Défense
Bush est prêt à déployer un bouclier antimissile
Le président américain va commencer à déployer d'ici 2004 une ébauche de bouclier de défense antimissile en installant 10 fusées d'interception en Alaska et en Californie. Le projet est destiné à protéger les États-Unis contre les États dits «voyous». Il est controversé, tant pour sa faisabilité que pour ses répercussions sur la course aux armements.
De notre correspondant à New York
Le bouclier antimissile américain est sur le point de devenir bien réel. Six missiles intercepteurs seront déployés l'an prochain sur la base de Fort Greely, en Alaska, et quatre autres sur la base de Vandenberg Air Force, en Californie. D'ici 2006, 10 missiles supplémentaires seront installés. Contre les missiles courte et moyenne portée, 20 «intercepteurs» de type Missile 3 seront embarqués sur des navires de guerre américain, et couplés avec des systèmes de détection radar Aegis. Selon le Pentagone, ce dispositif pourrait servir à protéger des pays alliés. Des centaines de missiles Patriot PAC-3 seront dispersés dans le monde entier pour abattre des missiles de courte portée dans leur phase finale. Des détecteurs seront installés, au sol, en mer et dans l'espace.
Parallèlement, les Etats-Unis ont demandé à la Grande-Bretagne l'autorisation de moderniser des installations radars britanniques situées dans le Yorkshire. Le Danemark est également mis à contribution, pour sa souveraineté sur le Groenland, qui abrite la base-radar américaine de Thulé faisant parti intégrante du dispositif. Il ne s'agit là que de la première étape du projet de bouclier de défense antimissile dont le président Bush a ordonné mardi la mise en oeuvre, avec l'espoir que le système devienne opérationnel d'ici 2004.
Le bouclier antimissile est un vieux concept
Le lancement du dispositif ne doit pas grand chose à la guerre contre le terrorisme et aux attentats du 11 septembre. Le bouclier antimissile est un vieux concept, rendu célèbre sous l'appellation de «guerre des étoiles» par Ronald Reagan, puis enterré sous George Bush senior et Bill Clinton, avant d'être ravivé par l'équipe de George W. Bush dans les premiers mois de son règne. L'idée est de protéger le territoire américain contre des missiles longue portée qui pourraient être tirés par des Etats «voyous», tels que l'Irak, l'Iran ou la Corée du Nord. Le «bouclier» est en fait un système de détection radar et de guidage satellitaire de missiles antimissiles, qui détruiraient les bombes ennemies avant qu'elles n'arrivent à destination. Les détracteurs du projet jugent qu'il est trop coûteux, trop peu fiable, et qu'il ne répond pas à une menace réelle.
«Quand j'ai pris mes fonctions, j'ai fait le serment de transformer la stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis et ses capacités de défense pour répondre aux menaces du XXI ème siècle» a expliqué George Bush dans un communiqué, lu par son porte-parole. «Les États-Unis prendront toutes les mesures nécessaires pour protéger leurs citoyens contre ce qui est peut-être le plus grand danger : les maux catastrophiques qui pourraient être provoqués par des Etats hostiles ou des groupes terroristes dotés d'armes de destruction massive» a-t-il ajouté.
Le bouclier qui sera déployé est toutefois embryonnaire. Le dernier test du dispositif, effectué ce mois-ci au-dessus du Pacifique, a été un échec. Au total, trois tests, sur huit effectués, ont été considérés comme des échecs. De l'aveu même du secrétaire d'État à la Défense, Donald Rumsfeld, le bouclier est loin d'avoir une efficacité garantie. Tout juste devrait-il pouvoir stopper «un nombre relativement petit de missiles balistiques, ce qui est mieux que rien» a-t-il expliqué. L'objectif est de perfectionner le système au fur et à mesure du développement des recherches et de l'évolution des menaces.
Le programme est particulièrement onéreux. Dans les deux années à venir, il coûtera 1,5 milliard de dollars supplémentaires, sur une enveloppe dont le montant était déjà de 7,8 milliards de dollars pour la défense antimissile. Selon le parlementaire Duncan Hunet, qui devrait être le prochain président du comité des affaires militaires de la chambre des représentants, la dépense devrait être approuvée. «Aujourd'hui, les Etats-Unis ne peuvent pas stopper un seul missile balistique en route pour une ville américaine» a expliqué le Républicain. «Les conséquences d'une telle attaque seraient catastrophiques, et le danger ne fait qu'augmenter alors que des pays comme la Corée du Nord, l'Irak et l'Iran continuent à développer, acheter et vendre des technologies de missiles balistiques avancées» a-t-il ajouté.
Les Démocrates restent toutefois farouchement opposés au projet. «Si George Bush pense que nous avons tellement d'argent que nous pouvons dépenser des milliards pour déployer une technologie qui ne marche peut-être même pas, alors pourquoi a-t-il rejeté de façon répétée des fonds pour de la sécurité de base, comme les contrôles aux frontières, les gardes côtes et les services d'immigration dont, nous le savons, nous avons désespérément besoin pour prévenir un nouveau 11 septembre ?» a déclaré David Sirota, porte-parole des Démocrates du House Appropriations Committee.
Après avoir en partie fait campagne sur le projet de bouclier antimissile, le président Bush a préparé le terrain en se retirant voilà un an du traité antibalistique ABM avec Moscou, qui l'empêchait de procéder aux tests dont il avait besoin pour développer la nouvelle technologie. A l'époque la décision avait été critiquée par plusieurs alliés des Etats-Unis, qui craignent que le déploiement du dispositif antimissile provoque une nouvelle course aux armements, en forçant la Russie, et par réaction la Chine, l'Inde et le Pakistan à mettre à jour leur arsenal nucléaire. D'autres redoutent que le bouclier antimissile soit la première étape d'une militarisation de l'espace.
Le bouclier antimissile américain est sur le point de devenir bien réel. Six missiles intercepteurs seront déployés l'an prochain sur la base de Fort Greely, en Alaska, et quatre autres sur la base de Vandenberg Air Force, en Californie. D'ici 2006, 10 missiles supplémentaires seront installés. Contre les missiles courte et moyenne portée, 20 «intercepteurs» de type Missile 3 seront embarqués sur des navires de guerre américain, et couplés avec des systèmes de détection radar Aegis. Selon le Pentagone, ce dispositif pourrait servir à protéger des pays alliés. Des centaines de missiles Patriot PAC-3 seront dispersés dans le monde entier pour abattre des missiles de courte portée dans leur phase finale. Des détecteurs seront installés, au sol, en mer et dans l'espace.
Parallèlement, les Etats-Unis ont demandé à la Grande-Bretagne l'autorisation de moderniser des installations radars britanniques situées dans le Yorkshire. Le Danemark est également mis à contribution, pour sa souveraineté sur le Groenland, qui abrite la base-radar américaine de Thulé faisant parti intégrante du dispositif. Il ne s'agit là que de la première étape du projet de bouclier de défense antimissile dont le président Bush a ordonné mardi la mise en oeuvre, avec l'espoir que le système devienne opérationnel d'ici 2004.
Le bouclier antimissile est un vieux concept
Le lancement du dispositif ne doit pas grand chose à la guerre contre le terrorisme et aux attentats du 11 septembre. Le bouclier antimissile est un vieux concept, rendu célèbre sous l'appellation de «guerre des étoiles» par Ronald Reagan, puis enterré sous George Bush senior et Bill Clinton, avant d'être ravivé par l'équipe de George W. Bush dans les premiers mois de son règne. L'idée est de protéger le territoire américain contre des missiles longue portée qui pourraient être tirés par des Etats «voyous», tels que l'Irak, l'Iran ou la Corée du Nord. Le «bouclier» est en fait un système de détection radar et de guidage satellitaire de missiles antimissiles, qui détruiraient les bombes ennemies avant qu'elles n'arrivent à destination. Les détracteurs du projet jugent qu'il est trop coûteux, trop peu fiable, et qu'il ne répond pas à une menace réelle.
«Quand j'ai pris mes fonctions, j'ai fait le serment de transformer la stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis et ses capacités de défense pour répondre aux menaces du XXI ème siècle» a expliqué George Bush dans un communiqué, lu par son porte-parole. «Les États-Unis prendront toutes les mesures nécessaires pour protéger leurs citoyens contre ce qui est peut-être le plus grand danger : les maux catastrophiques qui pourraient être provoqués par des Etats hostiles ou des groupes terroristes dotés d'armes de destruction massive» a-t-il ajouté.
Le bouclier qui sera déployé est toutefois embryonnaire. Le dernier test du dispositif, effectué ce mois-ci au-dessus du Pacifique, a été un échec. Au total, trois tests, sur huit effectués, ont été considérés comme des échecs. De l'aveu même du secrétaire d'État à la Défense, Donald Rumsfeld, le bouclier est loin d'avoir une efficacité garantie. Tout juste devrait-il pouvoir stopper «un nombre relativement petit de missiles balistiques, ce qui est mieux que rien» a-t-il expliqué. L'objectif est de perfectionner le système au fur et à mesure du développement des recherches et de l'évolution des menaces.
Le programme est particulièrement onéreux. Dans les deux années à venir, il coûtera 1,5 milliard de dollars supplémentaires, sur une enveloppe dont le montant était déjà de 7,8 milliards de dollars pour la défense antimissile. Selon le parlementaire Duncan Hunet, qui devrait être le prochain président du comité des affaires militaires de la chambre des représentants, la dépense devrait être approuvée. «Aujourd'hui, les Etats-Unis ne peuvent pas stopper un seul missile balistique en route pour une ville américaine» a expliqué le Républicain. «Les conséquences d'une telle attaque seraient catastrophiques, et le danger ne fait qu'augmenter alors que des pays comme la Corée du Nord, l'Irak et l'Iran continuent à développer, acheter et vendre des technologies de missiles balistiques avancées» a-t-il ajouté.
Les Démocrates restent toutefois farouchement opposés au projet. «Si George Bush pense que nous avons tellement d'argent que nous pouvons dépenser des milliards pour déployer une technologie qui ne marche peut-être même pas, alors pourquoi a-t-il rejeté de façon répétée des fonds pour de la sécurité de base, comme les contrôles aux frontières, les gardes côtes et les services d'immigration dont, nous le savons, nous avons désespérément besoin pour prévenir un nouveau 11 septembre ?» a déclaré David Sirota, porte-parole des Démocrates du House Appropriations Committee.
Après avoir en partie fait campagne sur le projet de bouclier antimissile, le président Bush a préparé le terrain en se retirant voilà un an du traité antibalistique ABM avec Moscou, qui l'empêchait de procéder aux tests dont il avait besoin pour développer la nouvelle technologie. A l'époque la décision avait été critiquée par plusieurs alliés des Etats-Unis, qui craignent que le déploiement du dispositif antimissile provoque une nouvelle course aux armements, en forçant la Russie, et par réaction la Chine, l'Inde et le Pakistan à mettre à jour leur arsenal nucléaire. D'autres redoutent que le bouclier antimissile soit la première étape d'une militarisation de l'espace.
par Philippe Bolopion
Article publié le 18/12/2002