France: présidentielle 2002
Le choc Le Pen
Le candidat du Front national Jean-Marie Le Pen a bouleversé tous les pronostics et provoqué la consternation dans les milieux politiques en se qualifiant pour le second tour de l’élection présidentielle face au président sortant Jacques Chirac. Lionel Jospin, éliminé, a annoncé son prochain retrait de la vie politique. Certains candidats, tout comme le Parti socialiste, appellent explicitement à voter Chirac au second tour, d’autres à faire barrage à l’extrême-droite.
Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen au second tour, le Premier ministre Lionel Jospin éliminé, la France a vécu dimanche 21 avril 2002 un «séisme politique», selon l’expression qui a fait florès chez les dirigeants et les commentateurs politiques tout au long de cette soirée électorale. C’est la première fois dans l’histoire de la Vème République qu’un dirigeant d'extrême droite se qualifie pour le second tour d’une élection présidentielle. Jean-Marie Le Pen était arrivé en quatrième position en 1988 et 1995, où il avait recueilli respectivement 14,4% et 15% au premier tour. Son score avait été de 0,74% à l'élection présidentielle de 1974
Contredisant les sondages qui le plaçaient à la troisième place derrière ceux qu’on appelait «les deux grands candidats», le dirigeant du Front national a réalisé une percée que bien peu, lui mis à part, osaient prévoir. Vendredi, à deux jours du scrutin, il déclarait qu'il était «le seul à pouvoir battre Jospin au premier tour». A 73 ans, l’ancien député poujadiste dont la première élection remonte à 1956 est parvenu à imposer ses thèmes privilégiés: la lutte contre l'immigration et l’insécurité. Le résultat du premier tour est «une grande défaite des deux leaders de l'établissement», a-t-il déclaré dans sa première réaction, au siège de son parti à Saint-Cloud, près de Paris. «Les Français ne voulaient plus que l'avenir du pays se résume en un duel entre Chirac et Jospin (…) Le travail, la persévérance et l'aide de Dieu finissent par triompher de tous les obstacles».
«Ils ne passeront pas»
Vers 20h00, l'annonce des estimations a provoqué une explosion de joie au QG de campagne parisien du président Chirac, rapidement suivie de huées contre le dirigeant d'extrême droite. A gauche comme à droite de l’échiquier politique, l’incrédulité le disputait à l’abattement. «C'est un véritable cataclysme, non seulement pour la gauche mais aussi pour la France», a commenté le ministre socialiste des Finances, Laurent Fabius. «C'est un véritable coup de massue (...) Il faut faire maintenant barrage à l'extrême droite», a-t-il ajouté, appelant implicitement à voter pour Jacques Chirac au second tour. Le candidat du Parti communiste Robert Hue (3,5%) a exprimé sa «tristesse» et sa «colère», ajoutant que «la France ne mérite pas cette terrible régression que serait l'élection de M. Le Pen».
A l’image de Laurent Fabius, la plupart des candidats se sont rejoints sur la priorité que constitue, selon eux, la nécessité d’empêcher Jean-Marie Le Pen d’arriver à l’Élysée, appelant soit à voter Jacques Chirac au second tour, soit à manifester contre le danger représenté par les idées du Front national. Tandis que Lionel Jospin annonçait son retrait de la vie politique «après la fin de l'élection présidentielle», François Bayrou, candidat de l’UDF, a appelé à «faire barrage à l'extrême droite». Corinne Lepage, candidate écologiste de Cap 21, a appellé à voter pour Jacques Chirac et «à faire échec à Jean-Marie Le Pen». Le candidat Vert Noël Mamère a demandé de «tout faire pour battre Le Pen» et lancé «ils ne passeront pas». Pour Jean-Pierre Chevènement, le candidat du Pôle républicain, «le peuple et la France ne doivent pas être abandonnés au Front national». Le dirigeant communiste Patrick Braouzec a déclaré qu’il voterait pour Jacques Chirac. Le candidat des chasseurs Jean Saint-Josse a appelé ses électeurs au «réflexe républicain». Le Parti socialiste, lui aussi, soutiendra le président Jacques Chirac, a annoncé son porte-parole Vincent Peillon. Seule Arlette Laguiller a dit explicitement que Lutte Ouvrière «n'appellera pas à voter Chirac au second tour».
Pendant ce temps, le candidat du Front National se montrait combatif, appelant «les Français patriotes» à se mobiliser pour le second tour, et déclarant qu'il était prêt «à rencontrer Jacques Chirac quand il veut et où il veut», et qu'il était favorable à un débat télévisé avec son rival. Bien qu’adversaire personnel de Jean-Marie Le Pen, l’autre candidat d’extrême-droite Bruno Mégret a demandé à ses électeurs de reporter leurs suffrages sur le candidat du Front national. De son côté, le président sortant Jacques Chirac a demandé aux Français de se rassembler «pour défendre les droits de l'Homme, pour garantir la cohésion de la Nation, pour affirmer l'unité de la République, pour restaurer l'autorité de l'État».
Contredisant les sondages qui le plaçaient à la troisième place derrière ceux qu’on appelait «les deux grands candidats», le dirigeant du Front national a réalisé une percée que bien peu, lui mis à part, osaient prévoir. Vendredi, à deux jours du scrutin, il déclarait qu'il était «le seul à pouvoir battre Jospin au premier tour». A 73 ans, l’ancien député poujadiste dont la première élection remonte à 1956 est parvenu à imposer ses thèmes privilégiés: la lutte contre l'immigration et l’insécurité. Le résultat du premier tour est «une grande défaite des deux leaders de l'établissement», a-t-il déclaré dans sa première réaction, au siège de son parti à Saint-Cloud, près de Paris. «Les Français ne voulaient plus que l'avenir du pays se résume en un duel entre Chirac et Jospin (…) Le travail, la persévérance et l'aide de Dieu finissent par triompher de tous les obstacles».
«Ils ne passeront pas»
Vers 20h00, l'annonce des estimations a provoqué une explosion de joie au QG de campagne parisien du président Chirac, rapidement suivie de huées contre le dirigeant d'extrême droite. A gauche comme à droite de l’échiquier politique, l’incrédulité le disputait à l’abattement. «C'est un véritable cataclysme, non seulement pour la gauche mais aussi pour la France», a commenté le ministre socialiste des Finances, Laurent Fabius. «C'est un véritable coup de massue (...) Il faut faire maintenant barrage à l'extrême droite», a-t-il ajouté, appelant implicitement à voter pour Jacques Chirac au second tour. Le candidat du Parti communiste Robert Hue (3,5%) a exprimé sa «tristesse» et sa «colère», ajoutant que «la France ne mérite pas cette terrible régression que serait l'élection de M. Le Pen».
A l’image de Laurent Fabius, la plupart des candidats se sont rejoints sur la priorité que constitue, selon eux, la nécessité d’empêcher Jean-Marie Le Pen d’arriver à l’Élysée, appelant soit à voter Jacques Chirac au second tour, soit à manifester contre le danger représenté par les idées du Front national. Tandis que Lionel Jospin annonçait son retrait de la vie politique «après la fin de l'élection présidentielle», François Bayrou, candidat de l’UDF, a appelé à «faire barrage à l'extrême droite». Corinne Lepage, candidate écologiste de Cap 21, a appellé à voter pour Jacques Chirac et «à faire échec à Jean-Marie Le Pen». Le candidat Vert Noël Mamère a demandé de «tout faire pour battre Le Pen» et lancé «ils ne passeront pas». Pour Jean-Pierre Chevènement, le candidat du Pôle républicain, «le peuple et la France ne doivent pas être abandonnés au Front national». Le dirigeant communiste Patrick Braouzec a déclaré qu’il voterait pour Jacques Chirac. Le candidat des chasseurs Jean Saint-Josse a appelé ses électeurs au «réflexe républicain». Le Parti socialiste, lui aussi, soutiendra le président Jacques Chirac, a annoncé son porte-parole Vincent Peillon. Seule Arlette Laguiller a dit explicitement que Lutte Ouvrière «n'appellera pas à voter Chirac au second tour».
Pendant ce temps, le candidat du Front National se montrait combatif, appelant «les Français patriotes» à se mobiliser pour le second tour, et déclarant qu'il était prêt «à rencontrer Jacques Chirac quand il veut et où il veut», et qu'il était favorable à un débat télévisé avec son rival. Bien qu’adversaire personnel de Jean-Marie Le Pen, l’autre candidat d’extrême-droite Bruno Mégret a demandé à ses électeurs de reporter leurs suffrages sur le candidat du Front national. De son côté, le président sortant Jacques Chirac a demandé aux Français de se rassembler «pour défendre les droits de l'Homme, pour garantir la cohésion de la Nation, pour affirmer l'unité de la République, pour restaurer l'autorité de l'État».
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 21/04/2002