Proche-Orient
Israël et les Arabes durcissent leur position
Israël riposte à l’attentat en saisissant des terres palestiniennes. Les Arabes modérés rejettent par avance la notion d’un État palestinien provisoire envisagé par Bush.
Au lendemain de l'attentat-suicide qui a provoqué la mort de 19 Israéliens à Jérusalem-Ouest, Israël a commencé de mettre en œuvre un nouveau type de représailles. Cette fois-ci, pas question, du moins pour le moment, d’aller assiéger Yasser Arafat à Ramallah. Ariel Sharon a opté pour des gains politiques. Certes, les militaires israéliens ont effectué des incursions à Jénine, Hébron, Toulkarem et Naplouse, quatre ville situées en zone A, c’est-à-dire sous contrôle exclusivement palestinien, selon les accords d’Oslo. Mais la répétition de ces incursions depuis décembre les a en quelque sorte banalisées, abolissant de facto la distinction entre les zones A,B et C et donc les accords d’Oslo eux-même.
Mais surtout, deux jours après le lancement des travaux d’une barrière destinée à isoler la Cisjordanie d’Israël, mais dont le tracé passe souvent à l’est de la «ligne verte», c’est-à-dire en Cisjordanie même, le gouvernement d’Ariel Sharon a décidé d’inaugurer un nouveau type de représailles : pour chaque attentat-suicide, Israël saisira davantage de terres palestiniennes. La notion de «saisie» n’est pas parfaitement claire. Il ne s’agit pas à proprement parler d’annexion. Mais la saisie en question pouvant signifier l’envoi de bulldozers et l’expropriation de terres cultivées voire d’habitation, Israël a toute raison de penser que cette mesure a de quoi inquiéter les Palestiniens. Que cette stratégie réussisse à mettre un terme aux attaques-suicide reste néanmoins à être démontré dans les faits.
Autre décision, celle d’expulser de proches collaborateurs d’Arafat. Le cabinet israélien, résistant à la demande de certains ministres d’extrême-droite comme Uzi Landau, ou du chef d’état-major Shaoul Mofaz, a renoncé à expulser le président palestinien, malgré la forte tentation qu’en a Ariel Sharon. En partie en raison des réticences américaines et de l’hostilité des Européens et des Arabes, mais surtout parce que les analystes des services de renseignement sont unanimes à prédire qu’une telle mesure aurait un impact désastreux pour Israël.
Le discours de Bush reporté, peut-être annulé
Symétriquement, les Arabes «modérés» durcissent, eux aussi, leur position. Nabil Chaath, le ministre palestinien de la coopération internationale, considéré par les Américains comme un «modéré» et persona grata à Washington vient d’affirmer que les Palestiniens rejetteraient tout État qui n’aurait pas les frontières de 1967 (c’est-à-dire avant la Guerre des Six-Jours et l’occupation qui s’en est suivie). Le président égyptien Moubarak, furieux des tergiversations américaines et qui garde un mauvais souvenir de la façon dont George Bush a écarté ses conseils voici une dizaine de jours, est parti consulter à Amman le roi Abdallah II et à Damas le président Bachar el Assad. Égyptiens et Jordaniens sont d’accord pour rejeter le concept d’État provisoire que George W. Bush s’apprêterait à proposer aux Palestiniens dans le cadre de son plan de paix.
Initialement, le discours de Bush devait être prononcé au début de cette semaine. L’attentat de Jérusalem a conduit le chef de l’exécutif américain à le différer, peut-être à la fin de la semaine. Mais il commence à se dire que George Bush, échaudé par l’emballement des événements, et écartelé par les pressions contradictoires des Israéliens et de ses alliés arabes, sans parler des avis divergents de ses plus proches collaborateurs, pourrait désormais renoncer purement et simplement à rendre publique sa vision de la paix au Proche-Orient.
Mais surtout, deux jours après le lancement des travaux d’une barrière destinée à isoler la Cisjordanie d’Israël, mais dont le tracé passe souvent à l’est de la «ligne verte», c’est-à-dire en Cisjordanie même, le gouvernement d’Ariel Sharon a décidé d’inaugurer un nouveau type de représailles : pour chaque attentat-suicide, Israël saisira davantage de terres palestiniennes. La notion de «saisie» n’est pas parfaitement claire. Il ne s’agit pas à proprement parler d’annexion. Mais la saisie en question pouvant signifier l’envoi de bulldozers et l’expropriation de terres cultivées voire d’habitation, Israël a toute raison de penser que cette mesure a de quoi inquiéter les Palestiniens. Que cette stratégie réussisse à mettre un terme aux attaques-suicide reste néanmoins à être démontré dans les faits.
Autre décision, celle d’expulser de proches collaborateurs d’Arafat. Le cabinet israélien, résistant à la demande de certains ministres d’extrême-droite comme Uzi Landau, ou du chef d’état-major Shaoul Mofaz, a renoncé à expulser le président palestinien, malgré la forte tentation qu’en a Ariel Sharon. En partie en raison des réticences américaines et de l’hostilité des Européens et des Arabes, mais surtout parce que les analystes des services de renseignement sont unanimes à prédire qu’une telle mesure aurait un impact désastreux pour Israël.
Le discours de Bush reporté, peut-être annulé
Symétriquement, les Arabes «modérés» durcissent, eux aussi, leur position. Nabil Chaath, le ministre palestinien de la coopération internationale, considéré par les Américains comme un «modéré» et persona grata à Washington vient d’affirmer que les Palestiniens rejetteraient tout État qui n’aurait pas les frontières de 1967 (c’est-à-dire avant la Guerre des Six-Jours et l’occupation qui s’en est suivie). Le président égyptien Moubarak, furieux des tergiversations américaines et qui garde un mauvais souvenir de la façon dont George Bush a écarté ses conseils voici une dizaine de jours, est parti consulter à Amman le roi Abdallah II et à Damas le président Bachar el Assad. Égyptiens et Jordaniens sont d’accord pour rejeter le concept d’État provisoire que George W. Bush s’apprêterait à proposer aux Palestiniens dans le cadre de son plan de paix.
Initialement, le discours de Bush devait être prononcé au début de cette semaine. L’attentat de Jérusalem a conduit le chef de l’exécutif américain à le différer, peut-être à la fin de la semaine. Mais il commence à se dire que George Bush, échaudé par l’emballement des événements, et écartelé par les pressions contradictoires des Israéliens et de ses alliés arabes, sans parler des avis divergents de ses plus proches collaborateurs, pourrait désormais renoncer purement et simplement à rendre publique sa vision de la paix au Proche-Orient.
par Olivier Da Lage
Article publié le 19/06/2002