Défense
OTAN : diplomatie militaire à Prague
George Bush a décidé de mettre l'Irak au cœur du XVIème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Alliance, mercredi à Prague qui devait entériner l’élargissement de l’Alliance. Les volets militaires sont d’ores et déjà bouclés : priorité à la guerre contre le terrorisme. Georges Bush, arrivé à Prague mardi soir, a déjà demandé l’appui des Alliés contre Bagdad.
Il y a l'ordre du jour et l'activité en marge du calendrier officiel. Dans tous les cas l’ensemble des travaux sera dominé par le contexte de la guerre anti-terroriste dans laquelle s’est engagée l’organisation militaire peu après les attaques du 11 septembre. Moins d’un mois après les attentats, le 2 octobre, et pour la première fois depuis sa création en 1949, l’OTAN activait l’article 5 de son traité fondateur, selon lequel l’attaque subie par l’Amérique était considérée comme une attaque contre tous les membres. C’est donc à travers ce prisme que seront évoqués les «nouvelles menaces» (terrorisme et armes de destruction massive), les «nouvelles capacités militaires» à acquérir, «l’élargissement» de l’OTAN et les «nouvelles relations» avec des pays non membres et d’autres organisations internationales.
La question de l’élargissement est, de toutes, la plus spectaculaire et la plus informative sur les stratégies d’intégration adoptées tant par l’OTAN que par les pays candidats. Officiellement on ignore encore le nombre de pays qui seront invités à rejoindre l’alliance Atlantique, mercredi. Mais ils seront très nombreux, vraisemblablement sept d’un coup : la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et les trois Etats baltes (l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie). La Russie n’aura donc pas pu empêcher cette évolution, qu’elle qualifie d’«erreur», et se retrouvera à ses portes avec une alliance militaire, autrefois ouvertement construite contre elle.
Vladimir Poutine a reçu des assurances. D’abord un forum spécial consacre désormais le rapprochement de la Russie et de l’OTAN. Il s’agit d’un Conseil conjoint réunissant les dix-neuf membres, plus Moscou, inauguré en mai dernier à Rome. Et, pour répondre aux inquiétudes formulées par Vladimir Poutine concernant les préjudices éventuelles de l’élargissement sur la sécurité nationale de son pays, le secrétaire général de l’Alliance a affirmé qu’«aucune décision qui sera prise à Prague n’ira à l’encontre, de quelque manière que ce soit, des intérêts vitaux de sécurité de la Russie». Côté OTAN le message est clair : malgré les risques d’une plus grande lourdeur dans les prises de décision, l’organisation militaire occidentale ne renonce pas à sa vocation d’intégration européenne. Et les candidats à cette intégration lui reconnaissent toujours une vertu protectrice, et finalement émancipatrice.
Règlement de comptes régional
La qualité de membre de l’OTAN donne également droit à des égards au titre du compagnonnage sur les théâtres d’opération militaire. Voire à des chantages, comme celui auquel se livre actuellement la Turquie sur la question du renouvellement de la mission militaire internationale en Macédoine. Actuellement c’est l’OTAN qui assure cette présence. Son mandat touche à sa fin et les soldats de l’Alliance devaient être relevés par un contingent européen, soutenu par l’Alliance en cas de besoin. Mais Ankara, membre de l’OTAN, bloque depuis plusieurs mois la négociation dans l’attente de son calendrier d’adhésion à l’Union européenne. C’est le genre de dossier dans lequel les alliés militaires de Washington ont l’assurance d’être soutenus. Les Européens devraient dévoiler leur position sur cette adhésion de la Turquie à l’occasion du prochain sommet de l’Union, à Copenhague début décembre. D’ici là, le sommet de Prague prendra sûrement la décision de reconduire, pour quelques semaines ou quelques mois, la mission en Macédoine. Si les Macédoniens sont d’accord.
Le sommet de Prague sera aussi une réunion élargie, avec ses querelles de famille et ses cadavres dans le placard. Car l’OTAN, ce n’est pas seulement les dix-neuf États membres, les candidats et la Russie. C’est aussi une association très large issue de l’ouverture du mur de Berlin, en 1989, et qui trouve son expression dans le Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA), dont les quarante-six pays-membres tiennent sommet à partir de ce jeudi à Prague. Cette «famille élargie» compte aujourd’hui deux indésirables : les présidents de Biélorussie, Alexandre Loukachenko, et d’Ukraine, Leonid Koutchma. Le premier en raison de la dérive autoritaire de son régime et le second pour l’affaire de vente présumée de systèmes radars à l’Irak.
Dans le contexte, c’est d’autant plus embarrassant qu’il est pratiquement impossible d’interdire formellement au représentant d’un pays-membre de participer à la réunion. Une mini-crise diplomatique était toujours en cours en début de semaine sur la question de la délivrance d’un visa de la République Tchèque à Loukatchenko, tandis que Minsk menaçait Prague de rupture des relations diplomatiques. Quant au président ukrainien, il était question de ne pas l’inviter du tout, laissant au ministre des Affaires étrangères le soin de conduire la délégation de son pays lors des travaux.
La question de l’élargissement est, de toutes, la plus spectaculaire et la plus informative sur les stratégies d’intégration adoptées tant par l’OTAN que par les pays candidats. Officiellement on ignore encore le nombre de pays qui seront invités à rejoindre l’alliance Atlantique, mercredi. Mais ils seront très nombreux, vraisemblablement sept d’un coup : la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et les trois Etats baltes (l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie). La Russie n’aura donc pas pu empêcher cette évolution, qu’elle qualifie d’«erreur», et se retrouvera à ses portes avec une alliance militaire, autrefois ouvertement construite contre elle.
Vladimir Poutine a reçu des assurances. D’abord un forum spécial consacre désormais le rapprochement de la Russie et de l’OTAN. Il s’agit d’un Conseil conjoint réunissant les dix-neuf membres, plus Moscou, inauguré en mai dernier à Rome. Et, pour répondre aux inquiétudes formulées par Vladimir Poutine concernant les préjudices éventuelles de l’élargissement sur la sécurité nationale de son pays, le secrétaire général de l’Alliance a affirmé qu’«aucune décision qui sera prise à Prague n’ira à l’encontre, de quelque manière que ce soit, des intérêts vitaux de sécurité de la Russie». Côté OTAN le message est clair : malgré les risques d’une plus grande lourdeur dans les prises de décision, l’organisation militaire occidentale ne renonce pas à sa vocation d’intégration européenne. Et les candidats à cette intégration lui reconnaissent toujours une vertu protectrice, et finalement émancipatrice.
Règlement de comptes régional
La qualité de membre de l’OTAN donne également droit à des égards au titre du compagnonnage sur les théâtres d’opération militaire. Voire à des chantages, comme celui auquel se livre actuellement la Turquie sur la question du renouvellement de la mission militaire internationale en Macédoine. Actuellement c’est l’OTAN qui assure cette présence. Son mandat touche à sa fin et les soldats de l’Alliance devaient être relevés par un contingent européen, soutenu par l’Alliance en cas de besoin. Mais Ankara, membre de l’OTAN, bloque depuis plusieurs mois la négociation dans l’attente de son calendrier d’adhésion à l’Union européenne. C’est le genre de dossier dans lequel les alliés militaires de Washington ont l’assurance d’être soutenus. Les Européens devraient dévoiler leur position sur cette adhésion de la Turquie à l’occasion du prochain sommet de l’Union, à Copenhague début décembre. D’ici là, le sommet de Prague prendra sûrement la décision de reconduire, pour quelques semaines ou quelques mois, la mission en Macédoine. Si les Macédoniens sont d’accord.
Le sommet de Prague sera aussi une réunion élargie, avec ses querelles de famille et ses cadavres dans le placard. Car l’OTAN, ce n’est pas seulement les dix-neuf États membres, les candidats et la Russie. C’est aussi une association très large issue de l’ouverture du mur de Berlin, en 1989, et qui trouve son expression dans le Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA), dont les quarante-six pays-membres tiennent sommet à partir de ce jeudi à Prague. Cette «famille élargie» compte aujourd’hui deux indésirables : les présidents de Biélorussie, Alexandre Loukachenko, et d’Ukraine, Leonid Koutchma. Le premier en raison de la dérive autoritaire de son régime et le second pour l’affaire de vente présumée de systèmes radars à l’Irak.
Dans le contexte, c’est d’autant plus embarrassant qu’il est pratiquement impossible d’interdire formellement au représentant d’un pays-membre de participer à la réunion. Une mini-crise diplomatique était toujours en cours en début de semaine sur la question de la délivrance d’un visa de la République Tchèque à Loukatchenko, tandis que Minsk menaçait Prague de rupture des relations diplomatiques. Quant au président ukrainien, il était question de ne pas l’inviter du tout, laissant au ministre des Affaires étrangères le soin de conduire la délégation de son pays lors des travaux.
par Georges Abou
Article publié le 20/11/2002