Maroc
Les «<i>officiers libres</i>» existent-ils ?
Suite à un communiqué, publié respectivement par Le Monde et El Pais, en octobre dernier, les Marocains s’interrogent sur la réalité de l’existence de ces officiers des Forces Armées menaçant de «passer à l’action directe».
De notre correspondante à Casablanca
«Les généraux et certains officiers supérieurs mettent de plus en plus la main dans la caisse de différents corps d’armée. Cela se fait au détriment de la troupe et des hommes qui souffrent une constante dégradation de leur niveau de vie», a-t-on pu lire récemment dans El Pais. Juste après, le 18 octobre, le journal Le Monde citait le même communiqué, sous le titre «Création d’un mouvement des officiers libres au Maroc». Le quotidien français évoquait la dénonciation de la corruption au sein de l’armée et les exigences des signataires. A savoir: la mise à la retraite de plusieurs hauts gradés, le contrôle des dépenses sociales des FAR (Forces Armées Royales), et la libération et la réintégration des officiers actuellement emprisonnés pour avoir dénoncé la corruption. Le mystérieux communiqué, précisait également que ses auteurs étaient prêts à «passer à l’action directe». Sans plus de précisions.
Le 19 octobre, deux hebdomadaires marocains indépendants reprennent l’information. Le Journal Hebdomadaire s’interroge sur la réalité de ce «comité d’action des officiers libres des FAR». La publication ne manque pas de souligner le mystère qui entoure ces revendications, mais rappelle que les avancements militaires, annoncés lors de la Fête du Trône l’été dernier, ont fait des mécontents. D’où peut-être les remous actuels. Le même jour, Demain magazine s’étonne d’un communiqué qui «demande seulement et gentiment la mise à l’écart de sept généraux et la restructuration de quelques organismes de l’armée». L’article sous-entend ensuite, en des termes à peine voilés, qu’il pourrait s’agir d’un règlement de comptes au sein de l’appareil sécuritaire marocain. En l’absence de nouvelles informations, les choses auraient pu en rester là.
Une manipulation ?
Or, le 28 octobre, le secrétaire d’État à l’Intérieur, Fouad Ali El Himma, a réuni plusieurs journalistes pour un «briefing» quasi privé. La réunion s’est tenue au domicile du secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Taieb El Fassi Fihri, à Rabat, en sa présence. «La discussion a eu lieu à bâtons rompus, au gré des questions des journalistes présents» a rapporté Bahia Amrani du quotidien Le Reporter. Seront ainsi évoquées diverses questions d’actualité, dont l’affaire des «officiers libre». Selon madame Amrani, «il a été procédé à un recoupement des faits: Le lieutenant marocain Abdelilah Issou a quitté le Maroc clandestinement, en avril dernier, il vit en Espagne où il a demandé l’asile politique et tout semble le désigner comme le principal impliqué dans l’affaire des officiers libres». Ce que plusieurs journaux ont repris, parfois sans nuance, accusant au passage les services secrets espagnols et la «cabale orchestrée à partir de l’Espagne et de la France», véritable serpent de mer de la presse marocaine.
Le Journal Hebdomadaire et Demain magazine, dont les journalistes n’ont pas été invités le 28 octobre dénoncent actuellement cette «manipulation» de l’Intérieur. Interviewé par deux hebdomadaires marocains, Al Ayam et Demain magazine, le lieutenant Issou affirme n’avoir jamais entendu parler des officiers libres, et encore moins en être l’instigateur. Il dénonce, au passage, des dysfonctionnements graves au sein de l’armée, mais pense que les «officiers libres» ont été inventés par la DST, ou qu’ils sont le fait de militaires marocains à l’étranger.
Le capitaine Adib, qui a lui aussi dénoncé la corruption dans l’armée marocaine, pense qu’il est très improbable qu’un tel comité ait pu se mettre en place au sein des FAR. La surveillance y est omniprésente, si bien que des mécontents qui parviendraient à se regrouper ne pourraient être qu’une poignée. La question reste donc entière: ces «officiers libres» existent-ils ? Si oui, où sont-ils et que cherchent-ils ? Si non, qui les a fabriqués et dans quel but ?
«Les généraux et certains officiers supérieurs mettent de plus en plus la main dans la caisse de différents corps d’armée. Cela se fait au détriment de la troupe et des hommes qui souffrent une constante dégradation de leur niveau de vie», a-t-on pu lire récemment dans El Pais. Juste après, le 18 octobre, le journal Le Monde citait le même communiqué, sous le titre «Création d’un mouvement des officiers libres au Maroc». Le quotidien français évoquait la dénonciation de la corruption au sein de l’armée et les exigences des signataires. A savoir: la mise à la retraite de plusieurs hauts gradés, le contrôle des dépenses sociales des FAR (Forces Armées Royales), et la libération et la réintégration des officiers actuellement emprisonnés pour avoir dénoncé la corruption. Le mystérieux communiqué, précisait également que ses auteurs étaient prêts à «passer à l’action directe». Sans plus de précisions.
Le 19 octobre, deux hebdomadaires marocains indépendants reprennent l’information. Le Journal Hebdomadaire s’interroge sur la réalité de ce «comité d’action des officiers libres des FAR». La publication ne manque pas de souligner le mystère qui entoure ces revendications, mais rappelle que les avancements militaires, annoncés lors de la Fête du Trône l’été dernier, ont fait des mécontents. D’où peut-être les remous actuels. Le même jour, Demain magazine s’étonne d’un communiqué qui «demande seulement et gentiment la mise à l’écart de sept généraux et la restructuration de quelques organismes de l’armée». L’article sous-entend ensuite, en des termes à peine voilés, qu’il pourrait s’agir d’un règlement de comptes au sein de l’appareil sécuritaire marocain. En l’absence de nouvelles informations, les choses auraient pu en rester là.
Une manipulation ?
Or, le 28 octobre, le secrétaire d’État à l’Intérieur, Fouad Ali El Himma, a réuni plusieurs journalistes pour un «briefing» quasi privé. La réunion s’est tenue au domicile du secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Taieb El Fassi Fihri, à Rabat, en sa présence. «La discussion a eu lieu à bâtons rompus, au gré des questions des journalistes présents» a rapporté Bahia Amrani du quotidien Le Reporter. Seront ainsi évoquées diverses questions d’actualité, dont l’affaire des «officiers libre». Selon madame Amrani, «il a été procédé à un recoupement des faits: Le lieutenant marocain Abdelilah Issou a quitté le Maroc clandestinement, en avril dernier, il vit en Espagne où il a demandé l’asile politique et tout semble le désigner comme le principal impliqué dans l’affaire des officiers libres». Ce que plusieurs journaux ont repris, parfois sans nuance, accusant au passage les services secrets espagnols et la «cabale orchestrée à partir de l’Espagne et de la France», véritable serpent de mer de la presse marocaine.
Le Journal Hebdomadaire et Demain magazine, dont les journalistes n’ont pas été invités le 28 octobre dénoncent actuellement cette «manipulation» de l’Intérieur. Interviewé par deux hebdomadaires marocains, Al Ayam et Demain magazine, le lieutenant Issou affirme n’avoir jamais entendu parler des officiers libres, et encore moins en être l’instigateur. Il dénonce, au passage, des dysfonctionnements graves au sein de l’armée, mais pense que les «officiers libres» ont été inventés par la DST, ou qu’ils sont le fait de militaires marocains à l’étranger.
Le capitaine Adib, qui a lui aussi dénoncé la corruption dans l’armée marocaine, pense qu’il est très improbable qu’un tel comité ait pu se mettre en place au sein des FAR. La surveillance y est omniprésente, si bien que des mécontents qui parviendraient à se regrouper ne pourraient être qu’une poignée. La question reste donc entière: ces «officiers libres» existent-ils ? Si oui, où sont-ils et que cherchent-ils ? Si non, qui les a fabriqués et dans quel but ?
par Isabelle Broz
Article publié le 12/11/2002