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Littérature

Cheikh Oumar Sissoko: <i>"ce festival est un outil de développement"</i>

Cheikh Oumar Sissoko est le ministre malien de la culture. Cinéaste de profession, il a réalisé des films comme Nyamanton ou la leçon des ordures, Finzan, Guimba, un tyran, une époque, La grève des battù et La Genèse.
RFI: Votre présence à l’inauguration de cette troisième édition des Etonnants Voyageurs de Bamako témoigne de l’importance que l’Etat malien attache à ce festival. Qu’attendez-vous de cette manifestation ?

Cheikh Oumar Sissoko:
Nous sommes particulièrement fiers d’accueillir sur notre territoire un festival international du livre qui réunit tant de grands et éminents écrivains venus du monde entier. Pour nous, ce festival est aussi un outil de développement de la lecture au Mali. Nous espérons qu’il permettra d’asseoir la culture du livre dans ce pays, en donnant aux jeunes et aux moins jeunes l’envie de lire. Il faut que les Maliens lisent davantage à la fois pour s’informer et pour participer au dialogue des cultures. Pour moi, c’est une priorité et c’est la raison pour laquelle, je me suis personnellement engagé à apporter dès l’année prochaine, outre des soutiens infrastructurels tels que la mise à la disposition du Palais de la Culture, des subventions financières substantielles qui n’ont pas été cette année, hélas, à la hauteur des espérances.

RFI: Que pensez-vous de l’initiative prise par les organisateurs de ce festival pour l’élargir au-delà des frontières de Bamako ?

Cheikh Oumar Sissoko:
C’est une excellente initiative. Cela avait déjà été fait l’année dernière, mais cette année plus de villes ont été ajoutées au programme des opérations décentralisées. D’ailleurs, cette décentralisation va dans le sens de la politique culturelle du gouvernement. Nous sommes en train de doter tout le territoire de bibliothèques qui pourront accueillir à terme les écrivains invités par le festival. Il est capital que tous les Maliens puissent s’imprégner de la culture du livre.

RFI: Cinéaste de profession, vous êtes passé depuis quelques mois de la direction des acteurs à la direction du département de la culture de votre pays. Dans quel esprit exercez-vous cette nouvelle fonction ?

Cheikh Oumar Sissoko:
Dans un esprit d’humilité car en tant que ministre je suis douloureusement conscient de la pénurie de nos moyens. Or les responsabilités sont énormes. Il faut remédier à l’absence de l’Afrique dans la culture mondiale. Pour cela, il faut créer de toutes pièces à l’intérieur de mon pays, mais aussi à l’échelle du continent tout entier, un marché qui permet de valoriser les biens culturels et d’en assurer la circulation et la diffusion. L’Afrique a beaucoup à apporter au monde sur le plan culturel. Il y a aujourd’hui sur notre continent une véritable explosion de créativité artistique et littéraire. Mais l’absence d’outils économiques et commerciaux efficaces empêche nos artistes et nos écrivains d’évoluer sur place dans des conditions propices à la créativité. Voilà pourquoi nous voudrions voir se perpétuer au Mali un événement comme les Etonnants voyageurs. C’est le souhait de Moussa Konaté, mais aussi celui du département de la culture que je dirige et du gouvernement auquel j’ai l’honneur d’appartenir.



par Propos recueillis recueillis par Tirthankar  Chanda

Article publié le 10/02/2003