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Culture

Sites africains en péril

Quatre nouveaux sites africains viennent de rejoindre la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco parmi les 31 curiosités enregistrées en décembre dernier par l'organisation internationale : la colline royale Ambohimanga à Madagascar, Tsodilo au Botswana, la ville de Lamu au Kenya et les tombes du roi Buganda à Kabusi, en Ouganda. Confrontés à de multiples problèmes sociaux, économiques, trop rares sont les Etats du continent noir à proposer des candidatures pour figurer sur cette fameuse liste, véritable vitrine culturelle, touristique et parfois politique. De fait, l’écart avec le reste du monde s’est creusé au fil des ans, depuis les premières inscriptions en 1978.
Sur les 721 sites classés par l'Unesco, 57 se trouvent sur le continent noir. Mais 13 d’entre eux figurent sur la liste du patrimoine mondial en péril qui en compte 31. On trouve neuf pays sur cette liste des sites menacés : le Bénin (palais royaux d’Abomey), Ethiopie (Parc national du Simen), Guinée et Côte d’Ivoire (réserve naturelle du Mont Nimba), le Mali (Tombouctou), le Niger (réserves naturelles de l’Aïr et du Ténéré), l’Ouganda (Monts Rwenzori), Centrafrique (parc du Manovo Gounda saint Floris), RDC (quatre parcs et la réserve de faune à okapis) et le Sénégal (parc national des oiseaux du Djoudj).

Vers le milieu des années 1990, près de la moitié des sites inscrits étaient européens. La notion de chef d’œuvre, héritage de l’Antiquité, a été revue et la conception de patrimoine culturel élargie à diverses formes de représentations sociales, religieuses, artistiques. Et pour combler le fossé entre le continent africain et le reste du monde, l’Unesco a mis en place une série de mesures, allant de l’assistance financière à l’équipement. Ainsi, précise l’organisation, une nouvelle notion, appelée «le paysage culturel» est-elle née. Il s’agit, poursuit l’organisation, de «lieux exceptionnels qui, sans posséder obligatoirement des monuments historiques, associent étroitement les phénomènes culturels et religieux aux phénomènes naturels, ou perpétuent des traditions vivantes au sein des sociétés contemporaines».

Des lieux exceptionnels

Les nouveaux sites africains répondent à ces critères. Avec le site de Tsodilo, surnommé le «Louvre du désert», le Botswana fait sa première apparition sur la fameuse liste. Dans le désert du Kalahari, s’étend sur une zone de 10km² une véritable galerie d’art rupestre. On a recensé quelque 4 500 peintures et gravures réalisées sur une durée d’au moins cent mille ans : grands mammifères, notamment des girafes et des rhinocéros. Ce site ancestral est devenu un lieu de culte pour les Hambukushu et les Kung, des communautés venues s’installer dans la région au XIXe siècle. L'inscription de Tsodilo sur la liste du patrimoine mondial devrait permettre le recensement des œuvres d’art du site ainsi que le développement du tourisme culturel.

De son côté le Kenya, qui compte déjà deux sites classés, apparaît pour la troisième fois sur la liste de l’UNESCO avec la ville de Lamu. Cette vieille cité, considérée comme la plus ancienne des lieux de peuplement swahili, possède un patrimoine historique. Située dans l’Océan indien sur l’île de Lamu, à 250 km au nord de Mombasa, la ville est depuis le XIXe siècle un haut lieu d’enseignement des cultures islamiques.

Quant à Madagascar c’est la colline royale bleue de Ambohimaga qui a été retenue. Site historique et lieu sacré du culte des ancêtres et de la royauté, la colline, ancienne capitale religieuse, abrite les restes des souverains. Elle est aussi connue pour ses paysages de rizières en terrasses. Les Malgaches la tienne pour le symbole de leur identité culturelle.

Enfin, le site retenu en Ouganda est Kasubi qui abrite les tombes des rois du Buganda. Au sommet d’une colline située dans le district de Kampala, se dresse un palais érigé par le 35e souverain du royaume de Buganda.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 03/04/2002