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Football

Secousses à la Fédération française

La désastreuse campagne asiatique de l’équipe de France provoque depuis quelques jours une série de secousses au sein des instances fédérales. Le président de la Fédération Claude Simonet est en première ligne.
Fortement déstabilisé par le piteux échec des «Bleus» en Corée du Sud, par le départ – qui n’en est pas tout à fait un car il reste au sein de la direction technique nationale - de Roger Lemerre et la bataille pour lui désigner un successeur, le football français doit désormais faire face à la fronde des clubs amateurs qui réclament plus d’argent du monde professionnel.

Les lendemains de défaites sont propices à tous les déballages, publics et non publics. Le football français n’y échappe pas. Après la crise de la préparation de l’équipe de France, du jeu pratiqué pendant la Coupe du monde et du comportement des joueurs et celui de leur encadrement, on parle désormais gros sous. Cela a commencé avec le montant – tenu secret – des indemnités à verser à Roger Lemerre, déchargé de sa fonction de sélectionneur-entraîneur de l’équipe nationale. Certains ont parlé d’environ un million d’euros. Puis s’est poursuivi avec les révélations du Journal du Dimanche affirmant que le président de la fédération, au soir de la défaite lors du match d’ouverture contre le Sénégal, aurait royalement traité quatre convives à sa table, la facture représentant la très coquette somme de sept mille euros.

Quand la façade se lézarde, quand la vitrine se brise, inéluctablement chacun pose la question de savoir qui va payer la facture. Le président de la fédération est la cible toute trouvée d’autant que la note de frais est corsée. Cette campagne «anti-establishment» traduit plus profondément, les inquiétudes de tout le football qui, pour diverses raisons, sait que la période des vaches grasses est probablement terminée. Si le gâteau diminue, chaque part est condamnée à rétrécir. Le nouveau président de la Ligue professionnelle, Frédéric Thiriez ne dit pas autre chose: «la situation économique des clubs professionnels n’est pas très florissante; l’endettement s’est accru et les perspectives financières, à l’échéance des contrats de télévision en 2004 sont assez inquiétantes».

Nul ne sait quelle sera la réaction du public

Les catastrophes n’ont cessé de s’accumuler ces dernières semaines: élimination de l’équipe de France, chute de la maison Vivendi qui doit avoir des répercussions sur la chaîne de télévision à péage Canal+ dont on évoque la cession à de nouveaux propriétaires. Canal+ a longtemps été le premier pourvoyeur de fonds de la fédération et des clubs et détient 90% du capital du Paris Saint-Germain. Les dirigeants de la chaîne ont déjà fait savoir qu’au terme du contrat qui les lie au football français, il ne leur sera plus possible de consacrer autant d’argent au football et qu’il faudra tout renégocier à la baisse. Par ailleurs, personne ne sait ni comment les annonceurs vont réagir, ni surtout quelle sera la réaction du public.

On a déjà noté que les femmes, en France, avaient déserté le petit écran après la défaite face au Danemark. Spectacle consensuel, l’élimination prématurée des «Bleus» a, peut-être mis un terme aussi à l’idée de spectacle familial qui avait accompagné la victoire de 1998. Devant le flou que représente l’avenir, on perçoit assez bien l’inquiétude des moins bien lotis, les amateurs, qui redoutent de faire les frais d’un bâtiment chancelant. Le football d’en-haut souffrira, mais le football d’en-bas davantage encore.

La situation risque de se prolonger pendant plusieurs mois, le temps que le championnat reprenne et que l’équipe de France entame les éliminatoires de l’Euro 2004. D’ici là, les dirigeants vont se retrouver sur la sellette à intervalles réguliers. Ceux qui ont rêvé à la deuxième étoile de champion se retournent contre ceux qui ont alimenté leurs rêves. Il faut des coupables à cette formidable désillusion. Un climat délétère s’est insinué. Seule une cascade de résultats positifs du onze national et des clubs dans les compétitions européennes pourra inverser la tendance qui veut que tout va mal. Chacun des groupes concernés va devoir se retrousser les manches et se remettre au travail. Pour autant secousse n’équivaut pas encore à séisme.



par Gérard  Dreyfus

Article publié le 08/07/2002