Congo démocratique
Accord signé entre le Rwanda et la RDC
Joseph Kabila et Paul Kagame ont signé ce mardi à Pretoria en Afrique du sud un accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. La semaine dernière un protocole d'accord a été préparé par les représentants des deux pays.
De notre envoyée spéciale à Pretoria
Paul Kagamé, le président rwandais, et Joseph Kabila, son homologue congolais, ne se sont pas regardés pendant la cérémonie de signature de l’accord de paix entre leur deux pays, le 30 juillet à Pretoria. Ils se sont brièvement souri et serré la main, après avoir paraphé le document, qui prévoit le retrait des troupes rwandaises de la République démocratique du Congo (RDC), fortes de 20 000 à 30 000 hommes, de même que le rapatriement au Rwanda des ex-Forces armées rwandaises (FAR), les miliciens hutus qui se trouvent en territoire congolais.
Le chef de l’État sud-africain Thabo Mbeki aura réussi, avec quelques plaisanteries, à détendre l’atmosphère qui planait dans la salle de sa résidence officielle, à Pretoria. L’Afrique du Sud, il est vrai, peut se réjouir. Pour elle, cet accord est une victoire diplomatique de taille. En principe, il met fin à quatre années d’un conflit qui a fait plus de deux millions de morts, et qui a déstabilisé toute l’Afrique des Grands Lacs en impliquant plusieurs pays. L’Angola, la Namibie et le Zimbabwe ont soutenu militairement Kinshasa, tandis que l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi ont appuyé divers groupes rebelles congolais. Après un long processus de négociation, qui a ponctué le sommet de l’Union africaine, au début du mois à Durban, d’une rencontre entre Paul Kagamé et Joseph Kabila, les principaux obstacles à la paix dans la région des Grands Lacs sont a priori levés.
Reste à savoir si l’entente signée à Pretoria ne restera pas lettre morte, comme avant elle le cessez-le-feu obtenu des bélligérants à Lusaka, en juillet 1999. Contrastant avec le lyrisme de Jacob Zuma, le vice-président sud-africain, qui s’est réjoui du «grand pas en avant fait vers la renaissance africaine», les deux signataires ne se sont pas caché la difficulté de la mise en oeuvre de leur plan de paix.
«S’il y avait un quelconque échec dans l’application de cet accord, a averti Joseph Kabila, ce ne serait nullement la responsabilité du gouvernement congolais». L’homme fort de Kinshasa a insisté sur la détermination de son pays à «vivre en harmonie avec les neuf pays avec lesquels nous partageons des frontières». Paul Kagamé, de son côté, a pris la communauté internationale à parti. «Puisque certains de ses membres font historiquement partie de notre problème, ils ne peuvent pas échapper à la responsabilité de faire aussi partie de la solution», a-t-il déclaré. A son avis, la réussite de l’accord dépend largement de l’arrêt de tout soutien étranger aux milices Interhamwe, qui se trouvent dans l’Est de la RDC.
Concrètement, les deux pays se sont donné trois mois pour accomplir leur mission. Une tierce partie, formée par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et le président par intérim de la Commission de l’Union Africaine (UA), Amara Essy, veilleront au bon déroulement du processus. Tous les mois, une réunion évaluera l’avancement du retrait des militaires rwandais et du rapatriement des milices Interhamwe.
Jouer la carte militaire
D’ores et déjà, la mise en oeuvre de cet accord butte sur l’absence de solution politique interne à la RDC. Joseph Kabila, encore aux prises avec les rebelles congolais, n’a pu s’engager à Pretoria que sur «les 6 000 hommes désarmés qui vivent en tant que réfugiés dans les zones contrôlées par le gouvernement congolais». Paul Kagamé, lui, entend continuer de «jouer la carte militaire» pour les autres, pas moins de 14 000 hommes. Une affirmation qui contredit sa promesse de retrait militaire de la RDC.
Sur la question délicate de l’avenir de ces miliciens hutus au Rwanda, où ils sont accusés d’avoir participé au génocide de 1994, Paul Kagamé et Joseph Kabila ont livré quelques éclaircissements. «Il est possible, a déclaré Paul Kagamé, que les dirigeants de ces groupes soient impliqués dans le génocide.» Alors, a-t-il indiqué, «la justice suivra son cours». Quant au gros des troupes, il pourra être «réintégré», a-t-il affirmé. «Nous assurons que si ces hommes ne sont soutenus par personne, nous leur demanderons de faire un choix. S’il veulent revenir au pays, nous les intégrerons. S’ils ont peur, nous pourrons trouver un mécanisme pour leur assurer que rien ne leur arrivera. S’ils ne veulent toujours pas venir, nous trouverons où les placer et faire en sorte qu’ils ne causent pas de problème au Rwanda». Joseph Kabila, lui, a déclaré que «la force serait utilisée en cas d’échec de la persuasion», pour convaincre les miliciens se trouvant dans les zones contrôlées par Kinshasa de retourner au Rwanda, ou d’aller dans des «zones désignées». Le plus dur, manifestement, reste à faire.
Paul Kagamé, le président rwandais, et Joseph Kabila, son homologue congolais, ne se sont pas regardés pendant la cérémonie de signature de l’accord de paix entre leur deux pays, le 30 juillet à Pretoria. Ils se sont brièvement souri et serré la main, après avoir paraphé le document, qui prévoit le retrait des troupes rwandaises de la République démocratique du Congo (RDC), fortes de 20 000 à 30 000 hommes, de même que le rapatriement au Rwanda des ex-Forces armées rwandaises (FAR), les miliciens hutus qui se trouvent en territoire congolais.
Le chef de l’État sud-africain Thabo Mbeki aura réussi, avec quelques plaisanteries, à détendre l’atmosphère qui planait dans la salle de sa résidence officielle, à Pretoria. L’Afrique du Sud, il est vrai, peut se réjouir. Pour elle, cet accord est une victoire diplomatique de taille. En principe, il met fin à quatre années d’un conflit qui a fait plus de deux millions de morts, et qui a déstabilisé toute l’Afrique des Grands Lacs en impliquant plusieurs pays. L’Angola, la Namibie et le Zimbabwe ont soutenu militairement Kinshasa, tandis que l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi ont appuyé divers groupes rebelles congolais. Après un long processus de négociation, qui a ponctué le sommet de l’Union africaine, au début du mois à Durban, d’une rencontre entre Paul Kagamé et Joseph Kabila, les principaux obstacles à la paix dans la région des Grands Lacs sont a priori levés.
Reste à savoir si l’entente signée à Pretoria ne restera pas lettre morte, comme avant elle le cessez-le-feu obtenu des bélligérants à Lusaka, en juillet 1999. Contrastant avec le lyrisme de Jacob Zuma, le vice-président sud-africain, qui s’est réjoui du «grand pas en avant fait vers la renaissance africaine», les deux signataires ne se sont pas caché la difficulté de la mise en oeuvre de leur plan de paix.
«S’il y avait un quelconque échec dans l’application de cet accord, a averti Joseph Kabila, ce ne serait nullement la responsabilité du gouvernement congolais». L’homme fort de Kinshasa a insisté sur la détermination de son pays à «vivre en harmonie avec les neuf pays avec lesquels nous partageons des frontières». Paul Kagamé, de son côté, a pris la communauté internationale à parti. «Puisque certains de ses membres font historiquement partie de notre problème, ils ne peuvent pas échapper à la responsabilité de faire aussi partie de la solution», a-t-il déclaré. A son avis, la réussite de l’accord dépend largement de l’arrêt de tout soutien étranger aux milices Interhamwe, qui se trouvent dans l’Est de la RDC.
Concrètement, les deux pays se sont donné trois mois pour accomplir leur mission. Une tierce partie, formée par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et le président par intérim de la Commission de l’Union Africaine (UA), Amara Essy, veilleront au bon déroulement du processus. Tous les mois, une réunion évaluera l’avancement du retrait des militaires rwandais et du rapatriement des milices Interhamwe.
Jouer la carte militaire
D’ores et déjà, la mise en oeuvre de cet accord butte sur l’absence de solution politique interne à la RDC. Joseph Kabila, encore aux prises avec les rebelles congolais, n’a pu s’engager à Pretoria que sur «les 6 000 hommes désarmés qui vivent en tant que réfugiés dans les zones contrôlées par le gouvernement congolais». Paul Kagamé, lui, entend continuer de «jouer la carte militaire» pour les autres, pas moins de 14 000 hommes. Une affirmation qui contredit sa promesse de retrait militaire de la RDC.
Sur la question délicate de l’avenir de ces miliciens hutus au Rwanda, où ils sont accusés d’avoir participé au génocide de 1994, Paul Kagamé et Joseph Kabila ont livré quelques éclaircissements. «Il est possible, a déclaré Paul Kagamé, que les dirigeants de ces groupes soient impliqués dans le génocide.» Alors, a-t-il indiqué, «la justice suivra son cours». Quant au gros des troupes, il pourra être «réintégré», a-t-il affirmé. «Nous assurons que si ces hommes ne sont soutenus par personne, nous leur demanderons de faire un choix. S’il veulent revenir au pays, nous les intégrerons. S’ils ont peur, nous pourrons trouver un mécanisme pour leur assurer que rien ne leur arrivera. S’ils ne veulent toujours pas venir, nous trouverons où les placer et faire en sorte qu’ils ne causent pas de problème au Rwanda». Joseph Kabila, lui, a déclaré que «la force serait utilisée en cas d’échec de la persuasion», pour convaincre les miliciens se trouvant dans les zones contrôlées par Kinshasa de retourner au Rwanda, ou d’aller dans des «zones désignées». Le plus dur, manifestement, reste à faire.
par Sabine Cessou
Article publié le 30/07/2002