Congo démocratique
Le marché du sexe attise l’épidémie de sida
Au moment où se tient la conférence mondiale de Barcelone sur le sida, Catherine Ninin s’est rendue en RD Congo où quelques organisations humanitaires tentent de faire de la prévention auprès des prostituées.
De notre envoyée spéciale en République démocratique du Congo
Ecoutez le magazine Reporter de Catherine Ninin (durée 20 minutes)
Quarante cents de dollar soit 35 centimes de nos euros, c’est le tarif d’une nuit passée dans les bras d’une prostituée de 12 ans sur les routes du nord-Kivu, à l’est du Congo démocratique. A ce prix, c’est du sexe sans préservatif, du sexe à haut risque pour le client camionneur comme pour l’enfant qui n'a pas d’autre choix pour survivre que de vendre son corps. Elles sont ainsi des milliers, voire des centaines de milliers, que la faim livre à la proie des hommes dans ce pays déchiré par la guerre.
A Goma, en bordure du lac Kivu, que l’irruption du volcan en janvier dernier a ravagé par une immense coulée de lave, il existe plusieurs quartiers populaires, comme Birere où s’entassent aujourd’hui les plus pauvres dans des baraques en bois. C’est là que vivent ces professionnelles du sexe, les PS comme on les appelle… Elles sont toutes mineures et, bien sûr, ne vont plus à l’école, certaines ont déjà des enfants, certaines aussi sont séropositives…
Moussa, un jeune homme de 24 ans qui a fondé une association «Hanga na sida» - «Attention au sida» en langue swahili - fait du porte-à-porte dans le quartier pour parler des ravages du sida et distribuer des capotes. C’est lui notre guide dans ce quartier si mal famé où dès 18 heures, ces jeunes filles désarmantes de gentillesse, s’apprêtent pour aller haranguer le client dans les boites de la villes, une tournée qui les mènera épuisées jusqu’à l’aube, sans même peut-être rapporter quelques francs congolais pour payer le loyer de la chambre.
A Kinshasa, capitale tentaculaire en pleine décrépitude, la misère côtoie aussi la prostitution. Dans la rue, dans les bars, les hôtels et même dans les cimetières, on retrouve les mêmes gamines, celles qui vivent dans la rue, les Kinois les appellent «faseurs». Médecins sans frontières a engagé depuis plusieurs années un programme pour soutenir ces «PS», les soigner et les sensibiliser au VIH/sida. A l’hôtel BDB, une vingtaine d’entre elles sont réunies. Elles s’initient au maniement du préservatif sur un pénis en bois, éclats de rire et leçons bien apprises grâce à Bayard et Mama Pemba , les volontaires de MSF.
Enfin au cœur de tout cela, Nathalie et Héritier, respectivement 12 ans et 15 ans, elle se prostitue, lui la protège, c’est son «Love», son «homme sûr», ils vivent sur les trottoirs de Kinshasa et ils s’aiment, disent-ils, pour longtemps.
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Quarante cents de dollar soit 35 centimes de nos euros, c’est le tarif d’une nuit passée dans les bras d’une prostituée de 12 ans sur les routes du nord-Kivu, à l’est du Congo démocratique. A ce prix, c’est du sexe sans préservatif, du sexe à haut risque pour le client camionneur comme pour l’enfant qui n'a pas d’autre choix pour survivre que de vendre son corps. Elles sont ainsi des milliers, voire des centaines de milliers, que la faim livre à la proie des hommes dans ce pays déchiré par la guerre.
A Goma, en bordure du lac Kivu, que l’irruption du volcan en janvier dernier a ravagé par une immense coulée de lave, il existe plusieurs quartiers populaires, comme Birere où s’entassent aujourd’hui les plus pauvres dans des baraques en bois. C’est là que vivent ces professionnelles du sexe, les PS comme on les appelle… Elles sont toutes mineures et, bien sûr, ne vont plus à l’école, certaines ont déjà des enfants, certaines aussi sont séropositives…
Moussa, un jeune homme de 24 ans qui a fondé une association «Hanga na sida» - «Attention au sida» en langue swahili - fait du porte-à-porte dans le quartier pour parler des ravages du sida et distribuer des capotes. C’est lui notre guide dans ce quartier si mal famé où dès 18 heures, ces jeunes filles désarmantes de gentillesse, s’apprêtent pour aller haranguer le client dans les boites de la villes, une tournée qui les mènera épuisées jusqu’à l’aube, sans même peut-être rapporter quelques francs congolais pour payer le loyer de la chambre.
A Kinshasa, capitale tentaculaire en pleine décrépitude, la misère côtoie aussi la prostitution. Dans la rue, dans les bars, les hôtels et même dans les cimetières, on retrouve les mêmes gamines, celles qui vivent dans la rue, les Kinois les appellent «faseurs». Médecins sans frontières a engagé depuis plusieurs années un programme pour soutenir ces «PS», les soigner et les sensibiliser au VIH/sida. A l’hôtel BDB, une vingtaine d’entre elles sont réunies. Elles s’initient au maniement du préservatif sur un pénis en bois, éclats de rire et leçons bien apprises grâce à Bayard et Mama Pemba , les volontaires de MSF.
Enfin au cœur de tout cela, Nathalie et Héritier, respectivement 12 ans et 15 ans, elle se prostitue, lui la protège, c’est son «Love», son «homme sûr», ils vivent sur les trottoirs de Kinshasa et ils s’aiment, disent-ils, pour longtemps.
par Catherine Ninin
Article publié le 11/07/2002