Littérature
Etonnants voyageurs au Mali: un pari en passe d’être gagné
Pour son édition 2003, le festival Etonnants voyageurs a fait un pas de plus en direction de l’autonomie souhaitée par son créateur. Le festival devient un rendez-vous organisé par des Africains pour l’Afrique et le monde.
De notre envoyé spécial
Un mur jaune, d’un jaune pâle, aux peintures écaillées par endroits, au long duquel gambadent trois gamins radieux, riant aux éclats. Cette superbe représentation de l’enfance heureuse, mais aussi de l’imaginaire du voyage symbolisé par les avions miniaturisés en bois ou en plastique que le trio tient à la main, orne l’affiche de la troisième édition des Etonnants Voyageurs de Bamako inaugurée en présence du ministre de la culture qui n’est autre que le célèbre cinéaste Cheikh Oumar Cissoko. Devant un parterre composé de bamakois, mais aussi d’auteurs et de participants venus en force de Paris, le ministre a déclaré ouvert ce festival unique qui célèbre l’écrit et la littérature dans le pays de l’oralité par excellence qu’est le Mali.
Les festivités à proprement parler ont commencé bien avant l’ouverture formelle, avec l’accueil des écrivains dans les lycées et les bibliothèques des villes intérieures. Les écrivains invités du festival se sont ainsi partagés entre Kayes, Kita, Koulikoro, Mopti, Ségou et Tombouctou pour converser avec le public des provinces qui est d’autant plus passionné qu’il est loin du centre qui monopolise les initiatives trop peu nombreuses en matière de pratiques culturelles.
A Bamako même, les manifestations ont débuté par une table ronde consacrée aux responsabilités des écrivains face aux identités malmenées par la mondialisation. Participaient à cette table ronde la critique littéraire Lilyan Kesteloot, l’écrivain malien Urbain Dembélé, le franco-camerounais Alain Mabanckou, le français Emmanuel Goujon et le bouillant togolais Kossi Effoui qui a d’emblée mis les pieds dans le plat en fustigeant, avec cette rage lucide qui le caractérise, les « atavistes » et les « communautaristes » de tous poils. Aux injonctions des anciens qui rappelaient, citant Césaire, que « c’est par les racines qu’on accède à l’universel », l’auteur du bouleversant Fabrique des cérémonies a opposé son droit à la liberté de renier ses racines noires pour se définir en tant qu’écrivain tout court. « Je suis partout au monde chez moi », a-t-il affirmé, entraînant dans son sillage la plupart des jeunes écrivains africains qui considèrent l’héritage de la négritude comme un poids dont ils doivent se débarrasser à tout prix pour renouveler leur inspiration.
La bataille des anciens et des modernes
Pendant que dans l’ambiance quasi-sylvestre du Palais de la culture, sous les chapiteaux dressés pour l’occasion, certains se sont livrés à un « remake » de la bataille des Anciens et des Modernes, d’autres ont pu aborder la question de la littérature avec une plus grande sérénité dans les lycées et les grandes écoles de Bamako qui sont les partenaires du Festival. La curiosité et la vivacité des écoliers aidant, ces rencontres ont débouché sur des interrogations précises sur les livres et sur les parcours des écrivains.
Enfin, un certain nombre de rencontres sont programmées au Centre culturel français qui, contrairement aux années précédentes, n’est plus au cœur du dispositif infrastructurel des Etonnants voyageurs de Bamako. C’est sans doute le signe que le souhait de Michel Le Bris de voir progressivement l’Etat malien prendre en charge le festival, ses infrastructures comme sa gestion, est en train de se réaliser.
Un mur jaune, d’un jaune pâle, aux peintures écaillées par endroits, au long duquel gambadent trois gamins radieux, riant aux éclats. Cette superbe représentation de l’enfance heureuse, mais aussi de l’imaginaire du voyage symbolisé par les avions miniaturisés en bois ou en plastique que le trio tient à la main, orne l’affiche de la troisième édition des Etonnants Voyageurs de Bamako inaugurée en présence du ministre de la culture qui n’est autre que le célèbre cinéaste Cheikh Oumar Cissoko. Devant un parterre composé de bamakois, mais aussi d’auteurs et de participants venus en force de Paris, le ministre a déclaré ouvert ce festival unique qui célèbre l’écrit et la littérature dans le pays de l’oralité par excellence qu’est le Mali.
Les festivités à proprement parler ont commencé bien avant l’ouverture formelle, avec l’accueil des écrivains dans les lycées et les bibliothèques des villes intérieures. Les écrivains invités du festival se sont ainsi partagés entre Kayes, Kita, Koulikoro, Mopti, Ségou et Tombouctou pour converser avec le public des provinces qui est d’autant plus passionné qu’il est loin du centre qui monopolise les initiatives trop peu nombreuses en matière de pratiques culturelles.
A Bamako même, les manifestations ont débuté par une table ronde consacrée aux responsabilités des écrivains face aux identités malmenées par la mondialisation. Participaient à cette table ronde la critique littéraire Lilyan Kesteloot, l’écrivain malien Urbain Dembélé, le franco-camerounais Alain Mabanckou, le français Emmanuel Goujon et le bouillant togolais Kossi Effoui qui a d’emblée mis les pieds dans le plat en fustigeant, avec cette rage lucide qui le caractérise, les « atavistes » et les « communautaristes » de tous poils. Aux injonctions des anciens qui rappelaient, citant Césaire, que « c’est par les racines qu’on accède à l’universel », l’auteur du bouleversant Fabrique des cérémonies a opposé son droit à la liberté de renier ses racines noires pour se définir en tant qu’écrivain tout court. « Je suis partout au monde chez moi », a-t-il affirmé, entraînant dans son sillage la plupart des jeunes écrivains africains qui considèrent l’héritage de la négritude comme un poids dont ils doivent se débarrasser à tout prix pour renouveler leur inspiration.
La bataille des anciens et des modernes
Pendant que dans l’ambiance quasi-sylvestre du Palais de la culture, sous les chapiteaux dressés pour l’occasion, certains se sont livrés à un « remake » de la bataille des Anciens et des Modernes, d’autres ont pu aborder la question de la littérature avec une plus grande sérénité dans les lycées et les grandes écoles de Bamako qui sont les partenaires du Festival. La curiosité et la vivacité des écoliers aidant, ces rencontres ont débouché sur des interrogations précises sur les livres et sur les parcours des écrivains.
Enfin, un certain nombre de rencontres sont programmées au Centre culturel français qui, contrairement aux années précédentes, n’est plus au cœur du dispositif infrastructurel des Etonnants voyageurs de Bamako. C’est sans doute le signe que le souhait de Michel Le Bris de voir progressivement l’Etat malien prendre en charge le festival, ses infrastructures comme sa gestion, est en train de se réaliser.
par Tirthankar Chanda
Article publié le 10/02/2003