Grande-Bretagne
Les syndicats promettent à Blair une «sacrée migraine»
Le Congrès annuel de la Confédération des syndicats britanniques s’ouvre aujourd’hui à Blackpool dans le bruit et la fureur: en haut de l’agenda, la question d’une intervention en Irak à laquelle sont farouchement opposés les trade-unions, mais pas seulement; le mécontentement est général vis à vis de la politique du gouvernement et durant quatre jours les délégués réunis dans cette cité balnéaire du nord de l’Angleterre vont le faire savoir haut et clair.
De notre correspondante à Londres
«Je vais donner à Blair une migraine et une sévère», voilà Tony Blair prévenu, ses alliés traditionnels ne lui feront cette fois pas de cadeaux et surtout pas l’auteur de cette remarque Derek Simpson, le nouveau secrétaire général du syndicat Amicus, qui a d’emblée refusé un entretien en tête à tête proposé par les services du Premier ministre lors de son passage à Blackpool mardi.
La patience et la docilité des syndicats est à bout, notamment sur le dossier irakien et les délégués ont déjà préparé plusieurs motions contre toute attaque militaire contre Bagdad. Le conseil général du TUC (Trade Unions Congress) a déjà exprimé «son opposition sans ambiguïté» à toute action militaire des Etats-Unis en Irak «ou de tout autre pays sur des bases unilatérales». La Confédération souhaite voir les Nations unies jouer un rôle central pour éviter la guerre et exige des preuves de la menace de l'Irak, accusé par Londres et Washington de développer des armes de destruction massive.
Tony Blair a promis qu’un «dossier» prouvant le réarmement supposé de l'Irak serait publié dans les prochaines semaines. Ce qui est loin d’impressionner le secrétaire général du TUC, John Monks pour qui «La route est longue avant que Tony Blair puisse convaincre l'opinion en général que cela vaut la peine de faire la guerre dans cette région». Du coup, Downing Street a dimanche tenté de rassurer. «Comme le Premier ministre le dira au congrès du TUC, les Nations unies, en tant qu'institution représentant la communauté internationale, constituent le bon endroit pour traiter des questions comme celles-là» (l'Irak), a déclaré un responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat, avant de préciser toutefois: «A condition que cela ne revienne pas à différer sine die une décision».
Des syndicats lassés de jouer les faire-valoir de Tony Blair
Les syndicats ne s’y trompent d’ailleurs pas: «Il y a un sentiment évident que les Etats-Unis et le Royaume-Uni vont vers la guerre», a ainsi affirmé John Edmonds à la tête du GMB, l'un des plus importants syndicats avant d’ajouter à l’intention de Blair que plutôt que de jouer aux cow-boys, l’heure était désormais à la réflexion. Et aujourd’hui dans une interview au quotidien The Guardian, Bill Morris, du «Transport and General Workers’s Union», un des leaders syndicaux les plus respectés a dénoncé le «totalitarisme rampant» du gouvernement.
Une liberté de ton envers le Premier ministre qui en dit long sur l’état des relations entre son parti et les puissants syndicats britanniques, sans compter que la situation est des plus embarrassantes pour le Premier ministre car la Confédération qui regroupe plus de 70 syndicats représentant environ sept millions de salariés britanniques, est historiquement liée au parti travailliste de Tony Blair. Seulement voilà, depuis plusieurs années, des dissensions de plus en plus visibles entre les syndicats et le gouvernement sont apparues sur la politique de Downing Street notamment en matière de privatisation dans les transports publics, sur les retraites et sur l’entrée dans la zone euro. Au point que plusieurs trade-unions, principaux soutiens financiers du parti travailliste, avaient décidé ces derniers mois de réduire de manière spectaculaire leurs donations au Labour, avant de changer de tactique à l’appel du parti qui fait face aujourd’hui à l’une des pires crises de liquidités de son histoire. Les syndicats ont ainsi renfloué les caisses début août avec un don de 100 000 livres.
Il n’empêche, l’heure est à la défiance et aux avertissements. Le chef du TUC, John Monks, qui reproche à Tony Blair son alliance contre-nature avec le très à droite président du conseil italien Silvio Berlusconi et le conservateur espagnol José Maria Aznar, a d’ores et déjà souligné que les syndicats en ont désormais assez de jouer les faire-valoir du Premier ministre. Il a prévenu que ce mouvement contre les travailleurs pourrait remettre en question leur soutien. Une sonnette d’alarme tirée aujourd’hui par un leader très modéré et proche du 10 Downing Street qui devrait inciter Tony Blair à la plus grande prudence.
«Je vais donner à Blair une migraine et une sévère», voilà Tony Blair prévenu, ses alliés traditionnels ne lui feront cette fois pas de cadeaux et surtout pas l’auteur de cette remarque Derek Simpson, le nouveau secrétaire général du syndicat Amicus, qui a d’emblée refusé un entretien en tête à tête proposé par les services du Premier ministre lors de son passage à Blackpool mardi.
La patience et la docilité des syndicats est à bout, notamment sur le dossier irakien et les délégués ont déjà préparé plusieurs motions contre toute attaque militaire contre Bagdad. Le conseil général du TUC (Trade Unions Congress) a déjà exprimé «son opposition sans ambiguïté» à toute action militaire des Etats-Unis en Irak «ou de tout autre pays sur des bases unilatérales». La Confédération souhaite voir les Nations unies jouer un rôle central pour éviter la guerre et exige des preuves de la menace de l'Irak, accusé par Londres et Washington de développer des armes de destruction massive.
Tony Blair a promis qu’un «dossier» prouvant le réarmement supposé de l'Irak serait publié dans les prochaines semaines. Ce qui est loin d’impressionner le secrétaire général du TUC, John Monks pour qui «La route est longue avant que Tony Blair puisse convaincre l'opinion en général que cela vaut la peine de faire la guerre dans cette région». Du coup, Downing Street a dimanche tenté de rassurer. «Comme le Premier ministre le dira au congrès du TUC, les Nations unies, en tant qu'institution représentant la communauté internationale, constituent le bon endroit pour traiter des questions comme celles-là» (l'Irak), a déclaré un responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat, avant de préciser toutefois: «A condition que cela ne revienne pas à différer sine die une décision».
Des syndicats lassés de jouer les faire-valoir de Tony Blair
Les syndicats ne s’y trompent d’ailleurs pas: «Il y a un sentiment évident que les Etats-Unis et le Royaume-Uni vont vers la guerre», a ainsi affirmé John Edmonds à la tête du GMB, l'un des plus importants syndicats avant d’ajouter à l’intention de Blair que plutôt que de jouer aux cow-boys, l’heure était désormais à la réflexion. Et aujourd’hui dans une interview au quotidien The Guardian, Bill Morris, du «Transport and General Workers’s Union», un des leaders syndicaux les plus respectés a dénoncé le «totalitarisme rampant» du gouvernement.
Une liberté de ton envers le Premier ministre qui en dit long sur l’état des relations entre son parti et les puissants syndicats britanniques, sans compter que la situation est des plus embarrassantes pour le Premier ministre car la Confédération qui regroupe plus de 70 syndicats représentant environ sept millions de salariés britanniques, est historiquement liée au parti travailliste de Tony Blair. Seulement voilà, depuis plusieurs années, des dissensions de plus en plus visibles entre les syndicats et le gouvernement sont apparues sur la politique de Downing Street notamment en matière de privatisation dans les transports publics, sur les retraites et sur l’entrée dans la zone euro. Au point que plusieurs trade-unions, principaux soutiens financiers du parti travailliste, avaient décidé ces derniers mois de réduire de manière spectaculaire leurs donations au Labour, avant de changer de tactique à l’appel du parti qui fait face aujourd’hui à l’une des pires crises de liquidités de son histoire. Les syndicats ont ainsi renfloué les caisses début août avec un don de 100 000 livres.
Il n’empêche, l’heure est à la défiance et aux avertissements. Le chef du TUC, John Monks, qui reproche à Tony Blair son alliance contre-nature avec le très à droite président du conseil italien Silvio Berlusconi et le conservateur espagnol José Maria Aznar, a d’ores et déjà souligné que les syndicats en ont désormais assez de jouer les faire-valoir du Premier ministre. Il a prévenu que ce mouvement contre les travailleurs pourrait remettre en question leur soutien. Une sonnette d’alarme tirée aujourd’hui par un leader très modéré et proche du 10 Downing Street qui devrait inciter Tony Blair à la plus grande prudence.
par Muriel Delcroix
Article publié le 09/09/2002