Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France : législatives 2002

Bipolarisation autour de l’UMP et du PS

Au lendemain du premier tour, il apparaît que les deux grandes formations politiques, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) et le Parti socialiste (PS) vont se partager la quasi totalité des sièges dans la prochaine Assemblée. Même si le PS a enregistré un net recul, il s’apprête à devenir, à gauche, la principale force d’opposition.
L’appel à voter utile lancé par les grands partis a été entendu par les électeurs qui auront à trancher, le 16 juin, dans la plupart des cas, des duels on ne peut plus classique entre la droite et la gauche, laissant présager une bipolarisation autour de l’Union pour la majorité présidentielle et du Parti socialiste. Cette bipolarisation ayant pour effet de marginaliser toutes les autres formations.

Ainsi, à droite, l’UDF qui a refusé de se dissoudre dans l’UMP, fait moins de 5%, mais peut encore espérer former un groupe distinct à l’Assemblée nationale. Son président François Bayrou est en ballottage favorable dans les Pyrénées-Atlantique, alors que le leader de Chasse, pêche, nature, traditions (CPNT), Jean-Saint Josse est éliminé. Pour sa première participation aux élections législatives, sa formation a recueilli moins de 2% des voix. A gauche, outre la confirmation du déclin du Parti communiste français (PCF) qui recueille 4,95% des suffrages et qui est menacé de perdre son groupe à l’Assemblée nationale, les Verts stagnent à leur niveau de 1997 avec 4,47% des suffrages. Leur chef de file, Dominique Voynet est en difficulté dans le Jura. L’extrême gauche, après la flambée des scores de ses leaders - Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et Arlette Laguiller de Lutte Ouvrière (LO) - au premier tour de la présidentielle, est également retombée à son niveau de 1997. Quant au Pôle républicain de Jean-Pierre Chevènement, il dépasse à peine les 1%. Son président, l’ancien ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin, est en ballottage délicat à Belfort.

L’appel aux abstentionnistes

Abasourdie par l'échec de son candidat à la présidentielle, l'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin, la gauche française a essuyé un sérieux revers au premier tour des législatives sans toutefois connaître la déroute. Les résultats de ce premier tour créditent, en effet, le PS de près de 25% des suffrages. La gauche devrait perdre la moitié de ses députés mais le PS resterait la formation politique dominante. Selon différents instituts de sondage, la gauche obtiendrait de 132 à 191 sièges contre 380 à 440 pour la droite. L’UMP de Jacques Chirac qui recueille autour de 35% des voix, sort grand vainqueur de cette consultation. Si les résultats se confirment au second tour, elle obtiendra la majorité absolue en marginalisant l’UDF de François Bayrou.

En définitive, l’issue du second tour dépendra, en grande partie, de la mobilisation des abstentionnistes, auxquels la droite comme la gauche ont lancé un appel, le 9 juin, au soir. Les leaders socialistes ont ainsi adressé des messages forts à leur intention pour qu’ils se mobilisent et qu’ils opèrent un rééquilibrage au Parlement. François Hollande, le premier secrétaire du PS a appelé «toutes celles et ceux qui n’ont pas voté dimanche à le faire massivement le 16 juin». Il a été suivi par Laurent Fabius, ancien ministre de l’Economie et des Finances qui a mis l’accent sur le fait qu’en voix, le différentiel entre la gauche et la droite n’était pas «énorme». Pour autant, a-t-il ajouté, il y a «un risque de déséquilibre tout à fait massif en nombre de députés». «Le message est favorable mais il n’entame pas notre modestie, il crée la confiance», a commenté le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, tout en lançant, lui aussi, un appel à la mobilisation. Pour lui, en s'abstenant, les Français ont montré qu'ils étaient «las de la politique politicienne». «Ils veulent, a-t-il dit, une politique d'efficacité». «L'union a porté ses fruits mais je vous mets en garde contre tout triomphalisme prématuré, le triomphalisme serait déplacé car l'abstention a beaucoup progressé et cela confirme le malaise de notre pays», a déclaré, pour sa part, l’ancien Premier ministre et maire de Bordeaux, Alain Juppé.

Si ces tendances se confirment le 16 juin, les Français auront choisi, pour la sixième fois consécutive, de désavouer la majorité sortante. Toutefois, les projections en sièges sont à prendre avec beaucoup de précautions : une différence d’un seul pourcent équivaut au déplacement d’environ trente sièges d’un camp à l’autre, compte tenu des effets du scrutin majoritaire.

A lire également:
L'édito éco de Norbert Navarro (10/06/2002)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 10/06/2002