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Centrafrique

Patassé et Déby enterrent la hache de guerre

Le président centrafricain, Ange-Félix Patassé est en visite officielle au Tchad, un pays qu’il accusait d’entretenir des relations privilégiées avec des instigateurs de coups d’Etat. L’asile politique au Tchad de l’ancien chef d’état-major de l’armée centrafricaine, le général François Bozizé constituait un grave élément de discorde entre les deux pays. Mais les organisations régionales ont réussi à rétablir entre les deux Etats des relations de bon voisinage.
Les efforts diplomatiques de la Libye à travers la Communauté des Etats sahélo-sahariens (COMESSA), et du Gabon à travers la Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale (CEMAC), ont convaincu le président Ange-Félix Patassé d’entretenir des relations cordiales avec ses voisins, surtout avec le Tchad où de nombreux opposants ont trouvé refuge. Le plus célèbre d’entre eux est le général François Bozizé accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat en mai 2001. Réfugié à Sarh, grande ville du sud du Tchad avec des dizaines de partisans armés, sa présence a été la cause des querelles politiques et frontalières entre les deux pays. Le Tchad s’opposant à la demande d’extradition du général Bozizé avait suscité de vives réactions du régime centrafricain qui l’accusait de complicité avec l’ennemi.

Dans la recherche de la paix, les solutions de sortie de crise suggérées par la Libye avaient reçu un avis favorable du gouvernement centrafricain d’autant que plusieurs centaines de soldats libyens avaient participé au maintien au pouvoir du régime Patassé. Ces initiatives du colonel Kadhafi avaient été ressenties par certains chefs d’Etats d’Afrique centrale comme une tentative d’affirmer par tous les moyens sa présence en Afrique noire, alors que son autorité était contestée dans les pays au nord du sahara. Omar Bongo, le président gabonais était alors devenu le chef de file des pays de la CEMAC qui ont apporté des contre-propositions à l’initiative libyenne de déploiement d’une force d’interposition en lui préférant un règlement politique impliquant les Etats de la région.

La RCA se montre sous son meilleur jour

Bref, dans ce cas l’abondance de propositions de règlements du conflit politique et militaire en Centrafrique a profité au régime Patassé. Cet afflux de propositions a relégué les querelles politiques, fonds de commerce de l’opposition, au second rang des préoccupations du pouvoir qui a pu, sous le regard de la communauté internationale, consolider ses bases. Lamine Cissé, le représentant du secrétaire général de l’ONU en République centrafricaine s’est rendu, le mois dernier, successivement à New York au siège des Nations unies et à Bruxelles siège de la division développement de la Commission européenne pour rendre à ses interlocuteurs de la «bonne tenue de la situation en Centrafrique». Meilleur VRP que Patassé dans cet exercice, Lamine Cissé a rencontré des bailleurs de fonds internationaux devant lesquels il a évoqué le travail du Bureau des Nations unies pour la consolidation de la paix en RCA (Bonuca) et les efforts du gouvernement centrafricain pour résoudre les tensions avec le Tchad.

Sur le plan national, le président Patassé a emboîté le pas à Lamine Cissé, le 7 avril par une visite dans le nord du pays en frontière avec le Tchad. Cette région avait été le théâtre de vives tensions entre les deux pays. Ils s’accusaient mutuellement de massacres de villageois et d’incursion de soldats, depuis la fuite et l’installation au Tchad de l’ancien chef d’état-major de l’armée centrafricaine, le général François Bozizé. En présence des représentants de l’ONU, du HCR (Haut commissariat pour les réfugiés) et du PAM (Programme alimentaire mondial), il avait annoncé son intention de rencontrer le président tchadien. Deux jours plus tard la rencontre est effective. Le rétablissement des relations avec ce voisin fait partie d’une stratégie d’ouverture, destinée à rassurer les institutions internationales de financement qui pourraient apporter quelques solutions aux difficulté de trésorerie de la RCA. Cette visite est aussi un aboutissement des tractations diplomatiques de la Libye et du Gabon qui veulent jouer, chacun, un rôle essentiel dans le maintien de la paix dans la région. Ange-Félix Patassé profite de cette guerre de leadership pour faire la paix chez lui.



par Didier  Samson

Article publié le 10/04/2002