Congo démocratique
L’ONU tient le RCD pour responsable des massacres à Kisangani
Mary Robinson, haut commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, a rendu un rapport au Conseil de sécurité de l’ONU dans lequel elle évoque des massacres perpétrés par les miliciens du mouvement rebelle, Rassemblement congolais pour la démocratie, RCD-Goma. Ces massacres auraient fait suite à un soulèvement manqué le 14 mai 2002.
Les autorités de RCD-Goma, soutenus par le Rwanda, sont clairement désignés par Mary Robinson comme responsables du massacre de près de deux cent personnes à Kisangani et dans ses environs. Une mutinerie au sein du mouvement rebelle avait opposé des soldats qui se disaient Congolais à d’autres du même rang, mais qu’ils qualifiaient de «Rwandais». Les premiers, en s’emparant d’une radio, appelaient d’ailleurs la population à combattre partout les «envahisseurs rwandais». La mutinerie a finalement été matée, et les soldats «loyalistes» envoyés en renfort de Goma, ville frontalière du Rwanda et siège du RCD, ont repris le contrôle de Kisangani. La mutinerie et le rétablissement de l’ordre ont fait une vingtaine de morts, selon les autorités du RCD-Goma, pour la plupart dans le camp des mutins. Selon ces mêmes autorités il y aurait eu des massacres de populations civiles rwandophones.
Un premier constat d’un émissaire du Haut commissariat aux droits de l’homme avait établi que ces massacres ont fait suite à l’appel des mutins sur les ondes. Les responsabilités n’étant pas clairement établies, les événements ont été diversement interprétés. Pour les uns, leur réaction a été salvatrice parce qu’elle a «stoppé un début de conflit ethnique» et pour les autres la riposte a plutôt donné lieu à des règlements de compte. Mary Robinson abonde dans le même sens en fustigeant les réactions démesurées des autorités de Kisangani appuyées par des troupes venues de Goma. «Le RCD-Goma a brutalement calculé ses interventions et sa répression pour punir collectivement la population, soldats et policiers compris, avec pour but d’étouffer les protestations contre son oppression et son alliance avec les troupes rwandaises présentes dans la région» précise le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.
Accroître les moyens et la mission de la MONUC
Mary Robinson redoute par ailleurs une détérioration de la situation à Kisangani, et demande au Conseil de sécurité «d’identifier la manière d’assurer une protection effective des civils en RDC». Elle souhaite que les moyens supplémentaires soient accordés à la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo, la MONUC, pour qu’elle remplisse effectivement une tâche de protection et de maintien de l’ordre à Kisangani. Les six cent hommes de la MONUC assurent pour l’instant une mission de surveillance des deux aéroports de Kisangani. Le RCD-Goma rejette les conclusions de Mary Robinson qui ne «correspondent pas à la réalité». Selon le mouvement rebelle, le pouvoir de Kinshasa multiplie des opérations de déstabilisation des régions qui échappent à son contrôle depuis l’échec du dialogue intercongolais de Sun City en février 2002.
Joseph Kabila voulait prendre la tête d’une coalition qui piloterait la transition vers une nouvelle république et des élections libres. Cependant l’accord n’a reçu que l’aval du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. Et au moment où des négociations directes ont repris entre Joseph Kabila et Paul Kagame, le président du Rwanda, Jean-Pierre Bemba du MLC s’éloigne de plus en plus des termes de l’accord conclu avec le pouvoir de Kinshasa. Le MLC se retranche alors sur ses bases dans la région de l’Equateur, rompant de fait l’isolement du RCD-Goma. Mais faute de faire l’unanimité sur le plan national congolais, Joseph Kabila récolte les bons points des organisations internationales. James Wolfensohn, le président de la Banque mondiale, en visite à Kinshasa, félicite le gouvernement congolais pour ses résultats économiques satisfaisants en même temps qu’il annonce avoir introduit une demande d’annulation de plus de 80% de la dette de 12 milliards de dollars de la République démocratique du Congo.
Pour les mouvements rebelles, les organisations internationales ne prennent pas en compte la dimension politique du conflit congolais et s’obstinent à être plus à l’écoute de «l’occupant de la capitale» qui n’est pas plus légitime qu’eux.
Ecouter également :
Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, interrogée par Monique Mas.
Un premier constat d’un émissaire du Haut commissariat aux droits de l’homme avait établi que ces massacres ont fait suite à l’appel des mutins sur les ondes. Les responsabilités n’étant pas clairement établies, les événements ont été diversement interprétés. Pour les uns, leur réaction a été salvatrice parce qu’elle a «stoppé un début de conflit ethnique» et pour les autres la riposte a plutôt donné lieu à des règlements de compte. Mary Robinson abonde dans le même sens en fustigeant les réactions démesurées des autorités de Kisangani appuyées par des troupes venues de Goma. «Le RCD-Goma a brutalement calculé ses interventions et sa répression pour punir collectivement la population, soldats et policiers compris, avec pour but d’étouffer les protestations contre son oppression et son alliance avec les troupes rwandaises présentes dans la région» précise le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.
Accroître les moyens et la mission de la MONUC
Mary Robinson redoute par ailleurs une détérioration de la situation à Kisangani, et demande au Conseil de sécurité «d’identifier la manière d’assurer une protection effective des civils en RDC». Elle souhaite que les moyens supplémentaires soient accordés à la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo, la MONUC, pour qu’elle remplisse effectivement une tâche de protection et de maintien de l’ordre à Kisangani. Les six cent hommes de la MONUC assurent pour l’instant une mission de surveillance des deux aéroports de Kisangani. Le RCD-Goma rejette les conclusions de Mary Robinson qui ne «correspondent pas à la réalité». Selon le mouvement rebelle, le pouvoir de Kinshasa multiplie des opérations de déstabilisation des régions qui échappent à son contrôle depuis l’échec du dialogue intercongolais de Sun City en février 2002.
Joseph Kabila voulait prendre la tête d’une coalition qui piloterait la transition vers une nouvelle république et des élections libres. Cependant l’accord n’a reçu que l’aval du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. Et au moment où des négociations directes ont repris entre Joseph Kabila et Paul Kagame, le président du Rwanda, Jean-Pierre Bemba du MLC s’éloigne de plus en plus des termes de l’accord conclu avec le pouvoir de Kinshasa. Le MLC se retranche alors sur ses bases dans la région de l’Equateur, rompant de fait l’isolement du RCD-Goma. Mais faute de faire l’unanimité sur le plan national congolais, Joseph Kabila récolte les bons points des organisations internationales. James Wolfensohn, le président de la Banque mondiale, en visite à Kinshasa, félicite le gouvernement congolais pour ses résultats économiques satisfaisants en même temps qu’il annonce avoir introduit une demande d’annulation de plus de 80% de la dette de 12 milliards de dollars de la République démocratique du Congo.
Pour les mouvements rebelles, les organisations internationales ne prennent pas en compte la dimension politique du conflit congolais et s’obstinent à être plus à l’écoute de «l’occupant de la capitale» qui n’est pas plus légitime qu’eux.
Ecouter également :
Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, interrogée par Monique Mas.
par Didier Samson
Article publié le 17/07/2002