Racisme
Le Crif s’en prend aux «<i>bruns-verts-rouges</i>»
Lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Roger Cukierman, son président, a créé la surprise en assimilant antisionisme et antisémitisme et en dénonçant une «alliance bruns-verts-rouges». Des propos qui ont provoqué le départ de tout nouveau secrétaire national des Verts, Gilles Lemaire.
Comme chaque année, ministres, élus, responsables politiques de tous bords, religieux se sont pressés au dîner annuel du Crif, rendez-vous créé il y a dix-huit ans par son ancien président, Théo Klein. Et comme chaque année, le discours du président de cette association a été consacré, pour une large part, au conflit israélo-palestinien. Défenseur inconditionnel de l’Etat d’Israël, le Crif critique régulièrement la politique française au Proche-Orient, jugée trop favorable aux thèses des pays arabes. Lors du précédent dîner, en décembre 2001, Roger Cukierman avait évoqué devant Lionel Jospin, la montée d’une «haine antijuive» en France.
Mais cette année l’expression «alliance brun vert rouge» regroupant «une extrême droite nostalgique des hiérarchies raciales et un courant d’extrême gauche, antimondialiste, anticapitaliste, antiaméricain, antisioniste», lancée le 25 janvier par Roger Cukierman a déclenché une vive polémique. En outre, il a affirmé que «l’antisionisme est le nouvel habit de l’antisémitisme» et s’en est pris, sans le nommer, à José Bové, «chef d’un syndicat paysan qui défie nos lois, et développe une agitation fébrile qui le conduit à défendre les paysans français de Durban à Porto Alegre, et de Gênes à Ramallah, en passant par Seattle». Lors d’un voyage dans les territoires occupés en avril 2002, José Bové avait accusé Israël de «purification ethnique».
Jean-Pierre Raffarin est resté stoïque
Ces déclarations ont eu pour effet immédiat le départ précipité de Gilles Lemaire, nouveau secrétaire national des Verts qui a jugé ces propos «inadmissibles». «Il y a des propos que je n’accepte pas. On n’appelle pas à la démocratie et à la laïcité en employant ces mots-là», a-t-il affirmé. De son côté, la députée verte Martine Billard s’est également éclipsée, mais un peu plus tard, en soulignant toutefois qu’il ne s’agissait pas pour elle de claquer la porte. Cependant, elle a déclaré ne pas avoir «apprécié la mise en cause de la Confédération paysanne». Noël Mamère, député Vert de Gironde a dénoncé «l’amalgame» de Roger Cukierman et son intention de «jeter l’anathème» sur les Verts, avant d’ajouter : «ce n’est pas parce qu’on dénonce la politique d’Ariel Sharon qui a été démocratiquement élu et le sera sans doute demain que pour autant on est antisémite ou antiisraélien». Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste français a également mal ressenti ce «mauvais amalgame», entre antisionisme et antisémitisme.
Au parti socialiste, on s’est aussi indigné de ces déclarations. Jack Lang a qualifié «d’excessifs» les propos tenus par le président du Crif. «C’est une erreur, à l’occasion d’une telle réunion de politiser les choses (…) Qu’il y ait chez certaines personnes parfois certains relents de racisme, ce n’est pas impossible, mais on ne peut pas globalement, sans preuve, accuser ainsi plusieurs organisations politiques». Le Premier ministre qui était présent lors de ce gala a tenté de rassurer le Crif en soulignant que son gouvernement était «particulièrement attentif» au «fléau» de l’antisémitisme. «Nous ne tolérerons jamais qu’une synagogue, qu’une mosquée, qu’une église, qu’un temple soient profanés», a-t-il ajouté. Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a tenu à réaffirmer que l’antisémitisme pouvait «prendre des formes différentes». «On l’a bien vu depuis la deuxième intifada et depuis le 11 septembre. Des responsables politiques et des intellectuels expriment un antiaméricanisme, un antisionisme et cela peut dériver rapidement vers l’antisémitisme», a-t-il dit.
Le lendemain du dîner annuel, le Crif a tenu à calmer le jeu. Dans un communiqué, il a annoncé vouloir dialoguer avec toutes les formations politiques démocratiques, «y compris les Verts et leurs dirigeants». «Mais la participation de certains responsables des Verts à toutes les manifestations antiisraéliennes, le soutien accordé à José Bové, expliquent certaines craintes exprimées par le président du Crif», ajoute le texte.
Mais cette année l’expression «alliance brun vert rouge» regroupant «une extrême droite nostalgique des hiérarchies raciales et un courant d’extrême gauche, antimondialiste, anticapitaliste, antiaméricain, antisioniste», lancée le 25 janvier par Roger Cukierman a déclenché une vive polémique. En outre, il a affirmé que «l’antisionisme est le nouvel habit de l’antisémitisme» et s’en est pris, sans le nommer, à José Bové, «chef d’un syndicat paysan qui défie nos lois, et développe une agitation fébrile qui le conduit à défendre les paysans français de Durban à Porto Alegre, et de Gênes à Ramallah, en passant par Seattle». Lors d’un voyage dans les territoires occupés en avril 2002, José Bové avait accusé Israël de «purification ethnique».
Jean-Pierre Raffarin est resté stoïque
Ces déclarations ont eu pour effet immédiat le départ précipité de Gilles Lemaire, nouveau secrétaire national des Verts qui a jugé ces propos «inadmissibles». «Il y a des propos que je n’accepte pas. On n’appelle pas à la démocratie et à la laïcité en employant ces mots-là», a-t-il affirmé. De son côté, la députée verte Martine Billard s’est également éclipsée, mais un peu plus tard, en soulignant toutefois qu’il ne s’agissait pas pour elle de claquer la porte. Cependant, elle a déclaré ne pas avoir «apprécié la mise en cause de la Confédération paysanne». Noël Mamère, député Vert de Gironde a dénoncé «l’amalgame» de Roger Cukierman et son intention de «jeter l’anathème» sur les Verts, avant d’ajouter : «ce n’est pas parce qu’on dénonce la politique d’Ariel Sharon qui a été démocratiquement élu et le sera sans doute demain que pour autant on est antisémite ou antiisraélien». Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste français a également mal ressenti ce «mauvais amalgame», entre antisionisme et antisémitisme.
Au parti socialiste, on s’est aussi indigné de ces déclarations. Jack Lang a qualifié «d’excessifs» les propos tenus par le président du Crif. «C’est une erreur, à l’occasion d’une telle réunion de politiser les choses (…) Qu’il y ait chez certaines personnes parfois certains relents de racisme, ce n’est pas impossible, mais on ne peut pas globalement, sans preuve, accuser ainsi plusieurs organisations politiques». Le Premier ministre qui était présent lors de ce gala a tenté de rassurer le Crif en soulignant que son gouvernement était «particulièrement attentif» au «fléau» de l’antisémitisme. «Nous ne tolérerons jamais qu’une synagogue, qu’une mosquée, qu’une église, qu’un temple soient profanés», a-t-il ajouté. Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a tenu à réaffirmer que l’antisémitisme pouvait «prendre des formes différentes». «On l’a bien vu depuis la deuxième intifada et depuis le 11 septembre. Des responsables politiques et des intellectuels expriment un antiaméricanisme, un antisionisme et cela peut dériver rapidement vers l’antisémitisme», a-t-il dit.
Le lendemain du dîner annuel, le Crif a tenu à calmer le jeu. Dans un communiqué, il a annoncé vouloir dialoguer avec toutes les formations politiques démocratiques, «y compris les Verts et leurs dirigeants». «Mais la participation de certains responsables des Verts à toutes les manifestations antiisraéliennes, le soutien accordé à José Bové, expliquent certaines craintes exprimées par le président du Crif», ajoute le texte.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 27/01/2003