Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Union européenne

Pêcheur : une espèce en danger

La Commission européenne souhaite une flotte communautaire plus petite mais viable. A l’appui de sa proposition de réduire la flotte de pêche européenne de 8 600 navires et d’environ 28 000 emplois d’ici 2006 la Commission met en avant sa faible rentabilité qui conduit à la surexploitation de ressources en poissions se raréfiant. Plusieurs Etats-membres du sud de l’Europe protestent et préparent des contre-propositions.
Présentant au nom de la Commission européenne son projet de réforme de la politique commune de la pêche (PCP), Franz Fischler a bien pris soin de préciser qu’il était «ami de la pêche et des pêcheurs». La réforme drastique de la politique de l’UE en ce domaine se donne pour objectif d’éviter son déclin progressif en allant vers une flotte communautaire plus petite, mais viable et rentable. Plusieurs facteurs militent, selon la Commission européenne, en faveur d’une réduction de la flotte européenne évaluée à 97 000 navires et employant 260 000 personnes, la troisième au monde après la Chine et le Pérou. D’ici 2006 il faudrait désarmer 8 600 navires et diminuer les effectifs d’environ 28 000 pêcheurs au rythme de 7 000 par an.

Actuellement la flotte européenne est trop nombreuse ce qui entraîne, sur le plan économique, une diminution de la rentabilité, à l’origine de pertes d’emploi massives au cours des dernières années et des faibles revenus des pêcheurs. L’offre européenne n’est plus adaptée aux besoins du marché, en raison de l’émergence des chaînes de supermarchés devenus les principaux acheteurs des produits de la pêche et qui exigent une régularité d’approvisionnement. De plus, les consommateurs se détournent du poisson frais pour les produits transformés et les plats cuisinés. Résultats, environ 60% de la consommation européenne de poisson est importée.

L’Europe du Sud contre-attaque

Pour compenser la faible rentabilité de leur travail, les pêcheurs ont tendance à intensifier leurs prises ce qui a pour effet la raréfaction des espèces et la mise en danger des écosystèmes. Ainsi, Franz Fischler évalue à 60% la baisse des stocks de cabillaud de la mer du Nord en vingt ans. La proposition est de fixer des plans de gestion pluriannuels des stocks au sein du Conseil Pêche de l’Union européenne, en vue de leur reconstitution.

Bien sûr la Commission européenne prévoit des financements pour la démolition de la flotte excédentaire et la reconversion des pêcheurs. L’annonce de la réforme de la PCP a cependant déclenché la colère immédiate des pays du sud de l’Europe et riverains de la Méditerranée où le secteur de la pêche, même s’il contribue peu à la richesse nationale en termes de PIB, n’en représente pas moins un secteur social important.

D’après les estimations de Bruxelles, l’Italie serait le pays le plus touché par la réduction de la flotte, suivie par l’Espagne et la France. L’Irlande, le Danemark, la Grande-Bretagne et les Pas-bas seraient également concernés. Mais aussi, dans une moindre mesure, la Grèce et le Portugal. La violence de la réaction dépend toutefois de l’impact économique et social relatif à chaque pays. Ainsi, la Suède verrait disparaître plus de la moitié du tonnage de sa flotte, mais la pêche ne pèse que très peu dans l’économie de ce pays.

C’est pourquoi en tête de la rébellion contre la proposition de la Commission européenne on trouve l’Italie, qui prépare une riposte commune avec le Portugal, la France, l’Espagne, la Grèce et l’Irlande. Cette contre-proposition en cours prend en compte les différences substantielles entre les pêcheurs de la mer du Nord et ceux de la Méditerranée et table sur la modernisation de la flotte de pêche.



par Francine  Quentin

Article publié le 30/05/2002