaient en effet positionné plusieurs chars qui bloquaient l’accès des ambulances. Certains blessés ont été transportés à dos d’homme pendant des échanges de tirs.
Dans la salle, des blessés sous perfusion sont parfois dans un état critique. L’un d’entre eux, âgé de 14 ans respire difficilement. Il a reçu plusieurs balles dans l’abdomen. «Il aura du mal à s’en sortir», soupire le docteur.
«Un échec militaire, un désastre politique»
Le principal problème auquel a dû faire face l’établissement hospitalier pendant ces journées noires est celui du manque d’eau. «Nous avions des réserves de médicaments et de sang suffisantes, explique le docteur Mansour Lofti. Mais l’eau nous a été coupée. L’UNRWA est tout de même parvenue à nous livrer plusieurs citernes.» Le fonctionnement de l’hôpital a aussi été perturbé par une coupure d’électricité : l’armée israélienne a détruit un générateur. Les lignes téléphoniques ont, elles aussi, été interrompues. «Israël a déclaré une guerre à la santé des Palestiniens, aux médecins, aux blessés et aux patients. Interdire à des blessés de recevoir des soins, cela s’appelle du terrorisme», poursuit le docteur Mansour Lofti.
L’ampleur des destructions et des violations du droit humanitaire a suscité des réactions unanimes comdamnant la violence de la réoccupation de Ramallah. Pour un diplomate occidental qui a fait une tournée dans la ville «les destructions commises par l’armée israélienne sont inutiles et sans raisons». Et ce diplomate d’ajouter : «Cette opération est un échec militaire et un désastre politique pour Ariel Sharon, elle nuit à l’image d’Israël et ne débouche sur aucune perspectives. C’est une bataille que les Israéliens ne peuvent pas gagner».
Pour les Palestiniens, cette réoccupation a été vécue et ressentie comme une punition collective aussi injuste que brutale. Après la prière du vendredi à la mosquée Gamal Abdel Nasser d’Al-Bireh, la ville jouxtant Ramallah, une foule de plusieurs milliers de personnes a réclamé vengeance. Et, sur les murs de Ramallah, les slogans témoignent de la radicalisation de la base militante des organisations palestiniennes : «Pas de négociations avec le gouvernement du criminel de guerre Sharon !»
par Christian Chesnot
Article publié le 16/03/2002