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Union européenne

L’Europe ne sanctionnera pas les pays d’émigration illégale

Les dirigeants de l’Union européenne ont refermé ce samedi le sommet de Séville sur un compromis concernant la lutte contre l’immigration clandestine. Les Quinze ont choisi une politique de coopération avec les pays d’où viennent les candidats à l’exil plutôt qu’une stratégie répressive.
Inciter plutôt que réprimer en matière d’immigration. C’est l’approche équilibrée et humaniste qui a été retenue par les quinze chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union lors du sommet européen de Séville. Aucune menace sur l’aide au développement ne pèsera sur les pays tiers jugés trop laxistes. En revanche, des mesures concrètes seront mises en oeuvre avant la fin de l'année pour une meilleure gestion commune des frontières extérieures. Les dirigeants européens ont ainsi décidé de créer une instance commune formée des responsables des frontières nationales. Mais ils n’ont fixé aucun objectif précis en ce qui concerne la création d’un corps européen de garde-frontières, pourtant considéré par certains pays comme le projet le plus emblématique.

On estime que 500 000 immigrés entrent illégalement chaque année dans l’Union européenne, où vivraient actuellement trois millions de clandestins. Toute la difficulté est là. Les Quinze se sont retrouvés à Séville en Espagne pour un sommet européen qui est également le dernier de la présidence espagnole avant que le Danemark ne prenne cette présidence tournante le 1er juillet. Le thème de l’immigration avait été inscrit comme principal point à l’ordre du jour.

Equilibre budgétaire

L’immigration illégale est devenue un dossier ultra-sensible pour les dirigeants européens inquiets face à la montée de l’extrême droite en France et à la vague populiste au Pays-Bas, au Danemark et en Autriche. D’où l’idée de sanctions économiques contre les pays qui ne contrôlent pas efficacement leurs flux migratoires. L’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Espagne sont pour. La France, la Suède ou la Belgique sont contre. La Grande-Bretagne et l’Espagne proposaient que les aides au développement soient conditionnées par la volonté de ces pays du Sud à limiter l’immigration clandestine. La proposition hispano-britannique n’a pas été retenue. Tout le monde s’est rangé à l’avis des Etats hostiles à l’idée d’associer aide au développement et immigration.

Le Conseil européen a également adopté les grandes orientations de politique économique, dans lesquelles ils est prévu que les pays européens aient des finances publiques à l’équilibre en 2004. Au conseil des ministres des Finances de Madrid, qui a eu lieu avant le sommet, la France a accepté de s’engager sur un retour à l’équilibre budgétaire d’ici 2004, mais seulement si le taux de croissance atteint 3 % en 2003.

A l’ordre du jour de ce sommet, la réforme des institutions mais également l’élargissement de l’Union. Les Quinze espèrent clore en décembre les négociations d'accession avec une dizaine de pays candidats, pour la plupart issus de l'ancien bloc communiste. Les dix pays candidats pour la prochaine vague d'élargissement sont: Chypre, la République tchèque, la Hongrie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République slovaque et la Slovénie. La Roumanie et la Bulgarie devront attendre encore un peu. Quant à la Turquie, les Quinze ont souhaité hier fixer au plus vite une date pour l'ouverture de négociations d'adhésion. Mais les Quinze restent à ce jour divisés sur l'évolution de la politique de subventions européennes dans une Union élargie.

Enfin sur les grand dossiers de politique internationale, les Quinze appellent le Pakistan à lutter davantage contre le terrorisme et demandent la création rapide d'un état palestinien sur la base des frontières de 1967.



par Myriam  Berber (avec AFP)

Article publié le 22/06/2002