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France: présidentielle 2002

Battu, Le Pen garde ses électeurs

Jean-Marie Le Pen a reconnu sa défaite, dimanche soir, n'ayant pas atteint, avec 17,79% des suffrages selon les résultats complets publiés lundi par le ministère de l'Intérieur, la barre des 25% qu'il s'était lui-même fixée. Cependant, l'extrême droite a amélioré son score au deuxième tour et le président du Front national a donné rendez-vous, très bientôt, à ses adversaires, pour les législatives des 9 et 16 juin.
Le candidat de l'extrême droite, grand vainqueur du premier tour de l'élection présidentielle, n'a pas franchi la barre des 25% de voix au second tour, chiffre qu'il avait lui-même fixé peu avant le scrutin. Jean-Marie Le Pen était crédité, dimanche soir, d'environ 18% des suffrages, soit bien loin des 30% en dessous desquels, il y a encore quelque jours dans l’euphorie des résultats du premier tour, il parlait d'échec personnel. Le président du Front national a mis cette «défaite cuisante de l'espérance française» au compte des «alliances de circonstances» entre «l'ensemble des forces politiques, économiques, sociales et médiatiques» liguées contre lui.

Mais il s'est félicité que, lors de ce deuxième tour, le «bloc national soit resté solide». Et, de fait, selon les instituts de sondages, l'extrême droite a même amélioré son score, en nombre de voix, entre le premier et le deuxième tour. Le 21 avril, le candidat du Front national, avec 16,8% des suffrages, avait obtenu 4,8 millions de voix tandis que son concurrent du MNR, Bruno Mégret en comptait 667 000, soit un total de 5,4 millions de voix pour l'extrême droite. Au soir du deuxième tour, en maintenant un score de 17,79%, Jean-Marie Le Pen a rassemblé 5,5 millions soit plus de 53 000 voix supplémentaires. La baisse du nombre des abstentions, largement en faveur de Jacques Chirac aura donc également profité à Jean-Marie Le Pen.

«Nous nous retrouverons aux législatives»

C'est donc à la tête d'un nombre non négligeable de suffrages de Français ayant confirmé ou affirmé leur vote lors de ce deuxième tour que le président du Front national aborde la prochaine échéance électorale, celle des législatives. «Nous nous retrouverons aux législatives» a-t-il dit, prédisant à Jacques Chirac une grande défaite après une grande victoire. Car des 80% d’électeurs de Jacques Chirac à l’Elysée, «combien voteront RPR aux législatives ?».

Le Front national, fort de la dynamique du premier tour de la présidentielle, est disposé à présenter un candidat dans chacune des 577 circonscriptions législatives, le 9 juin prochain, d’où l’hypothèse de triangulaires opposant, au deuxième tour le 16 juin, un candidat de la droite parlementaire et un candidat de l’extrême droite, susceptible de le faire chuter, à un candidat de la gauche unie, bénéficiant de leur neutralisation réciproque.

Situation dangereuse pour la constitution d’une majorité présidentielle souhaitée par Jacques Chirac et que Bruno Gollnisch, proche de Jean-Marie Le Pen, voit déjà comme un grand succès possible du bloc national. Car, a-t-il expliqué, «les mêmes causes produisant les mêmes effets, va-t-on demander aux électeurs de gauche de voter à nouveau pour les candidats de Jacques Chirac ?».

Enfin, battu dans les urnes Jean-Marie Le Pen pourra se prévaloir d’avoir propulsé les idées qu’il défend au premier rang et obligé ses adversaires à prendre position. Ainsi, le thème de la sécurité, que Jacques Chirac, dans sa première intervention de Président de la République réélu, dimanche soir, a qualifié de «priorité de l’Etat pour les temps à venir». Et, analyse faite des revendications exprimées par les électeurs de l’extrême droite, il a souhaité que «personne n’ait le sentiment d’être laissé pour compte». Jacques Chirac, à la tête de l’Etat pour les cinq ans à venir a clairement souligné que, pour lui, seuls les résultats obtenus dans ce sens permettront, à l’avenir, de «faire reculer l’intolérance».



par Francine  Quentin

Article publié le 06/05/2002