Union européenne
Le sommet de Séville sous la pression de l’immigration
Cinq-cent mille clandestins débarqueraient chaque année au sein de l’Union européenne. Une pression jugée insupportable par les dirigeants des pays-membres qui ont décidé d’en faire le principal dossier du sommet, les 21 et 22 juin.
C’est un sujet sur lequel les sherpas de l’Union travaillent depuis fort longtemps. La seule nouveauté réside dans l’urgente nécessité de le montrer ostensiblement aux opinions publiques des pays-membres, présumées obsédées par le phénomène d’une immigration incontrôlable. A supposer que ce soit le cas, le sont-elles par l’immigration clandestine ou simplement par l’immigration «tout court» ? A cette question, les chefs d’Etat et de gouvernement des Quinze ne répondront pas. Ils ne traiteront en effet que la moitié de la question en s’attachant à l’immigration illégale, l’autre obéissant à une logique économique incontournable, celle d’un marché du travail captif d’une démographie vieillissante.
Le déclencheur est en tout cas la vague populiste qui, de scrutins en élections, manifeste une implantation de plus en plus durable dans le paysage politique du Vieux Continent et sème la terreur au sein des états-majors des partis traditionnels. Selon les sondages dont nous disposons, une très forte proportion d’Européens n’opèrent pas une distinction très nette entre «immigration légale», «immigration clandestine» et «demande d’asile». L’idée dominante est que la forte présence d’étrangers est préjudiciable pour l’emploi et le mode de vie. Et tant pis si les clichés prennent le pas sur la complexité réelle de la situation. Partant de cette constatation, on peut imaginer qu’à Séville la priorité soit donnée aux décisions spectaculaires plutôt qu’à la réaffirmation que l’outil principal de lutte contre l’immigration clandestine est la prévention, par nature invisible puisque c’est en amont, dans les pays d’émigration, que l’essentiel du travail doit être effectué.
Harmonisation et répression
Un premier pas a été franchi il y a quelques jours, lors d’un conseil des ministres de l’Intérieur des pays-membres lorsque la France et la Suède ont marqué leur opposition à l’idée d’établir un lien direct entre l’octroi des aides aux pays en développement et leur coopération en matière de lutte contre l’immigration clandestine. L’accent devrait donc être porté sur l’harmonisation des politiques de délivrance de visas, la lutte contre la falsification des titres, l’échange d’informations, la coopération policière, la gestion des frontières communautaires, l’harmonisation des législations sur les étrangers et la politique de retour. Enfin, dernier volet, la répression des citoyens de l’Union, trafiquants et employeurs, qui favorisent l’immigration clandestine achèvera le bouclage du dispositif.
Le sommet de Séville sera marqué, à l’image de toutes les grandes réunions internationales de ces dernières années, par le rassemblement des organisations dites «alternatives», en l’occurrence opposées au projet d’une libéralisation accrue des marchés qui s’accompagne d’un contrôle vigilants des gens. Avec toutes les dérives connexes envisageables, telles que la prise de libertés à l’égard des formes légales ou l’adoption de procédures exceptionnelles pour surveiller, détenir, ficher, expulser sans discrimination hommes, femmes et enfants. Plusieurs organisations non-gouvernementales, parmi lesquelles Amnesty International et Human Rights Watch sont sur la brèche.
De glissements en dérapages, le risque devient de plus en plus important dans cette forteresse européenne en construction d’assimiler «l’autre», immigré légal, clandestin ou demandeur d’asile, à un voleur de travail dès lors qu’il est différent et qu’il ne dispose pas d’une carte de crédit internationale. L’autre risque, si les Européens persistent dans cette voie, c’est qu’ils y perdent leur âme. Conscients de cette dimension, les états-membres ne négligeront pas de rappeler les contraintes démocratiques de l’exercice auquel ils se livrent. Mais, encore une fois, le message qu’ils délivreront aura pour principal destinataire l’opinion publique de l’Union.
Le déclencheur est en tout cas la vague populiste qui, de scrutins en élections, manifeste une implantation de plus en plus durable dans le paysage politique du Vieux Continent et sème la terreur au sein des états-majors des partis traditionnels. Selon les sondages dont nous disposons, une très forte proportion d’Européens n’opèrent pas une distinction très nette entre «immigration légale», «immigration clandestine» et «demande d’asile». L’idée dominante est que la forte présence d’étrangers est préjudiciable pour l’emploi et le mode de vie. Et tant pis si les clichés prennent le pas sur la complexité réelle de la situation. Partant de cette constatation, on peut imaginer qu’à Séville la priorité soit donnée aux décisions spectaculaires plutôt qu’à la réaffirmation que l’outil principal de lutte contre l’immigration clandestine est la prévention, par nature invisible puisque c’est en amont, dans les pays d’émigration, que l’essentiel du travail doit être effectué.
Harmonisation et répression
Un premier pas a été franchi il y a quelques jours, lors d’un conseil des ministres de l’Intérieur des pays-membres lorsque la France et la Suède ont marqué leur opposition à l’idée d’établir un lien direct entre l’octroi des aides aux pays en développement et leur coopération en matière de lutte contre l’immigration clandestine. L’accent devrait donc être porté sur l’harmonisation des politiques de délivrance de visas, la lutte contre la falsification des titres, l’échange d’informations, la coopération policière, la gestion des frontières communautaires, l’harmonisation des législations sur les étrangers et la politique de retour. Enfin, dernier volet, la répression des citoyens de l’Union, trafiquants et employeurs, qui favorisent l’immigration clandestine achèvera le bouclage du dispositif.
Le sommet de Séville sera marqué, à l’image de toutes les grandes réunions internationales de ces dernières années, par le rassemblement des organisations dites «alternatives», en l’occurrence opposées au projet d’une libéralisation accrue des marchés qui s’accompagne d’un contrôle vigilants des gens. Avec toutes les dérives connexes envisageables, telles que la prise de libertés à l’égard des formes légales ou l’adoption de procédures exceptionnelles pour surveiller, détenir, ficher, expulser sans discrimination hommes, femmes et enfants. Plusieurs organisations non-gouvernementales, parmi lesquelles Amnesty International et Human Rights Watch sont sur la brèche.
De glissements en dérapages, le risque devient de plus en plus important dans cette forteresse européenne en construction d’assimiler «l’autre», immigré légal, clandestin ou demandeur d’asile, à un voleur de travail dès lors qu’il est différent et qu’il ne dispose pas d’une carte de crédit internationale. L’autre risque, si les Européens persistent dans cette voie, c’est qu’ils y perdent leur âme. Conscients de cette dimension, les états-membres ne négligeront pas de rappeler les contraintes démocratiques de l’exercice auquel ils se livrent. Mais, encore une fois, le message qu’ils délivreront aura pour principal destinataire l’opinion publique de l’Union.
par Georges Abou
Article publié le 18/06/2002