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Côte d''Ivoire

Gbagbo refuse le cessez-le-feu, les mutins prêts à l’affrontement

Le président ivoirien Laurent Gbagbo a refusé dimanche soir de signer le projet d’accord de cessez-le-feu avec les militaires rebelles, à l’issue d’une énième rencontre avec les négociateurs ouest-africains de la CEDEAO. Cet accord, dont la signature a été repoussée à deux reprises, avait été pourtant présenté comme imminent. Sur le terrain, des affrontements ont par ailleurs opposé toute la journée de dimanche soldats de l’armée régulière et mutins dans les faubourgs de plusieurs villes du nord du pays.
Le groupe de contact de la CEDEAO, qui dimanche en fin d’après-midi croyait encore en la possibilité d’un cessez-le-feu entre forces loyalistes et rebelles ivoiriens, a dû se rendre à l’évidence et constater l’échec de sa médiation. Le président ivoirien a en effet refusé en l’état de signer un accord avec les mutins. «Pour le moment, la signature n’aura pas lieu», a ainsi confirmé le ministre togolais des Affaires étrangères, à l’issue d’une entrevue avec le chef d’Etat ivoirien. Koffi Panou a également précisé que le gouvernement ivoirien estimait qu’«il aurait fallu désarmer les assaillants avant de leur demander de signer un accord de cessez-le-feu, comme le prévoyait l’accord d’Accra». Toujours selon le chef de la diplomatie togolaise, «le président Gbagbo estime que son gouvernement est légitime et qu’il ne doit pas être considéré sur un même pied d’égalité que les rebelles».

Les médiateurs ouest-africains semblaient visiblement furieux de leur entrevue avec le chef d’Etat ivoirien. «On nous a fait tourner en bourrique pendant des jours», a notamment déclaré sous couvert de l’anonymat un ministre de la délégation en précisant qu’il n’y avait pas «le moindre signe de bonne volonté» de la part des autorités d’Abidjan. «Nous sommes venus avec les meilleures intentions», a de son côté déclaré le ministre ghanéen de la Défense en précisant que c’était désormais «le problème de la Côte d’Ivoire». Les médiateurs ouest-africains, qui ont décliné une invitation à dîner du président Gbagbo, doivent rentrer dans leurs pays respectifs pour rendre compte de la situation à leur chef d’Etat.

Peu de temps avant l’annonce du refus du président ivoirien de signer un accord avec les rebelles, un membre de l’état-major des mutins a confirmé à l’AFP qu’une trentaine de véhicules, chargés de soldats rebelles et de munitions, avait quitté dimanche après-midi Korhogo en direction de Bouaké. Ce convoi est composé notamment de jeeps et de 4x4 civils. Il a également affirmé ne pas faire confiance au président ivoirien. «Gbagbo veut nous piéger en gagnant du temps et du terrain», a-t-il notamment déclaré en précisant que les rebelles étaient prêts à aller au combat. «De toutes les manières, a-t-il ajouté, c’est la lutte finale».

Les troupes loyalistes ont repris l’offensive

La tension s’est ravivée dimanche dans le nord de la Côte d’Ivoire où plusieurs affrontements ont opposé les troupes gouvernementales aux forces rebelles qui contrôlent la totalité du nord du pays, soit environ 40% du territoire national. Des échanges de tirs ont notamment été entendus dans les faubourg de Bouaké où les mutins affirment avoir arrêté une centaine d’hommes présentés comme des «gendarmes infiltrés». Depuis dimanche matin, en effet, la présence des troupes loyalistes, qui ont reçu ces derniers jours de la Belgique pour six milliards FCFA d’armes et de véhicules blindés, semble se renforcer.

Des sources militaires françaises ont par ailleurs affirmé que des combats faisaient également rage dimanche à Sakassou, une petite localité située à 40 km au sud-ouest de Bouaké. Il semblerait donc que les forces loyalistes tentent de progresser sur différents axes sud-est et sud-ouest.

Les rebelles de leur côté, ont envoyé vers Bouaké, dans la nuit de samedi à dimanche, une quarantaine de véhicules et des renforts qui se trouvaient plus au Nord dans la région de Korhogo. L’adjudant Massamba Koné, le chef des rebelles dans cette ville du nord, a également annoncé que ces troupes avaient «violemment repoussé» une colonne d’une vingtaine de véhicules des troupes gouvernementales près de Séguéla à environ 250 km au sud de la ville.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 06/10/2002