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Union européenne

Immigration illégale : les Quinze divisés

Si la réunion, la semaine dernière à Luxembourg, des ministres de l’Intérieur des Quinze a été couronnée de succès avec l’adoption d’un plan de lutte contre l’immigration illégale, les chefs de la diplomatie n’ont en revanche pas réussi à accorder leur violon quant à de possibles sanctions économiques contre les pays d’origine ou de transit des clandestins. Ce projet de sanctions, déposé par la présidence espagnole, sera transmit en l’état au sommet européen de Séville et ce sont les chefs d’Etat qui devront soit l’adopter, soit le rejeter.
Les Européens, soucieux de couper l’herbe sous le pied des mouvements populistes et xénophobes, sont tous d’accords pour s’attaquer au dossier de l’immigration clandestine. Un plan de lutte contre ce fléau, qui propose des mesures concrètes comme la mise en œuvre d’un réseau d’information intranet sur les faux documents ou encore des programmes communs de formation des garde-frontières, a déjà été adopté par les ministres de l’Intérieur des Quinze. Il doit être entériné au Sommet de Séville.

Les ministres des Affaires étrangères des Quinze ne sont en revanche pas parvenus à dégager un accord sur la proposition espagnole de subordonner les aides de l’UE aux pays d’origine des migrants à leur action contre les filières d’immigration clandestine. De profondes divergences sont en effet apparus lundi lors de cette deuxième rencontre préparatoire au sommet de Séville.

Le point le plus controversé concerne une clause de «coopération sur la gestion commune des flux migratoires» dans les accords conclu entre l’UE et les pays tiers. En cas de non respect de cette clause, les Quinze auraient la possibilité de suspendre purement et simplement les accords de coopération. Dans le même esprit, l’UE se réserverait la possibilité de réviser les crédits attribués aux pays ne coopérant pas suffisamment à son goût.

Vers une Europe forteresse ?

Si l’Espagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et dans une moindre mesure l’Allemagne –des pays où l’immigration clandestine est importante- ne voient pas d’inconvénient à ce que «l’UE se réserve le droit de réviser sa coopération» avec les pays tiers, d’autres pays comme la Suède et la France estiment cette position inadéquate. Stockholm refuse en effet d’établir «un lien direct» entre des sanctions et l’application des mesures de lutte contre l’immigration illégale.

La France juge quant à elle que ces sanctions ne seront «ni très utiles, ni très positives». Elle fait valoir que «cette politique ne fera qu’atteindre les pays les plus défavorisés». Il est en effet hors de question pour Paris de «faire l’impasse sur la politique de coopération et de développement de l’UE». Une position que le Luxembourg, la Finlande et le Portugal semblent également partager.

Alors que le sommet de Séville doit déboucher sur une vision commune concernant les problèmes d’immigration, de plus en plus de voix s’élèvent contre «la mentalité forteresse de l’UE». Mary Robinson, le Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, a ainsi dénoncé «la mentalité très protectrice à l’intérieur de l’Europe et l’indécence qui se fait jour dans le langage utilisé pour parler des demandeurs d’asile et des immigrés».



par Mounia  Daoudi

Article publié le 17/06/2002