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France : législatives 2002

De la gauche plurielle à la gauche unie

L’ex-gauche plurielle a tiré les leçons de sa dispersion à l’élection présidentielle qui a entraîné son élimination du second tour. Ainsi, au premier tour des élections législatives, le 9 juin, la gauche PS-PC-Verts-PRG, unie face au danger, présente des candidats uniques ou de rassemblement dans les circonscriptions à risque. Toutefois, les candidats du Pôle républicain de Jean-pierre Chevènement et ceux de l’extrême gauche seront aussi présents.
Pour que ne se renouvèle pas le cauchemar de l’élection présidentielle qui a vu la gauche empêchée de participer au second tour et l’extrême droite en situation d’être élue, la gauche qui fut plurielle se présentera unie, à des degrés divers, aux élections législatives. Dans les circonscriptions où existe un risque réel que la gauche ne recueille pas, le 9 juin, les 12,5% des voix des inscrits nécessaires à sa participation au deuxième tour, un candidat unique PS-PC-Verts-PRG portera les couleurs de la gauche. Cela concerne 33 circonscriptions sur les 577 en jeu: 15 Verts, 13 PS et 5 PC représenteront seuls la gauche unie.

Dans 137 autres circonscriptions, des candidatures de rassemblement, à géométrie variable, seront investies par deux ou trois des quatre formations: 59 Verts soutenus par le PS, 94 PS soutenus par les Verts, 13 communistes ayant l’appui du PS et en retour, 36 socialistes soutenus par le PC. Les radicaux de gauche ont un accord avec le PS dans 33 circonscriptions et ne se présentent pas ailleurs.

Bien entendu, là où les différentes formations se présentent les unes contre les autres au premier tour, l’accord prévoit, au second tour, le désistement automatique en faveur du candidat de gauche le mieux placé. Cet accord électoral à gauche, finalement rendu public le 17 mai, et portant sur 170 circonscriptions au total, n’a pas été conclu sans douleurs. Annoncé dès la fin du deuxième tour de l’élection présidentielle, le rassemblement de la gauche ex-plurielle et resté «imminent» et reporté de 24 heures en 24 heures pendant une bonne dizaine de jours. D’ailleurs, pour aboutir alors que le dépôt officiel des candidatures est déjà commencé, il a fallu mettre entre parenthèses le département des Bouches-du-Rhône ou socialistes et communistes ne veulent, ni les uns ni les autres, céder la place. Avec la formation écologiste, les discussions ont longtemps achoppé sur la circonscription à réserver à l’ancien secrétaire national des Verts Jean-Luc Bennahmias. Il ira finalement à Marseille.

«Changer de gauche»

La répartition des candidatures ainsi conclue ne règle pas la totalité du problème à gauche. Aucun accord n’a été possible avec le Pôle républicain de Jean-Pierre Chevènement auquel le PS reproche d’avoir, par son attitude «ni droite ni gauche», troublé le jeu lors de la campagne pour l’élection présidentielle. Déçu d’un score de 5,3% le 21 avril, Jean-Pierre Chevènement, donné un temps comme le troisième homme possible, a bien tenté, au soir du deuxième tour, de se rappeler au bon souvenir de ses anciens amis du gouvernement Jospin en se revendiquant de la gauche. L’accueil réservé à cette main tendue a été froid, voire glacial. Le Pôle républicain, en dépit des défections enregistrées ces dernières semaines en raison justement de ce pas vers la gauche, présentera donc 400 candidats aux législatives. Jean-Pierre Chevènement en revient à son thème de campagne présidentielle en faveur de l’ouverture d’un «autre chemin», entre la «droite libérale et européiste» du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et le Parti socialiste qui veut «essayer de refaire ce qui a déjà échoué».

A l’extrême gauche le rassemblement n’a pas été plus aisé. A l’élection au parlement européen, en juin 1999, Lutte ouvrière de Arlette Laguiller et la Ligue communiste révolutionnaire de Alain Krivine, deux formations trotskistes, avaient fait liste commune et étaient parvenus à envoyer des députés à Strasbourg. Cette situation ne s’est pas reproduite et ne le sera pas davantage cette fois. Pour s’unir il faut être deux et, à l’évidence, LO n’y est pas favorable. Annonçant la présence de 560 candidats aux législatives Arlette Laguiller, 5,7% des suffrages au premier tour de la présidentielle, a reproché à son concurrent son appel à voter Chirac au second tour pour faire barrage à l’extrême droite. Elle a également expliqué le refus de son organisation par l’absence d’accord politique ne se contentant pas d’un accord électoral. La LCR présentera donc 440 candidats sous sa propre bannière. Olivier Besancenot, surprise du premier tour avec 4,2% des suffrages, les a qualifiés de candidats «100% à gauche» et désireux de recueillir les voix de ceux qui «ne veulent pas seulement changer la gauche, mais changer de gauche».



par Francine  Quentin

Article publié le 17/05/2002