Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France: présidentielle 2002

Le scrutin en sept questions

L’échiquier politique a basculé, le 21 avril, au soir du premier tour de l’élection présidentielle. Le face-à-face inattendu Chirac-Le Pen a changé la donne et les enjeux prochains ne sont incontestablement plus les mêmes. Tous les partis politiques ont dû réviser leurs stratégies.
Qui sera président ?
Le second tour de l’élection présidentielle, le 5 mai, va marquer le début d’une période transitoire, d’un peu plus d’un mois, jusqu’aux élections législatives des 9 et 16 juin prochain. Le 5 mai au soir, le nom du nouveau président sera connu : Jean-Marie Le Pen ou plus vraisemblablement Jacques Chirac sera de nouveau le locataire de l’Elysée. Tous les partis excepté Lutte ouvrière ont appelé à voter pour le président sortant après l’éviction de Lionel Jospin (PS) au premier tour. Dès le 6 mai, le Premier ministre actuel, Lionel Jospin remettra sa démission au président de la République Jacques Chirac, qui, dans tous les cas de figure, sera encore en fonction. Ce dernier, s’il est réélu à la tête de l’Etat, nommera alors un nouveau Premier ministre qui formera dans la foulée son gouvernement. Dans l’hypothèse où Jean-Marie Le Pen serait élu président, Jacques Chirac serait encore à l’Elysée le 6 mai, puisque son mandat actuel court jusqu’au 17 mai. La question se pose alors de savoir qui dirigera le gouvernement pendant cet intervalle de quelques jours.

Qui sera Premier ministre ?
Jacques Chirac, s’il est réélu, n’a pour le moment donné aucune indication sur le nom de son futur Premier ministre. Mais selon toute vraisemblance il s’agira d’une personnalité de droite, chargée de mener la majorité présidentielle pour la bataille des législatives. Les noms les plus souvent cités sont ceux de Nicolas Sarkozy (député-maire RPR de Neuilly-sur-Seine), Jean-Pierre Raffarin (sénateur DL de Charentes) et dans une moindre mesure de Philippe Douste-Blazy (député-maire UDF de Toulouse) et François Fillon (député RPR de la Sarthe). Si Jean-Marie Le Pen est élu, il a cité, le 2 mai, comme possibles chefs du gouvernement : le numéro deux du Front national Bruno Gollnisch, mais aussi Edouard Balladur (ancien Premier ministre RPR), François Bayrou (président de l’UDF) et Alain Madelin (président de Démocratie libérale), sans doute par provocation.

Que peut faire le gouvernement entre la présidentielle et les législatives ?
Le fait que la majorité à l’Assemblée nationale sortante soit de gauche ne constitue pas un obstacle pour le nouveau gouvernement. En effet, la Constitution française ne fait pas obligation au Premier ministre de demander la confiance de l’Assemblée nationale, et celle-ci, ayant suspendu sa dernière session pour cause d’élection depuis le 22 février, ne pourra voter une motion de censure. La prochaine session parlementaire commencera le 25 juin. En revanche, le gouvernement ne sera pas en mesure de faire voter des lois par cette assemblée, ce qui l’empêchera de faire passer des réformes importantes. Le gouvernement pourra simplement décider des mesures moins ambitieuses, qui relèvent du domaine de simples décrets et pour les projets de lois, ils pourront être présentés en Conseil des ministres, avant d’être votés dans les meilleurs délais après les législatives.

Une nouvelle cohabitation est-elle possible ?
Le 9 mai 2001, le Conseil constitutionnel avalise l'inversion du calendrier électoral de 2002 faisant ainsi passer l'élection présidentielle avant les législatives. Une inversion qui avait pour but initial d’éviter une nouvelle cohabitation. Cependant, au vu des résultats du premier tour, le 21 avril dernier, l’hypothèse d’une quatrième cohabitation pourrait revenir en force : la droite craint des triangulaires aux législatives et la gauche se mobilise pour prendre sa revanche au scrutin de juin prochain.

Quelles stratégie pour la droite ?
Au lendemain du premier tour de la présidentielle, les chiraquiens de tous bords (RPR, UDF, DL) ont décidé d’adhérer à l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), nouveau nom de baptême de l’Union en mouvement (UEM), en vue de présenter un candidat unique aux prochaines législatives dans toutes les circonscriptions. Pour le moment, l’UMP a pour vocation de rassembler, autour du président sortant, tous les chiraquiens pour essayer de remporter les élections de juin prochain afin d’éviter une nouvelle cohabitation. Exit donc le RPR et place à l’UMP. François Bayrou (UDF) et Alain Madelin (DL) tiennent toujours bon, face au nouveau super-RPR. Ils ont décidé de résister ensemble pour préserver leurs familles politiques.

Quelle stratégie pour la gauche ?
Le 21 avril, éliminé de la course à l’Elysée, le Parti socialiste s’est aussitôt projeté dans les législatives. Les socialistes comptent, depuis, sur un sursaut républicain en leur faveur. Pour eux-aussi le problème du rassemblement se pose, ainsi que celui du leader. François Hollande a été désigné pour mener les élections, mais sa tâche s’annonce difficile après le départ de la vie politique de Lionel Jospin. Dans l’hypothèse, loin d’être acquise, où la gauche remporterait les législatives, François Hollande pourrait prétendre à occuper la charge de Premier ministre. Côté gauche plurielle, maintenant appelée gauche unie, Noël Mamère (Vert) et Bernard Charles (Parti radical de gauche) ont proposé des candidatures uniques PS-Verts-PRG. Un sommet de la gauche unie pourrait avoir lieu après le second tour de l’élection présidentielle.

Quelle stratégie pour l’extrême droite ?
Le score obtenu par Jean-Marie Le Pen (16,86%) au premier tour de la présidentielle et sa qualification au second, permet au Front national de peser sur les législatives où il devrait présenter des candidats dans les 577 circonscriptions et où il pourrait même être présent au second tour, le 16 juin, dans 40% des circonscriptions. Si l’on additionne les voix du premier tour de Jean-Marie Le Pen et de Bruno Mégret, l’extrême droite atteint 12,5% des inscrits dans 320 circonscriptions. Cependant, quelques jours après le premier tour, Bruno Mégret à fait savoir que son parti, le Mouvement national républicain (MNR), ne présenterait pas de candidats communs avec le Front national (FN).



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 05/05/2002