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France : législatives 2002

Vers une majorité absolue pour la droite

Les électeurs achèvent dimanche le processus de désignation d'une Assemblée nationale qui, selon tous les pronostics, devrait être dominée dans les cinq prochaines années par la droite et soutenir ainsi l'action du président Jacques Chirac. A gauche, seul le Parti socialiste a résisté à l'UMP, laissant apparaître une bipolarisation de la vie politique. 519 sièges restent à pourvoir.
Les Français vont voter pour la quatrième fois consécutive en moins de deux mois, ce qui pourrait avoir pour effet, tout comme au premier tour, un taux d’abstention élevé (35,59%), non seulement en raison d’une certaine lassitude mais aussi parce que le résultat final semble connu d’avance. Au lendemain du 9 juin, la droite et la gauche ont lorgné vers ces 15 millions d’abstentionnistes : la gauche pour tenter de sauver ses sièges à l’Assemblée nationale et la droite pour espérer un nouveau raz de marée comme en 1993. Avec ce taux historique, la troisième force du scrutin du premier tour des législatives n’a pas été le Front national, mais bel et bien l’abstention.

Sur les 519 sièges qui restent à pourvoir, près de 90% font l’objet de duels classiques entre la droite et la gauche, car, tirant, apparemment les leçons du premier tour de la présidentielle, les électeurs ont concentré leur voix sur les grands partis. Et parmi les 1 045 candidats restant en lice, les plus petites formations comme le MNR de Bruno Mégret, Chasse, Pêche, Nature, Traditions de Jean Saint-Josse, Cap 21 de Corinne Lepage, le Pôle républicain de Jean-Pierre Chevènement ou encore les trois partis d’extrême gauche ont quasiment disparu. Le premier tour ayant ainsi marqué un effondrement des extrêmes et un renforcement de la bipolarisation de la vie politique française. Les triangulaires (droite-gauche-extrême droite) ne sont pas légion : une dizaine seulement dont neuf avec le Front national de Jean-Marie Le Pen (contre 76 en 1997). Le parti d’extrême droite se maintenant dans 37 circonscriptions contre 131, il y a cinq ans. Le FN n’est plus vraiment en position de jouer les arbitres comme l’aurait laissé penser les résultats de la présidentielle et ses chances de remporter un siège au Palais-Bourbon sont finalement assez minces.

Une large majorité pour le parti du président

Démoralisée après l’élimination dès le premier tour de la présidentielle de son leader, l’ex Premier ministre Lionel Jospin, la gauche semble résignée à la défaite. Plutôt que d’essayer de convaincre ses partisans qu’une revanche est encore possible, elle les a surtout appelés à réduire l’ampleur de la victoire de la droite pour empêcher la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul parti : l’Union pour la majorité présidentielle (UMP). Majoritaire dans la précédente assemblée, la gauche a obtenu 36% des voix et pourrait dimanche prochain perdre la moitié de ses députés pour occuper, selon diverses projections, entre 132 et 191 sièges. De leur côté, les alliés du Parti socialiste connaissent de sérieuses difficultés. Alors que les Verts ne sont sûrs que d’un siège, le Parti communiste est carrément menacé de perdre son groupe puisqu’il ne devrait pas parvenir à faire élire les 20 députés indispensables pour le constituer, mais seulement une quinzaine.

Au contraire, pour la droite qui a obtenu 56 élus dès le 9 juin, la situation n’est pas critique puisqu’elle est pratiquement assurée de décrocher la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Si les projections en sièges réalisées au lendemain du premier tour se confirment, l’UMP de Jacques Chirac devrait même disposer seule de cette majorité absolue sans avoir besoin de l’appui de l’autre formation de droite, l’Union pour la démocratie française (UDF) de François Bayrou. Après avoir recueilli 43,5% des suffrages, la droite devrait donc s’installer en force dans l’hémicycle pour occuper entre 380 et 440 sièges sur un total de 577.

Ainsi, le président Jacques Chirac devrait au cours des cinq prochaines années, bénéficier de la «large majorité» qu’il avait demandé à ses compatriotes pour mettre en œuvre un programme dont les principaux objectifs sont la lutte contre l’insécurité et la baisse des impôts. Si le deuxième tour des législatives confirme le premier, le chef de l’Etat obtiendra la légitimité que certains lui avaient contestée après sa réélection, le 5 mai dernier.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 16/06/2002