Pakistan
Retrouvailles entre Téhéran et Islamabad
Un an après la chute du régime des Taliban en Afghanistan, le président iranien effectue une visite officielle au Pakistan. Une manière d’essayer de tourner la page des relations tendues entre les deux pays.
De notre correspondant à Téhéran
En se rendant au Pakistan, le président iranien Mohammad Khatami tente de tourner la page des Taliban, dont le régime avait été à l’origine de l’opposition entre les deux puissances régionales depuis le milieu des années 90. Lors de cette visite de trois jours, le président Khatami doit rencontrer le chef de l'Etat pakistanais Pervez Musharraf et le Premier ministre Mir Zafarullah Khan Jamali.
Malgré les déclarations de bonne volonté faites par les responsables des deux pays, les relations entre l'Iran et le Pakistan avaient connues de fortes tensions en raison de leur opposition à propos de l'Afghanistan. Le Pakistan soutenait à bout de bras les Taliban, qui étaient des sunnites fondamentalistes et considéraient les musulmans chiites, majoritaires en Iran, comme des infidèles. De son côté, l'Iran soutenait politiquement mais aussi militairement l'Alliance du Nord, qui a pris a pris le pouvoir à Kaboul il y a un peu plus d’un an.
«Il ne fait pas doute qu'il y avait des divergences entre les deux pays, notamment à propos des Taliban, mais les événements du 11 septembre 2001 ont modifié la situation partout dans le monde, notamment en Afghanistan», a déclaré le nouveau ministre pakistanais des Affaires étrangères, Khurshid Mahmud Kasuri à la veille de la visite du président iranien.
Certes, un an après la chute des Taliban, les deux pays soutiennent officiellement le gouvernement du président afghan Hamid Karzaï, mais ils n’ont pas trouvé les moyens de relancer leur coopération bilatérale.
Le gazoduc en projet entre l’Iran et l’Inde traverserait le Pakistan
A propos du conflit indo-pakistanais et du Cachemire, l’Iran n’a pas joué sur la corde de la solidarité islamique pour soutenir les combattants islamistes contre l’Inde et se présente comme un médiateur entre New Dehli et Islamabad. «Nous attendons que l’Iran soit plus actif à propos du Cachemire comme c’est le cas pour la Palestine», a ajouté le Premier ministre pakistanais. En effet, signe de la politique d’équilibre de Téhéran entre l’Inde et le Pakistan, le président Khatami se rendra dès le 26 janvier en visite officielle à New Dehli à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance de pays.
Puissance nucléaire et alliée des Etats-Unis, le Pakistan où le fondamentalisme sunnite et anti-chiite s’est développé ces dernières années, inquiète les Iraniens. Signe de cette inquiétude, les médias iraniens dénoncent régulièrement les actions contre la minorité chiite du Pakistan. En effet, des affrontements sanglants opposent régulièrement sunnites et chiites.
Sur le plan économique et commercial, les échanges commerciaux stagnent officiellement à moins de 200 millions de dollars par an. Mais il existe un important commerce de contrebande entre les deux pays que les autorités ne contrôlent guère.
M. Khatami discutera avec ses interlocuteurs du projet pour la construction d’un gazoduc reliant l’Iran à l’Inde en passant par le Pakistan, dont le coût est évalué à plus de 3,5 milliards de dollars. La construction de cet gazoduc est régulièrement annoncée mais les tensions entre l’Inde et le Pakistan ainsi que son coût élevé constituent un frein sérieux. Le projet prévoit la construction du gazoduc sur 1 600 km reliant le sud de l’Iran jusqu’à la province de du Sindh au Pakistan, puis de 1 000 km vers l’Inde.
«Nous attendons de l’Iran qu’il convainque l’Inde que la garantie de sécurité donnée par le Pakistan (pour assurer l’acheminement du gaz) est sérieuse», a ainsi affirmé le président Musharraf. «Nous allons garantir la sécurité du gazoduc quel que soit le tracé choisi, qu’il soit en terre ferme ou en en mer le long de nos côtes», a affirmé de son côté le Premier ministre pakistanais.
Pour l’Iran qui possède 18% des réserves de gaz dans le monde – derrière la Russie – le marché asiatique, en particulier indien représente un potentiel aussi important que le marché européen. Mais la construction de ce gazoduc est encore au stade de simple étude. L’autre solution pour l’Iran est d’acheminer le gaz sous forme de GNL (Gaz naturel liquéfié) transportable par bateau.
Par ailleurs, les deux parties doivent parler de la construction d’une raffinerie d’un coût d’un milliard de dollars dans la province du Baloutchistan (sud-ouest) au Pakistan avec la coopération des Iraniens.
Les Pakistanais ont également demandé à Téhéran de coopérer pour lutter contre le trafic d’essence en provenance de l’Iran, qui a suscité en novembre dernier un mouvement de grève dans les stations d’essence de la province pakistanaise du Baloutchistan (sud-ouest) pour protester contre ce trafic qui les ruine. En effet, l’essence, qui coûte seulement 0,06 cents en Iran, font l’objet d’un important trafic vers le Pakistan. On estime que ce trafic représente 100 000 litres par jour.
En se rendant au Pakistan, le président iranien Mohammad Khatami tente de tourner la page des Taliban, dont le régime avait été à l’origine de l’opposition entre les deux puissances régionales depuis le milieu des années 90. Lors de cette visite de trois jours, le président Khatami doit rencontrer le chef de l'Etat pakistanais Pervez Musharraf et le Premier ministre Mir Zafarullah Khan Jamali.
Malgré les déclarations de bonne volonté faites par les responsables des deux pays, les relations entre l'Iran et le Pakistan avaient connues de fortes tensions en raison de leur opposition à propos de l'Afghanistan. Le Pakistan soutenait à bout de bras les Taliban, qui étaient des sunnites fondamentalistes et considéraient les musulmans chiites, majoritaires en Iran, comme des infidèles. De son côté, l'Iran soutenait politiquement mais aussi militairement l'Alliance du Nord, qui a pris a pris le pouvoir à Kaboul il y a un peu plus d’un an.
«Il ne fait pas doute qu'il y avait des divergences entre les deux pays, notamment à propos des Taliban, mais les événements du 11 septembre 2001 ont modifié la situation partout dans le monde, notamment en Afghanistan», a déclaré le nouveau ministre pakistanais des Affaires étrangères, Khurshid Mahmud Kasuri à la veille de la visite du président iranien.
Certes, un an après la chute des Taliban, les deux pays soutiennent officiellement le gouvernement du président afghan Hamid Karzaï, mais ils n’ont pas trouvé les moyens de relancer leur coopération bilatérale.
Le gazoduc en projet entre l’Iran et l’Inde traverserait le Pakistan
A propos du conflit indo-pakistanais et du Cachemire, l’Iran n’a pas joué sur la corde de la solidarité islamique pour soutenir les combattants islamistes contre l’Inde et se présente comme un médiateur entre New Dehli et Islamabad. «Nous attendons que l’Iran soit plus actif à propos du Cachemire comme c’est le cas pour la Palestine», a ajouté le Premier ministre pakistanais. En effet, signe de la politique d’équilibre de Téhéran entre l’Inde et le Pakistan, le président Khatami se rendra dès le 26 janvier en visite officielle à New Dehli à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance de pays.
Puissance nucléaire et alliée des Etats-Unis, le Pakistan où le fondamentalisme sunnite et anti-chiite s’est développé ces dernières années, inquiète les Iraniens. Signe de cette inquiétude, les médias iraniens dénoncent régulièrement les actions contre la minorité chiite du Pakistan. En effet, des affrontements sanglants opposent régulièrement sunnites et chiites.
Sur le plan économique et commercial, les échanges commerciaux stagnent officiellement à moins de 200 millions de dollars par an. Mais il existe un important commerce de contrebande entre les deux pays que les autorités ne contrôlent guère.
M. Khatami discutera avec ses interlocuteurs du projet pour la construction d’un gazoduc reliant l’Iran à l’Inde en passant par le Pakistan, dont le coût est évalué à plus de 3,5 milliards de dollars. La construction de cet gazoduc est régulièrement annoncée mais les tensions entre l’Inde et le Pakistan ainsi que son coût élevé constituent un frein sérieux. Le projet prévoit la construction du gazoduc sur 1 600 km reliant le sud de l’Iran jusqu’à la province de du Sindh au Pakistan, puis de 1 000 km vers l’Inde.
«Nous attendons de l’Iran qu’il convainque l’Inde que la garantie de sécurité donnée par le Pakistan (pour assurer l’acheminement du gaz) est sérieuse», a ainsi affirmé le président Musharraf. «Nous allons garantir la sécurité du gazoduc quel que soit le tracé choisi, qu’il soit en terre ferme ou en en mer le long de nos côtes», a affirmé de son côté le Premier ministre pakistanais.
Pour l’Iran qui possède 18% des réserves de gaz dans le monde – derrière la Russie – le marché asiatique, en particulier indien représente un potentiel aussi important que le marché européen. Mais la construction de ce gazoduc est encore au stade de simple étude. L’autre solution pour l’Iran est d’acheminer le gaz sous forme de GNL (Gaz naturel liquéfié) transportable par bateau.
Par ailleurs, les deux parties doivent parler de la construction d’une raffinerie d’un coût d’un milliard de dollars dans la province du Baloutchistan (sud-ouest) au Pakistan avec la coopération des Iraniens.
Les Pakistanais ont également demandé à Téhéran de coopérer pour lutter contre le trafic d’essence en provenance de l’Iran, qui a suscité en novembre dernier un mouvement de grève dans les stations d’essence de la province pakistanaise du Baloutchistan (sud-ouest) pour protester contre ce trafic qui les ruine. En effet, l’essence, qui coûte seulement 0,06 cents en Iran, font l’objet d’un important trafic vers le Pakistan. On estime que ce trafic représente 100 000 litres par jour.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 23/12/2002