Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Venezuela

Chavez propose dialogue et réconciliation

Le président Hugo Chavez, dont le régime est fragilisé, semble décidé à tirer les leçons de la grave crise politique et institutionnelle qui, en moins de 48 heures, l’a évincé puis ramené au pouvoir, faisant 41 morts et plus de 320 blessés.
Une tache difficile attend désormais Hugo Chavez pour rendre son unité au pays, divisé entre des milieux économiques hostiles et une population démunie qui lui reste acquise. De même, l’armée vénézuélienne a fait la preuve de son engagement en des sens opposés par son attitude lors du putsch puis du contre coup d’Etat.

Le président vénézuélien Chavez s’est félicité que l’union du peuple et des militaires ait permis son retour au pouvoir après un coup d’état avorté de 48 heures. Mais, en proposant un «dialogue national», une réconciliation, le président semble avoir pris en compte qu’une autre partie du peuple vénézuélien, soutenue par une autre partie de l’armée est aussi à l’origine de son renversement, vendredi dernier.

La répression policière violente contre des manifestants ou entre factions opposées ainsi que les actes de pillage qui se sont multipliés dans la capitale Caracas auront fait, au total, 41 morts et 323 blessés en trois jours.

Les évènements des derniers jours ne sont que la forme extrême d’un conflit qui depuis des mois ne cesse de s’approfondir entre les milieux économiques et les classes moyennes vénézuéliennes et la majorité des plus démunis, ceux qui, en 2000, ont triomphalement porté à la présidence le populiste de gauche, se revendiquant du révolutionnaire Simon Bolivar et admirateur de Fidel Castro, Hugo Chavez. En arrivant au pouvoir en tant que président provisoire le leader patronal Pedro Carmona avait, avant toute chose abrogé les 49 décrets-lois pris par le président Chavez afin notamment d’entamer la réforme agraire dans un pays où 20% des propriétaires détiennent 60% des terres, souvent sans les exploiter.

Comprendre le message

Hugo Chavez a donc pu prendre toute la mesure de l’opposition de certaines composantes de la société dont celle qui bénéficie de l‘exploitation pétrolière vénézuélienne, 4ème producteur mondial. A l’origine du coup d’Etat de vendredi, la grève entamée le 4 avril par les cadres de la société nationale Petroleos de Venezuela contre la nomination par le président Chavez, jugée «politique», des dirigeants de l’entreprise. Hugo Chavez, revenu au pouvoir, a fait un geste de bonne volonté en «acceptant » la démission de dix membres du conseil d’administration de cette société afin de repartir sur de nouvelles bases.

Les Etats-Unis qui n’avaient pas manifesté de réprobation excessive à l’éviction de Hugo Chavez, en raison de ses positions politiques de gauche et son action, au sein de l’Opep, en faveur du redressement du prix du pétrole. D’ailleurs, l’hebdomadaire américain Newsweek affirme dans son édition de lundi que des officiers impliqués dans le coup d’état contre Hugo Chavez avaient prévenu l’ambassade des Etats-Unis de leurs intentions dés février dernier. Toutefois l’hebdomadaire précise qu’aucun encouragement, bien au contraire ne leur avait été prodigué à l’époque.

Washington a donc pris acte sans plus d’enthousiasme du retour de Chavez. La conseillère du président Bush Condoleezza Rice a invité le président vénézuélien à comprendre le message que le peuple lui a envoyé, à savoir, que sa politique ne fonctionne pas. Elle s’est prononcée pour une meilleure prise en compte de l’opposition et de la société civile.


A lire également :
La chronique des matières premières de Jean-Pierre Boris (15/04/2002)



par Francine  Quentin

Article publié le 15/04/2002