Monténégro
Milo Djukanovic plébiscité
Les partisans du président monténégrin Milo Djukanovic ont remporté une victoire sans appel aux élections législatives de dimanche. Ce succès assez largement inattendu devrait permettre aux Monténégrins de reprendre en position de force les négociations avec la Serbie.
De notre correspondant dans les Balkans
Concert de klaxons, feux d’artifice, tirs d’armes automatiques, Podgorica a commencé à fêter la victoire de la Coalition pour un Monténégro européen , dès que les premiers résultats ont été connus, dimanche soir, peu après 23 heures. Avec 48,1% des suffrages, les partisans du président Djukanovic disposeront de la majorité absolue au sein du futur Parlement. L’opposition pro-serbe est laminée, avec 39,2% des voix et 30 sièges au Parlement sur 76. Les Libéraux –des indépendantistes convaincus qui avaient choisi de s’allier avec les pro-serbes pour dénoncer la corruption et le clientélisme de l’Etat Djukanovic– ont aussi été sévèrement sanctionnés par l’électorat, et ils n’auront plus que quatre mandats dans la nouvelle assemblée.
Pour Milo Djukanovic, cette victoire est d’abord un succès personnel. Le président s’était beaucoup impliqué personnellement dans la campagne, et un éventuel échec aurait pu signifier la fin de sa carrière politique. Tout au contraire, Milo Djukanovic est désormais assuré de remporter haut la main les élections présidentielles prévues pour le 22 décembre prochain.
Le président monténégrin a savouré cette victoire comme une revanche personnelle. Courtisé par les Occidentaux lorsqu’il s’opposait au régime serbe de Slobodan Milosevic, Milo Djukanovic avait été largement abandonné par ces mêmes Occidentaux depuis la victoire des forces démocratiques en Serbie. Les diplomaties des différents pays européens n’avaient de cesse, depuis deux ans, de dénoncer les dérives mafieuses et clientélistes du pouvoir monténégrin, mais les diplomates devront à nouveau compter avec Milo Djukanovic, qui regagne une nouvelle et écrasante légitimité.
Jamais le camp unioniste n’a été aussi faible
La nostalgie yougoslave qui tenait lieu de programme à ses adversaires n’a pas su séduire les électeurs. Bien au contraire, jamais le camp unioniste n’a été aussi faible. Alors que la Serbie s’enfonce dans une crise politique dangereuse depuis l’annulation des élections présidentielles du 13 octobre dernier, le Monténégro vient de découvrir que sa vie politique se jouait désormais selon des paramètres qui ne dépendent plus de Belgrade.
Milo Djukanovic devrait pouvoir reprendre en position de force les négociations constitutionnelles sur la nouvelle Union de Serbie et du Monténégro, qui est censée remplacer l’actuelle Fédération yougoslave. Durant la campagne électorale, Milo Djukanovic avait fortement rappelé que cette Union n’avait qu’un caractère provisoire, et qu’il renonçait pas à la perspective de l’indépendance du Monténégro, au terme de la période probatoire de trois ans, prévue par l’accord signé à Belgrade le 14 mars dernier.
Milo Djukanovic s’est brièvement adressée à la presse et à ses partisans massés devant les bâtiments du gouvernement, en tirant les conclusions du scrutin : «Notre victoire est un signe envoyé à la communauté internationale... La démocratie est forte au Monténégro». Le président devrait cependant profiter du nouvel état de grâce que vienne de lui accorder les électeurs pour mettre en place un gouvernement d’ouverture, et pour rompre ses liens les plus visibles avec les réseaux criminels. Milo Djukanovic ne devrait pas hésiter à se débarrasser de ses encombrants amis, pour retrouver la confiance de la communauté internationale, mais surtout pour conserver la confiance de la population monténégrine. Il faudrait que la victoire de ce soir ne soit pas seulement celle de la continuité d’un système politique qui monopolise le pouvoir depuis des années, mais qu’elle marque véritablement un nouveau départ pour notre pays , expliquait dimanche soir quelques intellectuels indépendantistes. C’est à ce prix que l’Europe comprendra que le Monténégro représente l’une des rares sociétés démocratiques et multi-ethniques des Balkans, et qu’elle n’a aucun intérêt à soutenir l’hégémonisme serbe.
Concert de klaxons, feux d’artifice, tirs d’armes automatiques, Podgorica a commencé à fêter la victoire de la Coalition pour un Monténégro européen , dès que les premiers résultats ont été connus, dimanche soir, peu après 23 heures. Avec 48,1% des suffrages, les partisans du président Djukanovic disposeront de la majorité absolue au sein du futur Parlement. L’opposition pro-serbe est laminée, avec 39,2% des voix et 30 sièges au Parlement sur 76. Les Libéraux –des indépendantistes convaincus qui avaient choisi de s’allier avec les pro-serbes pour dénoncer la corruption et le clientélisme de l’Etat Djukanovic– ont aussi été sévèrement sanctionnés par l’électorat, et ils n’auront plus que quatre mandats dans la nouvelle assemblée.
Pour Milo Djukanovic, cette victoire est d’abord un succès personnel. Le président s’était beaucoup impliqué personnellement dans la campagne, et un éventuel échec aurait pu signifier la fin de sa carrière politique. Tout au contraire, Milo Djukanovic est désormais assuré de remporter haut la main les élections présidentielles prévues pour le 22 décembre prochain.
Le président monténégrin a savouré cette victoire comme une revanche personnelle. Courtisé par les Occidentaux lorsqu’il s’opposait au régime serbe de Slobodan Milosevic, Milo Djukanovic avait été largement abandonné par ces mêmes Occidentaux depuis la victoire des forces démocratiques en Serbie. Les diplomaties des différents pays européens n’avaient de cesse, depuis deux ans, de dénoncer les dérives mafieuses et clientélistes du pouvoir monténégrin, mais les diplomates devront à nouveau compter avec Milo Djukanovic, qui regagne une nouvelle et écrasante légitimité.
Jamais le camp unioniste n’a été aussi faible
La nostalgie yougoslave qui tenait lieu de programme à ses adversaires n’a pas su séduire les électeurs. Bien au contraire, jamais le camp unioniste n’a été aussi faible. Alors que la Serbie s’enfonce dans une crise politique dangereuse depuis l’annulation des élections présidentielles du 13 octobre dernier, le Monténégro vient de découvrir que sa vie politique se jouait désormais selon des paramètres qui ne dépendent plus de Belgrade.
Milo Djukanovic devrait pouvoir reprendre en position de force les négociations constitutionnelles sur la nouvelle Union de Serbie et du Monténégro, qui est censée remplacer l’actuelle Fédération yougoslave. Durant la campagne électorale, Milo Djukanovic avait fortement rappelé que cette Union n’avait qu’un caractère provisoire, et qu’il renonçait pas à la perspective de l’indépendance du Monténégro, au terme de la période probatoire de trois ans, prévue par l’accord signé à Belgrade le 14 mars dernier.
Milo Djukanovic s’est brièvement adressée à la presse et à ses partisans massés devant les bâtiments du gouvernement, en tirant les conclusions du scrutin : «Notre victoire est un signe envoyé à la communauté internationale... La démocratie est forte au Monténégro». Le président devrait cependant profiter du nouvel état de grâce que vienne de lui accorder les électeurs pour mettre en place un gouvernement d’ouverture, et pour rompre ses liens les plus visibles avec les réseaux criminels. Milo Djukanovic ne devrait pas hésiter à se débarrasser de ses encombrants amis, pour retrouver la confiance de la communauté internationale, mais surtout pour conserver la confiance de la population monténégrine. Il faudrait que la victoire de ce soir ne soit pas seulement celle de la continuité d’un système politique qui monopolise le pouvoir depuis des années, mais qu’elle marque véritablement un nouveau départ pour notre pays , expliquait dimanche soir quelques intellectuels indépendantistes. C’est à ce prix que l’Europe comprendra que le Monténégro représente l’une des rares sociétés démocratiques et multi-ethniques des Balkans, et qu’elle n’a aucun intérêt à soutenir l’hégémonisme serbe.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 21/10/2002