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Tourisme

Un facteur de développement durable

Même si l'activité touristique a enregistré une baisse en 2001, ce secteur est amené à connaître une croissance importante dans les vingt prochaines années. Mais cette croissance mal maîtrisée risque d'induire plus de problèmes que de bénéfices notamment dans les pays pauvres. Des propositions commencent donc à émerger pour que le tourisme «responsable» devienne un pilier du développement «durable».
D’ici 2020, le nombre d’arrivées internationales de voyageurs devrait, selon l'Organisation mondiale du Tourisme, doubler pour atteindre 1,6 milliard. La croissance prévue pour le secteur est de 4 % par an entre 2001 et 2011. Le poids économique du tourisme ne devrait donc pas cesser d’augmenter. D’ores et déjà, l’industrie touristique représente le premier poste des échanges internationaux avec 476 milliards de dollars pour l’année 2000. En 2020, ce chiffre devrait s’élever à 2000 milliards de dollars. Cette croissance potentielle qualifiée «d’exponentielle» par Jacques Brunhes, le secrétaire d’Etat français au Tourisme, fait de ce secteur un «moteur de développement» à condition qu’il respecte un certain nombre de règles. «Chacun comprend que le tourisme constitue souvent un élément incontournable de l'avenir économique», qu’il est «créateur de richesses». Mais un tourisme sans contrôle peut aussi avoir des effets très négatifs surtout dans les pays pauvres. « Si ce secteur est mal maîtrisé, il peut faire courir des risques pour les économies et les cultures locales, à travers une disparition des traditions, l’exploitation des enfants, la prostitution, un bouleversement des équilibres sociaux et de l’environnement».

1,9 % des recettes du tourisme en Afrique

Inscrire la problématique tourisme, facteur de développement «à l’ordre du jour» de la Conférence de Johannesburg sur le développement durable d'août 2002 est donc, dans cette perspective, l'une des ambitions affichées par Jacques Brunhes, qui a d’ailleurs annoncé que les ministres européens concernés devaient se réunir le 4 mai prochain pour se concerter sur cette question. Jacques Brunhes a fait un certain nombre de propositions qu’il a présentées à l’occasion du salon du tourisme à Paris, où des rencontres ont été organisées sur le thème «tourisme, éthique et mondialisation». Le secrétaire d’Etat français préconise notamment «de revoir les règles d’attribution des aides financières publiques aux projets touristiques, à partir d’indicateurs sur le tourisme durable», «de renforcer la coopération à partir du tourisme», «de soutenir des associations de l’économie solidaire», «de promouvoir les actions de sensibilisation au tourisme éthique». Il s’agit de prendre des mesures pour développer un tourisme «respectueux des hommes, des cultures locales et de l’environnement».

On note actuellement l’émergence d’une vision globale d’un tourisme propre et rentable autour de notions comme celle de l’écotourisme, un thème auquel les Nations unies ont dédié l’année 2002. Par écotourisme, il faut entendre un tourisme reposant sur la nature et l’environnement conçu comme un «instrument de développement durable». Il s’agit aussi bien de protéger les écosystèmes que de permettre aux communautés locales de profiter des flux des recettes issues de l’activité touristique.

D’autres initiatives vont dans ce sens. L’Organisation mondiale du Tourisme a ainsi élaboré en 1999, un code d’éthique du tourisme pour planifier le développement de ce secteur en établissant «les droits et les devoirs» de toutes les parties prenantes dans l’activité afin de limiter les inévitables abus. A l’heure actuelle, ce sont les pays développés qui bénéficient quasi-exclusivement des flux touristiques car le secteur est très concentré. A titre d’exemple, l’Afrique subsaharienne est passée entre 1975 et 1995 de 3,1 % des recettes mondiales à 1,9 %, alors même que les arrivées sont en hausse sur le continent.

Un grand pas a aussi été franchi dans le processus de prise en compte de l’importance du tourisme responsable pour le développement lorsque l’Assemblée générale de l’ONU a adopté, en décembre 2001, une résolution de soutien au code d’éthique de l’OMT. Reste maintenant à trouver des «déclinaisons concrètes» à ce texte pour passer des principes aux actes. C’est l’un des objectifs que le secrétaire d’Etat français s’est fixé en vue de la Conférence de Johannesburg car, pour le moment, Jacques Brunhes estime qu’il y a beaucoup «de bonnes intentions mais les progrès sont insuffisants».



par Valérie  Gas

Article publié le 18/03/2002