Yémen
Versions contradictoires sur les causes de l’explosion
L’explosion qui a endommagé dimanche un pétrolier géant français a fait une victime. Le corps d’un marin bulgare a en effet été repêché près des côtes yéménites dans la matinée de mardi. Dans l’attente des résultats de l’enquête diligentée par les autorités de Sanaa et à laquelle participent des experts français, Paris refuse de se prononcer sur l’hypothèse d’un attentat. Washington, qui a proposé son assistance aux enquêteurs, semble privilégier la thèse des autorités yéménites affirmant qu’il s’agit d’un accident.
Acte terroriste ou simple accident ? Des versions contradictoires sur les causes de l’explosion qui a endommagé dimanche matin le Limburg continuaient de circuler quarante-huit heures après ce drame qui a coûté la vie à un marin bulgare. Un journaliste de l’AFP, qui a pu se rendre sur les lieux du sinistre, a confirmé qu’«une brèche assez grande pour faire passer un homme» était visible sur le flanc gauche du pétrolier français. Selon lui, le métal déchiré dans la coque du navire semblait être tourné vers l’extérieur plutôt que vers l’intérieur. Cette précision tend à confirmer la thèse des autorités yéménites selon laquelle l’explosion serait d’origine accidentelle. Un responsable du gouvernorat du Hadramout, a en effet affirmé le jour même du sinistre, qu’«un incendie s’était déclaré à l’intérieur du pétrolier suivi d’une légère explosion». Il a également précisé que près de 45 minutes plus tard, une deuxième explosion s’était produite à l’intérieur du navire suivie une heure plus tard d’une troisième plus forte à l’origine de l’énorme incendie. Les autorités américaines, qui ont proposé leur assistance aux enquêteurs, semblent elles aussi privilégier la thèse de l’accident. Un responsable du département d’Etat a en outre affirmé sous couvert de l’anonymat que des experts de l’US Navy avaient été dépêchés au Yémen et qu’«à ce stade, les indications sont que l’explosion a eu lieu à l’intérieur du bateau».
La thèse de l’accident a vivement été démentie par le commandant du Limburg. «L’explosion telle qu’elle s’est produite ne peut être due à un problème technique», a affirmé Hubert Ardillon. Selon lui en effet, le navire n’avait pas de faiblesse et était très bien entretenu. «J'écarte totalement l'hypothèse de l'accident», a-t-il insisté tout en tout en se gardant toutefois d'employer le mot «attentat». Un marin du Limburg a par ailleurs affirmé à l’AFP avoir «vu une grosse barque à moteur se diriger à toute vitesse en direction du navire, vers l'endroit où le feu s'est déclaré dans la coque». L’homme qui a souhaité conserver l'anonymat, a également précisé qu’il se trouvait alors sur la passerelle du bateau, soit à une quarantaine de mètres de la surface de l'eau. «Quand on regarde de cette hauteur vers le bas, il y a un angle mort, ce qui fait que quand j'ai vu la barque pour la dernière fois elle était à seulement une dizaine de mètres du Limburg et fonçait toujours vers la coque», a-t-il souligné tout en précisant ne pas l’avoir vu percuter le pétrolier. Prudentes, les autorités françaises ont souhaité ne pas faire de commentaires sur les causes de l’explosion qui a endommagé le Limburg. La ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a en effet déclaré mardi que le «sujet était suffisamment grave pour que l'on ne fasse pas de supputations tant qu'on n'a pas de faits concrets».
La justice antiterroriste s’est saisie de l’enquête
Une enquête préliminaire a été ouverte dès dimanche soir par la section antiterroriste du parquet de Paris pour déterminer l’origine et la nature de l’explosion. Elle a été confiée à la Direction de la surveillance du territoire et des experts du contre-espionnage français sont arrivés dans la région mardi matin. Ils ont été rejoints dans l’après-midi par des enquêteurs américains qui, avec l’accord de Paris et de Sanaa, participeront aux investigations qui doivent commencer dans la soirée. Leur arrivée coïncide avec celle à Sanaa du coordinateur américain de la lutte antiterroriste, Francis Taylor, qui a rencontré mardi le président yéménite Ali Abdallah Saleh. Cette visite n’est sans doute pas sans rapport avec l’attentat contre le destroyer américain USS Cole qui avait coûté il y a deux ans la vie à 17 militaires américains et dont les circonstances rappellent étrangement l’explosion du Limburg.
Les autorités yéménites ont par ailleurs affirmé à plusieurs reprise «leur soucis de mener une enquête minutieuse pour déterminer si les causes sont liées ou non à un acte provoqué de l’extérieur». «Qu’il soit le résultat d’une déficience technique ou d’un acte terroriste, l’incendie a de toute façon causé au Yémen un préjudice économique», a d’autre part regretté le ministre des Transports et des Affaires maritimes Saïd Yafhi. Les autorités yéménites doivent de plus faire face à la pollution qui menace depuis l’explosion qui a endommagé le Limburg. Des nappes noires s’étendant sur une vingtaine de kilomètres se rapprochent en effet dangereusement des côtes. Le pétrolier français transportait à son bord 400 000 barils de brut et un responsable yéménite a estimé qu’un quart de la cargaison avait pu s’échapper du navire qui a été remorqué mardi jusqu’au port de Ash-Shihr.
La thèse de l’accident a vivement été démentie par le commandant du Limburg. «L’explosion telle qu’elle s’est produite ne peut être due à un problème technique», a affirmé Hubert Ardillon. Selon lui en effet, le navire n’avait pas de faiblesse et était très bien entretenu. «J'écarte totalement l'hypothèse de l'accident», a-t-il insisté tout en tout en se gardant toutefois d'employer le mot «attentat». Un marin du Limburg a par ailleurs affirmé à l’AFP avoir «vu une grosse barque à moteur se diriger à toute vitesse en direction du navire, vers l'endroit où le feu s'est déclaré dans la coque». L’homme qui a souhaité conserver l'anonymat, a également précisé qu’il se trouvait alors sur la passerelle du bateau, soit à une quarantaine de mètres de la surface de l'eau. «Quand on regarde de cette hauteur vers le bas, il y a un angle mort, ce qui fait que quand j'ai vu la barque pour la dernière fois elle était à seulement une dizaine de mètres du Limburg et fonçait toujours vers la coque», a-t-il souligné tout en précisant ne pas l’avoir vu percuter le pétrolier. Prudentes, les autorités françaises ont souhaité ne pas faire de commentaires sur les causes de l’explosion qui a endommagé le Limburg. La ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a en effet déclaré mardi que le «sujet était suffisamment grave pour que l'on ne fasse pas de supputations tant qu'on n'a pas de faits concrets».
La justice antiterroriste s’est saisie de l’enquête
Une enquête préliminaire a été ouverte dès dimanche soir par la section antiterroriste du parquet de Paris pour déterminer l’origine et la nature de l’explosion. Elle a été confiée à la Direction de la surveillance du territoire et des experts du contre-espionnage français sont arrivés dans la région mardi matin. Ils ont été rejoints dans l’après-midi par des enquêteurs américains qui, avec l’accord de Paris et de Sanaa, participeront aux investigations qui doivent commencer dans la soirée. Leur arrivée coïncide avec celle à Sanaa du coordinateur américain de la lutte antiterroriste, Francis Taylor, qui a rencontré mardi le président yéménite Ali Abdallah Saleh. Cette visite n’est sans doute pas sans rapport avec l’attentat contre le destroyer américain USS Cole qui avait coûté il y a deux ans la vie à 17 militaires américains et dont les circonstances rappellent étrangement l’explosion du Limburg.
Les autorités yéménites ont par ailleurs affirmé à plusieurs reprise «leur soucis de mener une enquête minutieuse pour déterminer si les causes sont liées ou non à un acte provoqué de l’extérieur». «Qu’il soit le résultat d’une déficience technique ou d’un acte terroriste, l’incendie a de toute façon causé au Yémen un préjudice économique», a d’autre part regretté le ministre des Transports et des Affaires maritimes Saïd Yafhi. Les autorités yéménites doivent de plus faire face à la pollution qui menace depuis l’explosion qui a endommagé le Limburg. Des nappes noires s’étendant sur une vingtaine de kilomètres se rapprochent en effet dangereusement des côtes. Le pétrolier français transportait à son bord 400 000 barils de brut et un responsable yéménite a estimé qu’un quart de la cargaison avait pu s’échapper du navire qui a été remorqué mardi jusqu’au port de Ash-Shihr.
par Mounia Daoudi
Article publié le 08/10/2002