Défense
La France se dote d’un nouveau bateau-espion
Le Dupuy-de-Lôme, nouveau bateau-espion français, remplacera Le Bougainville en 2005. Découverte de ce navire, dont le maître d’œuvre est un industriel du secteur de l’électronique de défense.
Chargé de déployer ses oreilles indiscrètes dans les eaux internationales, le nouveau bateau-espion français, Le Dupuy-de- Lôme, sera mis en service en 2005. Il travaillera pour la DRM (Direction du renseignement militaire) et la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Pour ce faire, il bénéficie des toutes dernières innovations techniques en matière d’interception des communications. D’une longueur de 102 mètres, il déplace plus de 3 200 tonnes à 16 nœuds grâce à deux moteurs diesels de 2 500 kW.
Capable d’opérer dans les meilleures conditions sur des mers très formées, il peut être conduit par un équipage réduit et accueillir près de quatre-vingt spécialistes du renseignement électronique. Il est prévu que le taux de féminisation soit élevé. Voilà pour la description. L’acquisition, elle, n’a pas été une mince affaire. Petit retour en arrière. Au milieu des années 70, la France se dote de son premier bateau-espion. Il s’agit du Berry, construit en 1958 et transformé en 1974 pour l’écoute. Dès 1983, les armées envisagent le remplacement de ce bâtiment d’expérimentation.
Mais, comme le précise dans son numéro d’octobre la revue trimestrielle L’Armement, publication de la Direction générale pour l’armement (DGA) : «en 1996, le devis de la solution technique répondant au besoin opérationnel dépassait très largement les ressources disponibles et le dossier d’orientation ne fut pas approuvé. La DGA et les états-majors imaginèrent alors une solution intermédiaire pour assurer la mission de recueil du renseignement d’origine électromagnétique. En 1999, Le Bougainville, précédemment utilisé dans le Pacifique et rendu disponible après la fermeture du Centre d’essais de Mururoa, fut transformé pour accueillir les équipements électroniques du Berry jusqu’à la mise en service du Dupuy de Lôme».
Thales maître d’œuvre
Une nouvelle stratégie d’acquisition est alors lancée. Elle est doublement innovante. D’une part, la construction du porteur pourra être sous-traitée à un chantier civil européen et pas forcément à la DCN (Direction des constructions navales) du Ministère de la Défense, d’autre part le maître d’œuvre ne sera pas le chantier naval mais un industriel du secteur de l’électronique de défense. L’objectif : obtenir le meilleur rapport qualité/prix.
La revue L’Armement explique : «grâce à un effort concerté de la Marine nationale et de la DGA, le besoin opérationnel a été réduit au strict nécessaire et les spécificités militaires, qui n‘étaient pas indispensables, ont été éliminées. Cet effort a permis au maître d’œuvre d’accéder au marché civil des constructions navales pour diminuer le prix de moitié. Le porteur sera ainsi construit par le chantier hollandais Royal Niestern Sander pour le compte de la Compagnie nationale de Navigation, un armateur français cotraitant de Thales».
Quant à Thales Naval France (ex-Thomson CSF), il en sera le maître d’œuvre et équipera le navire-espion. Et L’Armement de rappeler les atouts de ce nouveau moyen d’écoute naval : «Par sa capacité d’emport, sa mobilité et son aptitude à se maintenir longtemps dans les eaux internationales, la composante navale est un puissant outil de recherche. Elle autorise en effet un travail approfondi et prolongé sur les théâtres aéro-maritimes ou à proximité des côtes et permet d’assurer sur de grandes distances le recueil, le traitement et la diffusion des informations».
Capable d’opérer dans les meilleures conditions sur des mers très formées, il peut être conduit par un équipage réduit et accueillir près de quatre-vingt spécialistes du renseignement électronique. Il est prévu que le taux de féminisation soit élevé. Voilà pour la description. L’acquisition, elle, n’a pas été une mince affaire. Petit retour en arrière. Au milieu des années 70, la France se dote de son premier bateau-espion. Il s’agit du Berry, construit en 1958 et transformé en 1974 pour l’écoute. Dès 1983, les armées envisagent le remplacement de ce bâtiment d’expérimentation.
Mais, comme le précise dans son numéro d’octobre la revue trimestrielle L’Armement, publication de la Direction générale pour l’armement (DGA) : «en 1996, le devis de la solution technique répondant au besoin opérationnel dépassait très largement les ressources disponibles et le dossier d’orientation ne fut pas approuvé. La DGA et les états-majors imaginèrent alors une solution intermédiaire pour assurer la mission de recueil du renseignement d’origine électromagnétique. En 1999, Le Bougainville, précédemment utilisé dans le Pacifique et rendu disponible après la fermeture du Centre d’essais de Mururoa, fut transformé pour accueillir les équipements électroniques du Berry jusqu’à la mise en service du Dupuy de Lôme».
Thales maître d’œuvre
Une nouvelle stratégie d’acquisition est alors lancée. Elle est doublement innovante. D’une part, la construction du porteur pourra être sous-traitée à un chantier civil européen et pas forcément à la DCN (Direction des constructions navales) du Ministère de la Défense, d’autre part le maître d’œuvre ne sera pas le chantier naval mais un industriel du secteur de l’électronique de défense. L’objectif : obtenir le meilleur rapport qualité/prix.
La revue L’Armement explique : «grâce à un effort concerté de la Marine nationale et de la DGA, le besoin opérationnel a été réduit au strict nécessaire et les spécificités militaires, qui n‘étaient pas indispensables, ont été éliminées. Cet effort a permis au maître d’œuvre d’accéder au marché civil des constructions navales pour diminuer le prix de moitié. Le porteur sera ainsi construit par le chantier hollandais Royal Niestern Sander pour le compte de la Compagnie nationale de Navigation, un armateur français cotraitant de Thales».
Quant à Thales Naval France (ex-Thomson CSF), il en sera le maître d’œuvre et équipera le navire-espion. Et L’Armement de rappeler les atouts de ce nouveau moyen d’écoute naval : «Par sa capacité d’emport, sa mobilité et son aptitude à se maintenir longtemps dans les eaux internationales, la composante navale est un puissant outil de recherche. Elle autorise en effet un travail approfondi et prolongé sur les théâtres aéro-maritimes ou à proximité des côtes et permet d’assurer sur de grandes distances le recueil, le traitement et la diffusion des informations».
par Estelle Nouel
Article publié le 17/11/2002