Maroc
Mohamed VI enterre le référendum au Sahara
Lors d’une déclaration télédiffusée, à l’occasion du vingt-septième anniversaire de la «marche verte», le roi du Maroc a déclaré «caduc» le projet de référendum d’auto-détermination au Sahara Occidental.
De notre correspondante à Rabat,
«Notre unanimité nationale en faveur de l’option démocratique régionale (…) (est une) solution rendant le projet de référendum tel que prévu dans le plan de règlement onusien caduc, car inapplicable». C’est en ces termes que le souverain marocain a, le 6 novembre, définitivement rejeté l’une des quatre options proposées actuellement par l’ONU, en vue de résoudre le conflit qui oppose depuis un quart de siècle le Maroc au Front Polisario. Le référendum d’autodétermination a été proposé par le Conseil de sécurité de l’ONU en 1991 et a permis un accord de cessez-le-feu entre les belligérants.
Depuis plus de dix ans, la situation reste cependant bloquée, en raison des difficultés à composer le corps électoral, les deux parties concernées n’ayant jamais réussi à s’accorder sur sa composition. De guerre lasse, l’ONU avait ajouté, en juillet dernier, aux autres solutions proposées, à savoir une autonomie relative du territoire sous souveraineté marocaine et la partition du territoire, une dernière option: le retrait pur et simple de sa mission au Sahara Occidental, la MINURSO.
Avec l’abandon du référendum, il ne reste plus que deux solutions au conflit: la souveraineté marocaine ou le partage du territoire. Ce qui renvoie les adversaires dos à dos, l’Algérie, qui soutient le Polisario, s’étant prononcée en faveur de la partition, faute d’accord possible pour le référendum.
Vue du Maroc, la partition est une hérésie à laquelle le royaume ne saurait se résoudre. Depuis l’annexion, de fait, du Sahara Occidental au cours de la «marche verte» de 1975, par le Maroc, la notion d’intégrité territoriale est un leitmotiv de sa politique intérieure. Les cartes présentant une frontière sont illégales au royaume chérifien. Rares sont ceux qui, à l’instar de l’opposant Abraham Serfaty, ont osé se prononcer en faveur du référendum d’autodétermination et la région est généralement évoquée comme «notre» Sahara ou «les provinces du Sud». Il faut dire que depuis plus de vingt-cinq ans le royaume a investi des milliards au Sahara, ce que n’a pas manqué de rappeler le souverain le 6 novembre: «A cet égard, l’Etat a consenti, tout au long des trois dernières décennies, des efforts considérables qui ont permis d’accomplir des réalisations impressionnantes dans tous les domaines de développement économique, social et culturel, et en matière d’infrastructures, réalisations, grâce auxquelles ces provinces occupent désormais une place de choix dans le processus de relance et de développement global que connaît le Maroc».
Prospections pétrolières
Mohamed VI semble aujourd’hui vouloir accélérer le processus de récupération du territoire. Depuis son accession au trône, il s’est rendu trois fois au Sahara Occidental, des prospections pétrolières y ont été autorisées et la région a enregistré des taux de participation records lors des législatives du 27 septembre dernier. Le 6 mars dernier, il créait l’Agence de promotion et de développement économique et social des provinces du Sud, sommée aujourd’hui de se mettre au travail: «Nous ordonnons donc la réunion du Conseil d’Administration de l’Agence, aux fins d’adoption et de lancement de ces projets dans les plus brefs délais». Pour le Maroc, cette solution va de soi, d’autant plus que Lahbib Ayoub, l’un des co-fondateurs du Polisario, a quitté les indépendantistes et fait allégeance à Mohamed VI, le 23 septembre dernier.
Parmi les membres permanents du Conseil de sécurité à l’ONU, la France est celui qui soutient le plus activement la position du royaume chérifien, à savoir une relative autonomie du territoire sous souveraineté marocaine. Jacques Chirac avait même frôlé l’incident diplomatique en évoquant, il y a peu, «les Provinces marocaines du Sud». Le 31 octobre dernier, le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, en visite officielle à Rabat, s’est prononcé pour «une solution politique durable sur la base du projet de l’accord-cadre», l’autre nom de la «troisième voie» choisie par le Maroc. Le 4 novembre, enfin, c’est Michèle Aliot-Marie, ministre de la Défense, qui déclarait, suite à une «visite de courtoisie» au souverain marocain à Agadir, que «le Maroc et la France doivent mettre en commun leurs efforts pour essayer d’apaiser les crises».
L’Algérie ne devrait pas manquer de réagir au discours du souverain marocain. Quant à l’ONU, dont la mission au Sahara Occidental a été prorogée jusqu’au 31 janvier 2003, elle pourrait également se prononcer sur cette décision unilatérale.
«Notre unanimité nationale en faveur de l’option démocratique régionale (…) (est une) solution rendant le projet de référendum tel que prévu dans le plan de règlement onusien caduc, car inapplicable». C’est en ces termes que le souverain marocain a, le 6 novembre, définitivement rejeté l’une des quatre options proposées actuellement par l’ONU, en vue de résoudre le conflit qui oppose depuis un quart de siècle le Maroc au Front Polisario. Le référendum d’autodétermination a été proposé par le Conseil de sécurité de l’ONU en 1991 et a permis un accord de cessez-le-feu entre les belligérants.
Depuis plus de dix ans, la situation reste cependant bloquée, en raison des difficultés à composer le corps électoral, les deux parties concernées n’ayant jamais réussi à s’accorder sur sa composition. De guerre lasse, l’ONU avait ajouté, en juillet dernier, aux autres solutions proposées, à savoir une autonomie relative du territoire sous souveraineté marocaine et la partition du territoire, une dernière option: le retrait pur et simple de sa mission au Sahara Occidental, la MINURSO.
Avec l’abandon du référendum, il ne reste plus que deux solutions au conflit: la souveraineté marocaine ou le partage du territoire. Ce qui renvoie les adversaires dos à dos, l’Algérie, qui soutient le Polisario, s’étant prononcée en faveur de la partition, faute d’accord possible pour le référendum.
Vue du Maroc, la partition est une hérésie à laquelle le royaume ne saurait se résoudre. Depuis l’annexion, de fait, du Sahara Occidental au cours de la «marche verte» de 1975, par le Maroc, la notion d’intégrité territoriale est un leitmotiv de sa politique intérieure. Les cartes présentant une frontière sont illégales au royaume chérifien. Rares sont ceux qui, à l’instar de l’opposant Abraham Serfaty, ont osé se prononcer en faveur du référendum d’autodétermination et la région est généralement évoquée comme «notre» Sahara ou «les provinces du Sud». Il faut dire que depuis plus de vingt-cinq ans le royaume a investi des milliards au Sahara, ce que n’a pas manqué de rappeler le souverain le 6 novembre: «A cet égard, l’Etat a consenti, tout au long des trois dernières décennies, des efforts considérables qui ont permis d’accomplir des réalisations impressionnantes dans tous les domaines de développement économique, social et culturel, et en matière d’infrastructures, réalisations, grâce auxquelles ces provinces occupent désormais une place de choix dans le processus de relance et de développement global que connaît le Maroc».
Prospections pétrolières
Mohamed VI semble aujourd’hui vouloir accélérer le processus de récupération du territoire. Depuis son accession au trône, il s’est rendu trois fois au Sahara Occidental, des prospections pétrolières y ont été autorisées et la région a enregistré des taux de participation records lors des législatives du 27 septembre dernier. Le 6 mars dernier, il créait l’Agence de promotion et de développement économique et social des provinces du Sud, sommée aujourd’hui de se mettre au travail: «Nous ordonnons donc la réunion du Conseil d’Administration de l’Agence, aux fins d’adoption et de lancement de ces projets dans les plus brefs délais». Pour le Maroc, cette solution va de soi, d’autant plus que Lahbib Ayoub, l’un des co-fondateurs du Polisario, a quitté les indépendantistes et fait allégeance à Mohamed VI, le 23 septembre dernier.
Parmi les membres permanents du Conseil de sécurité à l’ONU, la France est celui qui soutient le plus activement la position du royaume chérifien, à savoir une relative autonomie du territoire sous souveraineté marocaine. Jacques Chirac avait même frôlé l’incident diplomatique en évoquant, il y a peu, «les Provinces marocaines du Sud». Le 31 octobre dernier, le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, en visite officielle à Rabat, s’est prononcé pour «une solution politique durable sur la base du projet de l’accord-cadre», l’autre nom de la «troisième voie» choisie par le Maroc. Le 4 novembre, enfin, c’est Michèle Aliot-Marie, ministre de la Défense, qui déclarait, suite à une «visite de courtoisie» au souverain marocain à Agadir, que «le Maroc et la France doivent mettre en commun leurs efforts pour essayer d’apaiser les crises».
L’Algérie ne devrait pas manquer de réagir au discours du souverain marocain. Quant à l’ONU, dont la mission au Sahara Occidental a été prorogée jusqu’au 31 janvier 2003, elle pourrait également se prononcer sur cette décision unilatérale.
par Isabelle Broz
Article publié le 08/11/2002