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France : législatives 2002

La droite omnipotente

Avec sa large victoire au second tour des élections législatives (près de 400 sièges sur 577), la droite contrôle tous les organes du pouvoir. Avec Jacques Chirac à l'Elysée, Jean-Pierre Raffarin à Matignon, la majorité à l'Assemblée nationale et au Sénat, sans compter la présidence du Conseil constitutionnel, le camp du chef de l'Etat détient désormais tous les leviers du pouvoir en France.
Quelque 37 millions de Français sont allés aux urnes ce dimanche pour achever de désigner leurs députés. Après avoir recueilli 43,5% des suffrages au premier tour des législatives, la droite obtient environ 400 sièges à l’Assemblée nationale. Un score qui lui donne la majorité absolue (289) au Palais-Bourbon. L’UMP (l’Union pour la majorité présidentielle) compterait à elle seule entre 360 à 378 élus. L'autre composante de la droite modérée, l'Union pour la défense de la démocratie (UDF), obtiendrait entre 21 et 25 députés. L’Assemblée nationale, chambre basse du Parlement, élément-clé du dispositif législatif, était contrôlée depuis 1997 par la gauche.

Outre l’appareil gouvernemental, la droite contrôle déjà le Sénat - la Chambre haute du Parlement - ainsi que le Conseil constitutionnel, chargé de veiller à la constitutionnalité des lois, et cette concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul camp avait, avant les résultats de ce dimanche, provoqué l’inquiétude de la gauche. Cette nouvelle victoire redonne à Jacques Chirac la stature présidentielle envisagée par la Constitution de la Ve République, rédigée pour convenir à l’ambition que le Général de Gaulle avait de doter la France d’un pouvoir exécutif fort, appuyé par un Parlement docile. Jacques Chirac, qui a traversé cinq années de cohabitation avec une Assemblée nationale et un gouvernement de gauche, va bénéficier pour les cinq ans à venir de la «large majorité» qu’il avait demandée pour mettre en œuvre son programme, notamment la lutte contre l’insécurité et la baisse des impôts.

La nouvelle Assemblée entrera en fonction le 25 juin

Cette ultime victoire du camp du chef de l’Etat conclut un formidable retournement de situation pour le président français qui, il y a encore trois mois, était dans le collimateur de la justice. D’autre part, forte de sa réussite au premier tour des législatives, la droite est restée fidèle à sa stratégie. Elle a mis en avant les premières annonces ou mesures du gouvernement Raffarin et refusé le débat sur les programmes et les bilans. Elle a surtout fait campagne contre la cohabitation, prenant ainsi à contre-pied le Parti socialiste qui avait récusé ce système avant de le défendre au nom de l’équilibre des pouvoirs.

Cependant, après avoir remercié toutes celles et ceux qui ont voté pour l’UMP, le Premier ministre a tenu à indiquer que le gouvernement allait assumer «son devoir d’action», ajoutant qu’il avait : «l’obligation de ne pas décevoir» les Français. Il a également déclaré que «l’opposition sera évidemment et naturellement respectée». «Nous ferons en sorte que l'ensemble de notre programme soit appliqué», a-t-il conclu. Cette «vague bleue» est toutefois assombrie par une forte abstention qui a atteint, selon des estimations, le taux record de 39% soit près de 4 points de plus que les 35,6 % du premier tour, un chiffre déjà exceptionnel. Toutefois même si la victoire de la droite est indiscutable, elle reste marquée par des circonstances exceptionnelles. Jacques Chirac, élu le 5 mai dernier avec 82%, a réalisé un score jamais atteint par un président français. De même, si Jean-Pierre Raffarin peut compter sur une forte majorité à l'Assemblée, celle-ci a été obtenu avec un taux record d'abstention qui tend à confirmer le désintérêt persistant des Français pour la politique.

Lundi 17 juin, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin nommé le 7 mai après la victoire de Jacques Chirac au second tour de l’élection présidentielle, va démissionner et une nouvelle équipe dont la composition devrait être très proche de l’actuelle, sera formée autour du Premier ministre, qui, sauf surprise, restera à son poste. La nouvelle Assemblée nationale doit entrer en fonction le 25 juin prochain et désigner son nouveau président. Elle devrait siéger durant tout le mois de juillet pour une session extraordinaire.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 16/06/2002