Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Audiovisuel

Les acteurs de la TNT entrent en piste

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a révélé, mercredi 23 octobre, le nom des candidats qui sont retenus pour faire partie de la future télévision numérique terrestre (TNT). La sélection du CSA qui ménage l’équilibre gratuit/payant comporte quelques surprises.
Le CSA a rendu son verdict. Moins d’une semaine après la publication du rapport Boyon qui préconise de «laisser une chance à la TNT», les neuf sages du Conseil ont sélectionné au total 23 chaînes de télévision pour 65 candidatures (16 services gratuits et 15 payants, dont deux sur un canal en temps partagé). Huit sont d’ores et déjà dévolus au service public. Trois autres seront confiés ultérieurement aux télévisions locales pour arriver au total de 33 canaux disponibles sur la TNT. Parmi les lauréats, plusieurs chaînes généralistes et semi-généralistes, mais aussi trois chaînes musicales (M6 Music, iMCM et NRJ TV) qui seront gratuites. Le cinéma et le sport relèvent de l’offre payante.

Sans surprise, les acteurs historiques privés du secteur TF1, M6 ou Canal + sont dans les starting-blocks. Mais ils devront affronter la concurrence de nouveaux prédateurs. Cinq nouveaux éditeurs (les groupes AB, Bolloré, Lagardère, NRJ et Pathé) vont ainsi accéder à la télévision hertzienne. Pour deux d'entre eux, Bolloré et NRJ, il s'agira même quasiment de la première intrusion dans le monde de la télévision. Les trois autres, AB, Lagardère et Pathé étaient déjà présents sur le câble et le satellite. Le CSA souhaite par ailleurs que le groupe France Télévisions développe «une offre spécifique gratuite orientée vers les enfants». Un projet prévu mais recalé par le gouvernement Jospin.

Dans le groupe des perdants, on signalera le groupe Amaury qui présentait l’Equipe TV. Autres absentes de marque : la totalité des chaînes associatives et la chaîne luxembourgeoise RTL9 du groupe AB.

La TNT attendue fin 2004

Selon Michel Boyon, auteur d’un rapport remis au Premier ministre, la TNT ne pourra démarrer qu’à la fin 2004. Après un rappel du caractère inéluctable de l’avènement de la TNT, l’auteur du rapport n’en pointe pas moins «d’importantes difficultés d’ordre technique, économique et financier». Une fois ce constat formulé, Michel Boyon chargé en juillet dernier par Jean-Pierre Raffarin d'une mission sur la télévision numérique terrestre détaille les différentes conditions du succès de la mise en œuvre de cette technologie : la résolution des problèmes techniques, une offre de programmes attractive, l'engagement des fournisseurs à proposer des équipements à un prix accessible, la mise en place d'un système de distribution, le développement de la production française d'images et la création d'un lieu de concertation et de coordination entre les partenaires du projet.

Des «conditions d’exploitation saines» qui, selon Michel Boyon, relèvent «largement de l’initiative privée». Autrement dit, le succès de la TNT ne peut être qu’un succès de marché. Pas seulement. L’Etat doit aussi accompagner le développement de cette technologie. Le rapport met notamment en exergue le rôle que doit jouer le gouvernement sur la question cruciale du réaménagement des fréquences. Une recommandation suivie par le ministre de la Culture et de la Communication. Jean-Jacques Aillagon a cédé aux instances de Michel Boyon et a décidé lundi 21 octobre à l’issue d’une réunion interministérielle de «préfinancer la première tranche des travaux de réaménagement des fréquences analogiques» nécessaires au déploiement de la TNT pour un montant d’environ 15 millions d’euros, moyennant un remboursement progressif par les éditeurs de chaînes. La seconde tranche devrait revenir à la charge des opérateurs.

Pour l’heure, 75% des Français ne reçoivent que cinq chaînes en clair par voie hertzienne, puisque ils ne sont abonnés ni au câble, ni au satellite, ni à Canal+. Avec la TNT, ils auront droit à trente-trois programmes supplémentaires sur une installation télévisée conventionnelle, moyennant l’ajout d’un décodeur. Le rapport de l’ancien président de Radio France réexamine également le «périmètre du service public». Michel Boyon est particulièrement sévère sur les projets du service public pour la TNT. Sur les trois projets initialement prévus par le groupe France Télévisions (infos, régions et rediffusion), un seul, un ensemble de chaînes régionales, a été jugé recevable. Un point de vue que partage le gouvernement Raffarin. En échos aux recommandations du rapport Boyon, le ministère de la Culture et de la Communication a également décidé de maintenir les trois canaux réservés à France Télévisions pour diffuser des chaînes nouvelles. Mais le sort des 150 millions d’euros destinés à financer les projets du service public est subordonné à une «réflexion sur les projets de TNT du groupe France Télévisions».

Les lauréats de la TNT

L'offre gratuite
-Chaînes généralistes ou semi-généralistes : TF1, M6, Direct 8 (groupe Bolloré) , NT1 (groupe AB), TMC (groupe Pathé) et NRJ TV (groupe NRJ)
-Chaînes à dominante musicale : i-MCM (groupe Lagardère) set M6 Music
-Chaînes publiques : six pour France Télévisions, une pour Arte et une pour la Chaîne parlementaire.

L’offre payante
Canal +, AB1 (groupe AB), Canal J et Match TV (groupe Lagardère), Cinécinémas, Cuisine TV en journée et Comédie en soirée (groupe Pathé) se partage le même canal, Eurosport, i-Télévision, LCI, Match TV, Paris Première, Planète, Sport+, TF6 et TPS Star.




par Myriam  Berber

Article publié le 24/10/2002