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France : législatives 2002

Obligation de résultats pour le nouveau gouvernement Raffarin

Jean-Pierre Raffarin, reconduit dans ses fonctions à la tête du gouvernement ce lundi matin par Jacques Chirac, au lendemain de la victoire de la droite aux législatives, vient de donner la composition de son nouveau gouvernement. Seul le ministre des Affaires européennes Renaud Donnedieu de Vabres, mis en cause dans une affaire de financement illicite d’un ancien parti de droite - le Parti républicain - quitte ses fonctions. En revanche, douze nouveaux ministres délégués et secrétaires d’Etat font leur entrée dans la nouvelle équipe du Premier ministre.
Le Premier ministre qui vient d’être reconduit dans ses fonctions par le président Jacques Chirac sait que les difficultés l’attendent. Même si les deux échéances électorales de l’année se soldent par un succès indéniable ; le plébiscite de Jacques Chirac à la présidentielle et la large victoire aux législatives, la droite a désormais une obligation de résultats. Alors que pour la première fois depuis 1981, la droite est majoritaire dans toutes les principales institutions : l’Elysée, Matignon, l’Assemblée nationale, le Sénat, le Conseil constitutionnel, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et le Conseil de la magistrature, sa victoire écrasante a été ternie par un taux d’abstention qui a flirté avec les 40%.

Ainsi les principaux responsables de la majorité présidentielle, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, se sont gardés de tout triomphalisme. «Il faut savoir maîtriser ses victoires», a affirmé l’ancien Premier ministre et député-maire de Bordeaux. Selon lui, l’abstention très élevée est «le signe d’un malaise politique (…) l’avertissement s’adressant à tout le monde» et «il va falloir gouverner pour tous les Français». «Le projet de Jacques Chirac a gagné sa majorité», a déclaré le Premier ministre actuel, assurant cependant : «Nous avons l’obligation de ne pas décevoir». Jean-François Copé, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement Raffarin, a même vu, au lendemain du second tour des législatives, pour la nouvelle majorité une «obligation de résultats», ajoutant que «le grand mandat qui nous est confié est de réussir, réussir, réussir». Modestie donc et profil bas pour la droite.

Une marge budgétaire étroite

Jean-Pierre Raffarin va, tout d’abord, devoir s’attaquer à des dossiers sensibles qui pourraient bien déboucher, s’ils ne sont pas gérer avec habileté, sur une crise sociale : baisse des impôts promise lors de la campagne présidentielle de Jacques Chirac, allégement des 35 heures, refonte du système des retraites…etc. Le Premier ministre qui veut aller vite pour répondre aux attentes des Français, aura cependant quelques obstacles à franchir à l’Assemblée nationale, dès le début du mois de juillet. Ainsi le 3, son gouvernement présentera la mesure phare du candidat Chirac : la baisse de 5% de l’impôt sur le revenu, applicable dès le dernier tiers payé en septembre. Il devrait également annoncé les orientations prises pour la justice et la sécurité, avec des budgets assortis.

Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin qui a demandé un audit des finances publiques dès son arrivée à Matignon, aura les résultats à la fin du mois de juin. Les déficits publics qui devraient se situer entre 2% et 2,5% du PIB en 2002, détermineront la suite à donner aux réformes. Ainsi, a vu de ses résultats, il pourrait, s’il a besoin de financement pour mener à bien ses projets, privatiser quelques entreprises : Air France en tête - l’Etat en détient encore 56% - ou encore EDF-GDF. D’autre part, le Premier ministre a d’ores et déjà annoncé que le SMIC, le salaire minimum, serait augmenté automatiquement de 2,2% sans pour autant bénéficié d’un coup de pouce supplémentaire, traditionnellement octroyé début juillet.

S’agissant des 35 heures, le gouvernement n’a pas encore choisi entre légiférer ou décréter. Le dispositif d’assouplissement devrait être établi à la fin de l’année au terme d’une négociation avec les syndicats. Concernant les retraites, la réforme indispensable pour éviter une faillite du système des régimes par répartition devrait attendre quelques mois. L’objectif étant de laisser passer la campagne des élections prud’homales du 11 décembre et de tenter de conclure ce dossier vers la mi-2003. De plus, la création de fonds de pension à la française devrait faire l’objet d’une proposition de loi, laissée à l’initiative des députés.

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Edito économique de Norbert Navarro (18/06/2002)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 17/06/2002