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Internet grand public

Bientôt des moteurs de recherche intelligents

Demain, les systèmes de recherche sur le Net pourraient bien devenir intelligents. D’ores et déjà, les laboratoires explorent cette voie.
Pour trouver parfois le bon renseignement sur le Web et au bon moment, l’internaute dispose –outre les moteurs traditionnels et les annuaires– des métamoteurs qui proposent de lancer simultanément une requête sur plusieurs outils de recherche et éliminent les doublons. L’enjeu technique des moteurs est double: faire face au volume d’informations sur le Web qui est exponentiel, et arriver à avoir une certaine pertinence dans le milliard de documents indexés. Car, aucun outil de recherche, pour le moment, n’est capable d’exploiter efficacement l’information issue du Web et de l’analyser.

Spécialistes et chercheurs à travers le monde travaillent à supprimer les défauts habituels des moteurs actuels, qui sont essentiellement des problèmes de «bruit» et de «silence» comme le souligne Jérôme Vinesse, responsable d’une unité recherche et développement (R&D) sur le traitement des langues naturelles au centre de recherche de France Télécom de Lannion. «En recherche d’information, le bruit c’est le rapport du nombre de documents non pertinents sur le nombre de documents trouvés. Les problèmes d’ambiguïté des termes entraînent du bruit. Par exemple, le mot livre peut avoir plusieurs significations: un livre (ouvrage), une livre (poids ou monnaie), une forme du verbe livrer. Résultat, la saisie du mot livre dans un moteur va apporter du bruit,» explique-t-il. Avant d’ajouter : «Autre problème: une même idée peut être exprimée par des mots différents. C’est l’exemple des mots voiture, automobile, bagnole. L’utilisateur recherche plutôt autour d’une idée que sur des mots. Ce second phénomène, lui, entraîne des problèmes de silence.»

Entre «bruit» et «silence»

Pour résoudre ces problèmes, certains projets universitaires et commerciaux décrivent l’arrivée imminente de technologies intelligentes, dont les méthodes ne consistent plus seulement à traiter données et informations, mais à mettre en œuvre savoirs et connaissances. C’est le cas d’un prototype en cours d’industrialisation mis au point par le centre de recherche de France Télécom de Lannion. L’équipe de Jérôme Vinesse travaille sur une technologie de ce type: un système de questions-réponses qui fonctionne comme un intermédiaire entre l’utilisateur et le moteur. Ce service va très loin, puisqu’il permet de travailler sur un domaine aussi vaste que le Web et de poser des questions en langage naturel. «Concrètement, l’utilisateur pose une question en langage naturel au système qui est capable d’extraire les bonnes réponses du Web et de les lui fournir. Par exemple: quelle est la hauteur de la tour Eiffel ? explique-t-il. L’usage du traitement du langage naturel permet d’automatiser la reformulation de la question et la recherche dans une grande quantité de documents. Un gros travail de dépouillement est ainsi évité à l’utilisateur.»

Ce prototype est une technologie parmi d’autres, un sous-domaine de l’intelligence artificielle qui fait appel à des compétences informatiques et à des compétences linguistiques non négligeables. Ces technologies ne s’adressent pas seulement à l’internaute grand public. Elles sont tournées vers le monde des entreprises. Pour preuve, le centre de recherche de France Télécom de Lannion vient de mettre au point une technologie permettant d’avoir une interaction intelligente en langage naturel entre un homme et une machine (interrogation orale par téléphone ou écrite par clavier) avec tout un panel de services interactifs variés: information, transaction, assistance, annuaires, etc. A titre d’exemple, la Société Générale a mis en place une expérimentation en grandeur réelle d’un nouveau service de transactions boursières basé sur cette technologie. Les clients peuvent désormais appeler à tout moment un serveur pour passer en direct des ordres d’achats et de vente complexes, suivre l’état de leurs transactions ou modifier leur carnet d’ordre. Cette technologie pourra servir à d’autres applications comme l’organisation d’un voyage.




par Myriam  Berber

Article publié le 21/03/2002