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Racisme

Des idées antisémites persistent en France

La France n’est pas antisémite, mais des idées antisémites persistent dans la société, estiment l’Union des étudiants juifs de France et SOS Racisme. La preuve en est dans certaines réponses, certes minoritaires, des moins de 25 ans sondés par la Sofres en février 2002.
Quel racisme s’exprime-t-il dans la génération qui fut celle de l’antiracisme et du slogan «touche pas à mon pote» ? Pour Patrick Klugman, président de l’Union des étudiants juifs de France le «nouveau racisme résurgent, c’est l’antisémitisme». A l’appui de cette affirmation, l’UEJF et SOS Racisme publient, ensemble, le «livre blanc des violences antisémites en France depuis septembre 2000» intitulé Les Antifeujs (éd. Calmann-Lévy). Les «antifeujs», terme construit à partir de «feujs», c’est-à-dire juifs dans l’argot des jeunes de banlieue, fait référence à cet antisémitisme nié qui consiste à désigner les juifs sans les nommer.

Mais, pas plus que la France n’est antisémite alors qu’il y a des actes antisémites, la «banlieue» n’est antisémite dans son ensemble, quand des actes contre la communauté juive s’y produisent, souligne Malek Boutih, président de SOS Racisme. La publication du livre blanc n’est pas, non plus «une initiative judéo-arabe» car l’antisémitisme est, selon lui, «un racisme comme les autres».

La recension, jour par jour, du 7 septembre 2000 au 31 janvier 2002 des 405 actes contre des juifs est présentée sans hiérarchie de gravité, de la lettre d’insulte à l’agression physique en passant par les graffitis ou les agressions verbales. Elle a pour but d’accumuler des faits incontestables. Et cette radiographie s’accompagne d’un sondage sur l’image des juifs réalisé par la Sofres auprès de 400 jeunes de 15 à 24 ans, du 28 janvier au 2 février 2002.

L’ambiguïté demeure

Beaucoup de motifs de satisfaction en ressortent pour les antiracistes. Très majoritairement, de 77% à 80%, les jeunes rejettent l’idée selon laquelle les juifs auraient trop d’influence dans les domaines économique et financier, la politique ou les médias. De même 80% n’excluent pas de vivre avec un juif ou une juive. Et 87% d’entre eux réprouvent les actes antisémites et souhaitent qu’ils soient réprimés.

En revanche, Philippe Méchet, directeur des études politiques de la Sofres souligne que plaisanter sur les juifs n’est pas considéré comme fautif par plus d’un jeune sur quatre et que l’insulte antijuive, sous forme de plaisanterie, n’est pas jugée très grave.

L’attitude des jeunes français d’origine maghrébine n’est pas très différente de celle des autres jeunes de leur âge. Si ce n’est qu’ils se montrent plus sensible à une stigmatisation en fonction de la religion qui pourrait aussi les concerner, comme le port de la kippa ou la dégradation des lieux de culte. A l’inverse ils supposent aux juifs une influence plus grande que les autres dans la finance ou la politique et sont plus nombreux à ne pas imaginer vivre avec un juif ou une juive.

La remontée des actes antijuifs en France n’est pas, ajoute le président de SOS Racisme, «un dégât collatéral du conflit moyen-oriental, il a seulement servi de déclencheur à des forces prêtes à agir car le poison demeure dans la société française». Toutefois, 29% des jeunes interrogés estiment qu’un juif français a plus de points communs avec un juif israélien qu’avec un français non-juif et 11% affirment que si les juifs de France ne soutenaient pas autant Israël ces attentats n’auraient pas lieu.

Ambiguïté à laquelle n’échappent pas l’Union des étudiants juifs de France et SODS racisme quand ces deux organisations affirment, dans leur introduction, qu’ «un acte antisémite est un acte antijuif, et cela seulement » ajoutant quelques pages plus loin «l’antisémitisme se confond de plus en plus avec l’antisionisme».



par Francine  Quentin

Article publié le 12/03/2002