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Proche-Orient

Un attentat-suicide compromet les efforts américains

Une attaque suicide contre un autobus israélien a fait au moins 18 morts et de nombreux blessés dans le nord de l’Etat hébreu, alors que la diplomatie américaine s’emploie à réunir les conditions d’une reprise des négociations.
C’est devenu une tragique constante du conflit israélo-palestinien: à chaque fois qu’une initiative est en cours, qu’un émissaire se rend sur place, que la communauté internationale manifeste son souci de réunir les belligérants ou de débloquer le processus, un attentat vient perturber les initiatives en cours. En effet, indépendamment de l’émotion soulevée par l’attaque à proprement parler, spectaculaire, traumatisante et très coûteuse en vies humaines, il ne faut pas perdre de vue que ce type d’action s’inscrit dans une logique politique et est destiné à susciter une réponse. Celle-ci se décline à plusieurs niveaux.

Le premier niveau, les représailles, a été atteint quelques heures seulement après la revendication de l’attentat par la branche armée du Jihad Islamique et à l’issue d’un conseil de sécurité réuni autour du premier ministre israélien. Des dizaines de chars israéliens ont pénétré, en milieu de journée, dans la ville palestinienne de Jénine, tirant à la mitrailleuse lourde tandis que des hélicoptères tiraient également sur la ville. A ce niveau d’incompréhension et de brutalité, aucun des deux protagonistes ne semble en mesure d’entendre les arguments de l’autre, taxés de mauvaise foi.

Le président de l’Autorité palestinienne peut toujours condamner les attentats-suicides qui endeuillent la société israélienne, non seulement il n’est pas entendu, mais il est aussi accusé d’en être le principal commanditaire alors que, de toute évidence et compte tenu de l’état de délabrement de l’infrastructure palestinienne, son influence n’a aucune prise sur les commanditaires d’attaques-suicides.

Opération de diversion

Dans le contexte proche-oriental, il paraît donc difficile, hasardeux, de ne pas relier l’attentat de Meggido au ballet diplomatique en cours dans la région, avec notamment la tournée du secrétaire d’Etat adjoint américain et du directeur de la CIA. Les deux hommes tentent, chacun de leur côté dans leur domaine de compétence respectif, de concilier les positions apparemment irréconciliables des Israéliens et des Palestiniens.

La tournée régionale entamée par le premier, William Burns, a pour but de réunir une conférence internationale d’ici la fin du mois. Elle réunirait les chefs de la diplomatie des pays de la région, ainsi que leurs «parrains» et le choix de la Turquie a été avancé. A ce stade des discussions, des réserves doivent encore être surmontées, notamment de la part de la Syrie. Le second, George Tenet, est venu discuter dans la région avec des propositions de réforme des services de sécurité palestiniens, au nombre d’une douzaine, et dont l’inefficacité en matière de lutte anti-terroriste donne des cauchemars aux Israéliens. Et là ne s’arrêtent pas les efforts américains. L’agenda du président des Etats-Unis indique qu’il recevra successivement en fin de semaine et lundi prochain son homologue égyptien et le premier ministre israélien. Ce sera la sixième fois qu’il s’entretiendra avec Ariel Sharon depuis son accession à la charge, il y a dix-huit mois. Mais, comme on le sait, même les emplois du temps présidentiels peuvent être bouleversés par une opération de diversion menée par une organisation terroriste.

A écouter :
Franck Weil-Rabaud invité de la Rédaction, au micro de Frédérique Tissandier. (05/06/2002)



par Georges  Abou

Article publié le 05/06/2002