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Proche-Orient

Cheney prêt à rencontrer Arafat, sous conditions

La radio israélienne annonce un cessez-le-feu sous 24 heures et Cheney pourrait rencontrer Arafat dans les prochains jours, pour peu que le cessez-le-feu soit respecté.
Dick Cheney a quitté le sol israélien sans avoir rencontré Yasser Arafat, mais les choses pourraient changer d’ici quelques jours. En effet, avant de partir, le vice-président américain s’est déclaré ouvert à une rencontre avec le président palestinien, à la condition que celui-ci ait d’ici là mis en oeuvre le plan Tenet. Ce plan, conçu en juin dernier par le directeur de la CIA, fixe les conditions de l’instauration d’un cessez-le-feu, préludant à l’application du Plan Mitchell.

Celui-ci, tout en comportant un volet sécuritaire, met surtout l’accent sur la dimension politique d’un règlement du conflit israélo-palestinien et les dirigeants palestiniens ont demandé avec insistance son application.

Pour la première fois, les dirigeants américains qui ont constamment critiqué le président Arafat, accusé d’être à l’origine de la violence, qui se sont soigneusement abstenu de l’inviter à Washington où Ariel Sharon s’est rendu à quatre reprises depuis l’élection de George W. Bush, présentent à la partie palestinienne une incitation politique à sortir de la crise. Qui plus est, le séjour en Israël du vice-président américain s’est accompagné d’un retrait des forces israéliennes des zones A, autrement dit des régions autonomes palestiniennes qui, de par les Accords d’Oslo, relèvent exclusivement de la souveraineté palestinienne.

C’est également sous la pression américaine qu’Ariel Sharon a infléchi la position qu’il avait constamment maintenu depuis son arrivée au pouvoir : pas de négociation sous la pression du feu palestinien. Désormais, le premier ministre israélien est prêt à discuter «sous le feu palestinien», quitte à plonger dans le désarroi ses partisans les plus intransigeants.

Washington a dû réviser son approche

Ariel Sharon lui-même s’est montré encourageant, promettant que Yasser Arafat serait libre de se rendre à l’étranger une fois le plan Tenet appliqué. Mais le chef du gouvernement israélien s’est abstenu de garantir le droit au retour du président palestinien, se réservant la possibilité de l’en empêcher au cas où il tiendrait des discours «d’incitation» contre Israël ou en cas d’attentat.

Quoi qu’il en soit, malgré ces conditions, les Palestiniens ont favorablement accueilli cette nouvelle approche américaine. Vingt-quatre heures après l’arrivée de Dick Cheney, le ton a bien changé. A son arrivée en Israël, le vice-président américain, qui avait réaffirmé son amitié pour Ariel Sharon et son soutien à la sécurité d’Israël, avait à nouveau rendu Yasser Arafat seul responsable de la violence. Ces déclarations, ainsi que l’absence dans son programme d’une rencontre avec Yasser Arafat, avait provoqué la colère des dirigeants palestiniens qui, du coup, ont décidé de boycotter toute rencontre avec le numéro deux des États-Unis.

Mais la tournée que vient d’effectuer Dick Cheney dans plusieurs pays arabes, tous alliés des États-Unis, a contraint Washington à réviser son approche consistant à dissocier le conflit israélo-palestinien de la question irakienne. Lors de toutes ses escales, y compris au Koweït, les dirigeants arabes ont demandé aux États-Unis, avant d’envisager toute action contre l’Irak, de mettre fin au sanglant conflit qui oppose Israël aux Palestiniens.

Comme le note un éditorialiste américain, pour quelqu’un qui, voici quelques semaines, avait été déclaré «hors jeu» par Ariel Sharon, avec l’appui tacite des États-Unis, Yasser Arafat apparaît aujourd’hui comme le personnage central de ce conflit, capable, dans une certaine mesure, de dicter à Israël et aux États-Unis ses conditions pour parvenir à un cessez-le-feu.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 19/03/2002