Australie
Des camps de réfugiés «offshore»
Trouver à tous prix une solution aux demandeurs d’asile afghans semble le mot d’ordre lancé par le gouvernement australien. Après l’échec de la «solution Pacifique», qui ressemble plus à un «cauchemar» selon les propres termes du président de Nauru, et le rejet de la majorité des demandes d’asile traitées sur l’île, Philip Ruddock, Premier ministre australien, entend bien convaincre les immigrants illégaux d’accepter «l’enveloppe au retour» offerte par son gouvernement.
De notre correspondante à Melbourne
Ce sont actuellement près de 1500 demandeurs d’asile (Afghans, Irakiens, Iraniens, Sri lankais) qui sont détenus dans les îles du pacifique. 1102 à Nauru et 340 sur Manus soit le même nombre que dans les centres de détention sur le territoire australien. Pour la petite île de Nauru, pourtant située entre les îles Fidji et les îles Salomon, la situation n’a rien de paradisiaque et ressemblerait plutôt à «un cauchemar» comme le soulignait René Harris, président de la plus petite république dans le monde. La «solution Pacifique» qui consiste à placer les demandeurs d’asile dans des camps offshore pour éviter le débarquement sur le territoire australien n’apparaît plus aujourd’hui viable.
Au mois d’août dernier, le cargo norvégien Tampa porte secours à une embarcation indonésienne sur le point de sombrer avec à son bord 433 immigrants illégaux, pour l’essentiel Afghans. Malgré la pression internationale, l’Australie refuse d’accueillir les demandeurs d’asile sur son territoire. Nauru, propose alors de les recueillir en échange d’une aide financière et technique de l’Australie à hauteur de 26,5 millions de dollars australiens (15,7 millions d’euros ). On parle alors de «solution Pacifique». Le ministre des Affaires étrangères australien, Alexander Downer, s’engage à construire un camp afin d’accueillir les réfugiés et pense pouvoir régler l’ensemble des cas avant le 30 mai. Entre temps, de nouveaux demandeurs arrivent portant actuellement le nombre à 1102.
Compensation financière
Avec une population de 11 000 âmes, vivant sur 21 km² l'arrivée de 1000 demandeurs d’asile correspond au débarquement de trois millions de réfugiés en Australie. Nauru est une des îles les plus riches du Pacifique grâce à l’exploitation de ses mines de phosphates. Mais les réserves sont bientôt épuisées (prévues pour 2003) et Nauru semble désormais plus connue pour son paradis fiscal, particulièrement compréhensif avec l’argent de la mafia russe. L’accord financier avec l’Australie dans le cadre de la «solution Pacifique» n’est pas négligeable pour un pays qui est obligé d’importer presque la totalité de sa consommation (nourriture, eau, pétrole). René Harris, qui doit bientôt faire face prochainement à des élections, tente de négocier une extension du maintien des demandeurs d’asile moyennant une nouvelle compensation financière versée par son puissant voisin.
Contrairement aux centres australiens, le HCR (le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies) a la charge des camps et des demandes d’asile faites sur les îles. A Nauru, 529 demandes, soit seulement la moitié, ont pu être traitées jusqu'à maintenant. 172 ont été acceptées (32 Afghans et 126 Irakiens et 14 autres). Sur les 433 personnes recueillies par le Tampa, 132 ont été traitées en Nouvelle-Zélande et toutes, sauf une, ont reçu le statut de réfugié. Pour les 219 cas traités à Nauru, seuls 32 ont reçu ce même statut. Essentiellement en raison du changement de situation et la chute du régime des taliban en Afghanistan entre le traitement des demandes.
Fort de ce constat, le ministre des Affaires étrangères, Alexander Downer, souligne la justesse de la politique d’immigration du gouvernement australien d’interdire l’accès au territoire national. Lors de sa rencontre avec le président René Harris, vendredi 13 juin, le ministre a annoncé le versement de 19,5 millions de dollars australiens (11,5 millions d’euros) avant la fin du mois de juin mais qu’au-delà de cette échéance, l’Australie ne verserait plus aucune aide à Nauru. Pourtant plus de 800 demandes doivent encore être étudiées sur le site. Pour les demandes rejetées, le HCR précise que les personnes peuvent encore faire appel à la décision des Nations unies et demande à l’Australie de faire preuve de compréhension et de patience.
De son côté le gouvernement australien entend maintenant «travailler avec les Afghans pour les convaincre d’accepter la proposition d’aide au retour». En effet, une enveloppe de 2000 dollars australiens (1200 euros) par personne et 10 000 dollars australiens (5900 euros) par famille a été proposée à chaque Afghan dont la demande a été rejetée ou est encore en cours de traitement. Dans une déclaration du 14 juin, le Premier ministre australien souligne que «les dangers auxquels doivent faire face les Afghans sont les mêmes que ceux auxquels ont dû faire face les Khmers ou les Kosovars en rentrant chez eux».Toutefois, pour ceux qui refusent de rentrer en Afghanistan, Philip Ruddock envisage leur transfert de Nauru vers les centres de détention en Australie en attendant de trouver une solution.
Ce sont actuellement près de 1500 demandeurs d’asile (Afghans, Irakiens, Iraniens, Sri lankais) qui sont détenus dans les îles du pacifique. 1102 à Nauru et 340 sur Manus soit le même nombre que dans les centres de détention sur le territoire australien. Pour la petite île de Nauru, pourtant située entre les îles Fidji et les îles Salomon, la situation n’a rien de paradisiaque et ressemblerait plutôt à «un cauchemar» comme le soulignait René Harris, président de la plus petite république dans le monde. La «solution Pacifique» qui consiste à placer les demandeurs d’asile dans des camps offshore pour éviter le débarquement sur le territoire australien n’apparaît plus aujourd’hui viable.
Au mois d’août dernier, le cargo norvégien Tampa porte secours à une embarcation indonésienne sur le point de sombrer avec à son bord 433 immigrants illégaux, pour l’essentiel Afghans. Malgré la pression internationale, l’Australie refuse d’accueillir les demandeurs d’asile sur son territoire. Nauru, propose alors de les recueillir en échange d’une aide financière et technique de l’Australie à hauteur de 26,5 millions de dollars australiens (15,7 millions d’euros ). On parle alors de «solution Pacifique». Le ministre des Affaires étrangères australien, Alexander Downer, s’engage à construire un camp afin d’accueillir les réfugiés et pense pouvoir régler l’ensemble des cas avant le 30 mai. Entre temps, de nouveaux demandeurs arrivent portant actuellement le nombre à 1102.
Compensation financière
Avec une population de 11 000 âmes, vivant sur 21 km² l'arrivée de 1000 demandeurs d’asile correspond au débarquement de trois millions de réfugiés en Australie. Nauru est une des îles les plus riches du Pacifique grâce à l’exploitation de ses mines de phosphates. Mais les réserves sont bientôt épuisées (prévues pour 2003) et Nauru semble désormais plus connue pour son paradis fiscal, particulièrement compréhensif avec l’argent de la mafia russe. L’accord financier avec l’Australie dans le cadre de la «solution Pacifique» n’est pas négligeable pour un pays qui est obligé d’importer presque la totalité de sa consommation (nourriture, eau, pétrole). René Harris, qui doit bientôt faire face prochainement à des élections, tente de négocier une extension du maintien des demandeurs d’asile moyennant une nouvelle compensation financière versée par son puissant voisin.
Contrairement aux centres australiens, le HCR (le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies) a la charge des camps et des demandes d’asile faites sur les îles. A Nauru, 529 demandes, soit seulement la moitié, ont pu être traitées jusqu'à maintenant. 172 ont été acceptées (32 Afghans et 126 Irakiens et 14 autres). Sur les 433 personnes recueillies par le Tampa, 132 ont été traitées en Nouvelle-Zélande et toutes, sauf une, ont reçu le statut de réfugié. Pour les 219 cas traités à Nauru, seuls 32 ont reçu ce même statut. Essentiellement en raison du changement de situation et la chute du régime des taliban en Afghanistan entre le traitement des demandes.
Fort de ce constat, le ministre des Affaires étrangères, Alexander Downer, souligne la justesse de la politique d’immigration du gouvernement australien d’interdire l’accès au territoire national. Lors de sa rencontre avec le président René Harris, vendredi 13 juin, le ministre a annoncé le versement de 19,5 millions de dollars australiens (11,5 millions d’euros) avant la fin du mois de juin mais qu’au-delà de cette échéance, l’Australie ne verserait plus aucune aide à Nauru. Pourtant plus de 800 demandes doivent encore être étudiées sur le site. Pour les demandes rejetées, le HCR précise que les personnes peuvent encore faire appel à la décision des Nations unies et demande à l’Australie de faire preuve de compréhension et de patience.
De son côté le gouvernement australien entend maintenant «travailler avec les Afghans pour les convaincre d’accepter la proposition d’aide au retour». En effet, une enveloppe de 2000 dollars australiens (1200 euros) par personne et 10 000 dollars australiens (5900 euros) par famille a été proposée à chaque Afghan dont la demande a été rejetée ou est encore en cours de traitement. Dans une déclaration du 14 juin, le Premier ministre australien souligne que «les dangers auxquels doivent faire face les Afghans sont les mêmes que ceux auxquels ont dû faire face les Khmers ou les Kosovars en rentrant chez eux».Toutefois, pour ceux qui refusent de rentrer en Afghanistan, Philip Ruddock envisage leur transfert de Nauru vers les centres de détention en Australie en attendant de trouver une solution.
par Carole Martin
Article publié le 17/06/2002