Proche-Orient
Les négociations israélo-palestiniennes dévoilées
Dans son livre-témoignage Le rêve brisé (Fayard), le correspondant à Jérusalem de France 2 raconte le déroulement des négociations israélo-palestiniennes de 1995 à 2002. Charles Enderlin s’appuie sur les témoignages direct des principaux acteurs qui se sont confiés à lui au fur et à mesure des pourparlers à la seule condition qu’il ne les rende pas publics avant la fin 2001. Libéré de sa promesse, c’est un document de première importance qu’il livre au public.
RFI : Depuis l’échec de Camp David en juillet 2000, Palestiniens et Israéliens se sont rejeté la responsabilité de l’échec. En tant que témoin privilégié de ce qui s’est passé, avec votre livre, vous versez au dossier une pièce qui ne manquera pas d’être utilisée dans cette controverse…
Charles Enderlin : Je crois que les responsabilités sont largement partagées. Ce que l’on raconte aujourd’hui, surtout de source américaine et israélienne sur le sommet de Camp David est pour le moins inexact. Il suffit de revenir à l’époque : les négociations ne sont pas arrêtées au lendemain de Camp David. Quarante-huit heures plus tard, Israéliens et Palestiniens se sont à nouveau rencontrés à Jérusalem, Tel Aviv, Jéricho, Ramallah… Les négociations se sont poursuivies. Elles ont été interrompues de fait pendant un mois et demi en raison de l’intifada et elles se sont arrêtées à Taba en janvier 2001, tout simplement, faute de temps. Les élections israéliennes avaient lieu quinze jours plus tard. Ils ont manqué de temps.
RFI : Ce que vous montrez, c’est que même dans les pires moments, les contacts n’ont jamais cessé entre les acteurs de ce drame qui se connaissent finalement très bien.
CE : Après l’élection de Sharon, il y a en fait très peu de contacts entre Israéliens et Palestiniens. L’équipe de négociateurs de la gauche israélienne part dans l’opposition. Gilead Sher, le représentant de Barak dans tous ces pourparlers, retrouve son cabinet d’avocat et depuis l’élection de Sharon, de fait, il n’y a aucune négociation politique, à peine des discussions sur un cessez-le-feu éventuel.
RFI : En tout cas, l’équipe de négociateurs de Barak et celle d’Arafat se connaissent très bien. Certains sont même devenus des amis personnels. Cette amitié a-t-elle résisté à cette période de violences ?
CE : Pour certains, je sais que les contacts se poursuivent. On se parle au téléphone, surtout des anciens de la sécurité israélienne avec leurs anciens collègues palestiniens.
RFI : A vous lire, on a parfois le sentiment que, laissés à eux-mêmes, les négociateurs auraient pu parvenir à signer un accord s’il n’y avait pas eu Barak ou Arafat…
CE : Le problème de la méfiance, de la mésentente entre Arafat et Barak a été à mon avis l’un des éléments qui ont conduit à l’échec. Les Américains le savaient, ils n’ont jamais réussi à introduire cet élément dans les pourparlers et il faut bien dire que les interventions américaines n’ont pas toujours été très heureuses. L’équipe de Clinton, et Clinton lui-même craignaient la chute de Barak et le retour aux affaires de Benyamin Netanyahou. C’est une des raisons pour lesquelles à plusieurs reprises ils ont fait pression sur les Palestiniens.
RFI : Aujourd’hui encore, certains anciens négociateurs israéliens et d’actuels négociateurs Palestiniens continuent de se voir en Israël, en Afrique du Sud, en Europe continentale, et ces derniers jours en Irlande… Est-ce la manifestation d’une nostalgie ou, au contraire, cela pourrait constituer la base d’un futur accord lorsque l’horizon politique se sera éclairci ?
CE : C’est important pour l’avenir. Cela signifie que des gens de la gauche israélienne gardent le contact, continuent de discuter, de rencontrer des Palestiniens. Mais dans l’immédiat, cela n’a aucune influence sur le cours des événements.
Charles Enderlin : Je crois que les responsabilités sont largement partagées. Ce que l’on raconte aujourd’hui, surtout de source américaine et israélienne sur le sommet de Camp David est pour le moins inexact. Il suffit de revenir à l’époque : les négociations ne sont pas arrêtées au lendemain de Camp David. Quarante-huit heures plus tard, Israéliens et Palestiniens se sont à nouveau rencontrés à Jérusalem, Tel Aviv, Jéricho, Ramallah… Les négociations se sont poursuivies. Elles ont été interrompues de fait pendant un mois et demi en raison de l’intifada et elles se sont arrêtées à Taba en janvier 2001, tout simplement, faute de temps. Les élections israéliennes avaient lieu quinze jours plus tard. Ils ont manqué de temps.
RFI : Ce que vous montrez, c’est que même dans les pires moments, les contacts n’ont jamais cessé entre les acteurs de ce drame qui se connaissent finalement très bien.
CE : Après l’élection de Sharon, il y a en fait très peu de contacts entre Israéliens et Palestiniens. L’équipe de négociateurs de la gauche israélienne part dans l’opposition. Gilead Sher, le représentant de Barak dans tous ces pourparlers, retrouve son cabinet d’avocat et depuis l’élection de Sharon, de fait, il n’y a aucune négociation politique, à peine des discussions sur un cessez-le-feu éventuel.
RFI : En tout cas, l’équipe de négociateurs de Barak et celle d’Arafat se connaissent très bien. Certains sont même devenus des amis personnels. Cette amitié a-t-elle résisté à cette période de violences ?
CE : Pour certains, je sais que les contacts se poursuivent. On se parle au téléphone, surtout des anciens de la sécurité israélienne avec leurs anciens collègues palestiniens.
RFI : A vous lire, on a parfois le sentiment que, laissés à eux-mêmes, les négociateurs auraient pu parvenir à signer un accord s’il n’y avait pas eu Barak ou Arafat…
CE : Le problème de la méfiance, de la mésentente entre Arafat et Barak a été à mon avis l’un des éléments qui ont conduit à l’échec. Les Américains le savaient, ils n’ont jamais réussi à introduire cet élément dans les pourparlers et il faut bien dire que les interventions américaines n’ont pas toujours été très heureuses. L’équipe de Clinton, et Clinton lui-même craignaient la chute de Barak et le retour aux affaires de Benyamin Netanyahou. C’est une des raisons pour lesquelles à plusieurs reprises ils ont fait pression sur les Palestiniens.
RFI : Aujourd’hui encore, certains anciens négociateurs israéliens et d’actuels négociateurs Palestiniens continuent de se voir en Israël, en Afrique du Sud, en Europe continentale, et ces derniers jours en Irlande… Est-ce la manifestation d’une nostalgie ou, au contraire, cela pourrait constituer la base d’un futur accord lorsque l’horizon politique se sera éclairci ?
CE : C’est important pour l’avenir. Cela signifie que des gens de la gauche israélienne gardent le contact, continuent de discuter, de rencontrer des Palestiniens. Mais dans l’immédiat, cela n’a aucune influence sur le cours des événements.
par Propos recueillis par Olivier Da Lage
Article publié le 07/06/2002