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Racisme

Attentats antisémites en France

Cinq attaques commises en France contre des intérêts juifs en moins de quarante-huit heures : l’émotion est vive face à cette vague d’actes antisémites commis en plein week end de Pâques, alors que la tension au Proche-Orient est à son paroxysme. Le président Jacques Chirac a lancé lundi un appel à la tolérance et demandé au gouvernement de renforcer la protection des lieux de culte.
Dans un communiqué publié lundi, l’Elysée précise que le chef de l’Etat a demandé «de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour que soient recherchés et punis sévérement les auteurs de ces violences» contre les juifs. Cette réaction fait suite à la destruction de la synagogue de Marseille dimanche soir. Elle a été totalement dévastée par un incendie criminel. Dès les premiers signes d’hostilité à l’encontre de la communauté israélite vendredi, Jacques Chirac avait affirmé que la «liberté de conscience, la liberté religieuse et la liberté de penser sont des valeurs cardinales de la République et ne peuvent laisser aucune place à l’antisémitisme, au racisme et à la xénophobie».

Dans la nuit de samedi à dimanche, la synagogue du quartier de Cronenbourg, dans la ville de Strasbourg, a été visée par une tentative d’incendie. Samedi encore, dans la banlieue de Toulouse cette fois, un inconnu a ouvert le feu sur une boutique casher, avant de prendre la fuite en voiture.

Vendredi, c’est la synagogue de la Duchère à Lyon qui a été l’objet d’une agression particulièrement violente et préméditée : une vingtaine d’hommes cagoulés ont enfoncé le portail et fait exploser contre le bâtiment religieux deux voitures béliers. Les pompiers sont intervenus rapidement et ont permis de limiter les dégâts dans cette synagogue du nord-ouest de Lyon. Sous le choc, la communauté juive de la ville s’est rassemblée devant la préfecture pour demander le renforcement des mesures de sécurité. Quelques heures plus tard, quelque 7000 personnes ont défilé dans Lyon, lors d’une manifestation de soutien à la Palestine. Au chapitre des agressions, on note encore la violente prise à partie, d’un couple juif dans la banlieue lyonnaise. La victime, qui portait la kippa, a du être hospitalisé, tout comme son épouse enceinte, pour subir des examens. Les agresseurs étaient toujours en fuite.

Cascade de réactions

Les réactions ont afflué pour condamner ces actions. Depuis Saint-Joseph, en Martinique, où il est en campagne électorale, le Premier ministre Lionel Jospin a déclaré que «tout cela était dû à cette situation d’explosion des passions et de violences extrêmes au Proche Orient. Nous n’avons aucune raison d’accepter que ces problèmes soient transposés au sein de la communauté nationale française» .

Le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant a également rappelé que la France «est une terre de tolérance où la liberté des cultes est garantie. Dans un contexte de vives tensions internationales, il est essentiel de préserver l’esprit de concorde qui doit prévaloir entre tous nos concitoyens».

Pour Jean Kahn, le président du Consistoire central de France, qui évoque la Nuit de cristal (les pogroms de novembre 1938 dans l’Allemagne nazie), «les pouvoirs publics, doivent prendre au sérieux toutes ces menaces». De son côté la Ligue des droits de l’Homme estime que «critiquer et condamner la folie de la politique du gouvernement d’Israël ne justifie en rien de s’attaquer à des lieux de culte et à des individus en raison de leur origine».

Enfin, selon un recensement publié par SOS Racisme et l’Union des étudiants juifs de France, 405 actes antisémites ont été commis en France entre septembre 2000 (début de l’Intifada) et janvier 2002.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 01/04/2002