Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Union européenne

L’Europe du sud s’oppose au plan pêche

L'affrontement nord-sud au sein de l'Union européenne sur le projet de réforme de la politique commune de la pêche ne fait que commencer. De longues négociations sont à prévoir d'ici janvier 2003 sur la réduction de la flotte européenne afin de la rendre viable économiquement et durable sur le plan écologique.
Les propositions du commissaire européen à l'agriculture Franz Fischler de retirer 8 600 navires de la flotte de pêche européenne ont eu pour effet immédiat de constituer, lors de la rencontre des ministres de la pêche des Quinze, un front des pays du sud de l'Europe contre la réforme de la PCP. En Italie, Espagne, Grèce, France, Portugal et en Irlande, le secteur de la pêche conserve une importance économique et sociale qui explique le refus des gouvernements d’entériner une mesure de réduction de la flotte menaçant 28 000 emplois et l’équilibre de régions entières. Si personne ne conteste vraiment la nécessité de restructurer les pêches européennes, les modalités pour y parvenir divisent.

Face à cette Europe du Sud, favorable au maintien d’une pêche encore largement artisanale mais peu rentable en raison de la diminution des ressources en poissons, on trouve les pays d’Europe du Nord. Parmi ceux-là, les pays qui n’ont pas d’accès à la mer et ne sont donc pas concernés par les retombées sociales du projet, comme l’Autriche ou le Luxembourg, et les pays où la pêche n’a pas une grande importance économique, bien qu’ils soient, et parfois lourdement, touchés par le plan de démolition de navires, comme le Danemark, l’Allemagne ou la Suède. A cela s’ajoute la sensibilité traditionnellement plus grande des pays nordiques aux questions écologiques. Et, dans ce cas précis, les associations écologistes apportent leur soutien à la Commission européenne en faveur d’un plan de lutte contre la «surpêche».

Six mois pour aboutir


Le commissaire européen a beau appeler à un «débat objectif» sur une réforme de la politique commune de la pêche «qui s’impose», l’ampleur des sacrifices demandés aux uns et aux autres justifie la tension qui préside aux discussions. D’après les estimations de Bruxelles, l’Italie serait le pays le plus touché par le retrait d’une partie de la flotte européenne avec près de 3 000 navires concernés soit plus de 18% de sa flotte. L’Espagne, avec plus de 1 300 navires à retirer, et la France près de 1 000 navires, soit 20% du tonnage français sont également atteints de même que l’Irlande avec la disparition programmée du tiers de sa flotte. A l’inverse la Suède accepterait sans sourciller le retrait de 62% de sa flotte.

Les opposants à la réforme mettent en avant des mesures moins douloureuses comme le contrôle des quantités et des espèces pêchées par les navires européens dans les eaux de l’Union européenne comme dans les eaux internationales. C’est d’ailleurs ce que les ministres de la pêche des Quinze ont encore tenté de faire, mardi à Luxembourg, pour réguler, par le biais de quotas et de permis, la pêche des poissons d’eaux profondes pour protéger la ressource.

Mais Franz Fischler ne croit guère à cette manière de lutter contre la raréfaction des espèces : «Dans le passé, a-t-il dit, nous avons tenté de remédier à cette situation en adaptant le système mais le vrai problème est que le système n’est pas bon et ne peut pas durer». Les six mois qui restent jusqu’à janvier 2003 date prévue pour l’entrée en vigueur de la réforme de la PCP ne seront pas de trop pour parvenir à un accord entre le Quinze. Même si une majorité qualifiée et pas l’unanimité est théoriquement suffisante.



par Francine  Quentin

Article publié le 12/06/2002