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Fespaco 2003

Une sélection très francophone

Seize longs métrages (et treize courts) en compétition, avec une nette prédominance de l’Afrique noire francophone. Sans oublier le marché du film (MICA), les films de la diaspora, et une rencontre qui devrait permettre, une fois n’étant pas coutume, de braquer les projecteurs sur ces éternels oubliés du cinéma africain que sont les comédiens: tel est le programme du 18e Fespaco.
Seize longs métrages seront en compétition pour la 18e édition du Fespaco. Certains ont été vus dans divers festivals, notamment à Cannes (Sélection officielle, catégorie «Un certain regard», pour Heremakono, Quinzaine des réalisateurs pour Abouna, Semaine de la critique pour Kabala), d’autres sont même déjà sortis, au moins dans les salles françaises (L’Afrance, Fatma), mais la plupart sont inédits.

Contrairement aux éditions précédentes, qui tentaient avec plus ou moins de succès de faire la part belle à l’Afrique anglophone et de maintenir l’équilibre entre Maghreb et Afrique noire, la cuvée Fespaco 2003 est ouvertement francophone: dix films d’Afrique de l’Ouest contre quatre du Maghreb, sans oublier Heremakono («En attendant le bonheur»), sur la tangente à plus d’un titre: non pas tant de par sa nationalité (mauritanienne) et le parcours de son auteur, Abderrahmane Sissako (né en Mauritanie, élevé au Mali), que par son sujet: un groupe de personnages échoués à Nouadhibou (une petite ville du Nord mauritanien) où ils attendent plus ou moins sereinement le bonheur, autant dire le départ pour un hypothétique ailleurs, du côté des côtes andalouses ou des bords de Seine.

On peut regretter ce recentrement sur l’Afrique (de l’Ouest pour l’essentiel) francophone, au moment où l’un des pôles les plus actifs, cinématographiquement parlant (pour autant que l’on puisse employer ce terme à propos d’œuvres dont le support majeur est la vidéo), du Continent se situe en zone anglophone, très précisément au Ghana et au Nigeria. Ou s’étonner que le Maghreb soit si peu représenté, notamment le Maroc, où une politique efficace de soutien (financée par une taxe sur les recettes publicitaires des chaînes de télévision) a permis un redémarrage de l’industrie cinématographique.

On notera enfin la grande jeunesse des cinéastes en compétition. Plusieurs longs métrages sont des premiers films (Le prix du pardon, mais aussi L’Afrance, Fatma, Kabala….). A l’exception de Flora Gomes et de Cheikh Doukouré (encore ce dernier est-il connu en tant qu’acteur plutôt que comme cinéaste), la moyenne d’âge des sélectionnés est plutôt basse, et la sélection brille par l’absence des «vétérans» (Souleymane Cissé, Sembène Ousmane), voire des «jeunes anciens» comme Cheikh Oumar Sissoko ou Idrissa Ouedraogo.



par Elisabeth  Lequeret

Article publié le 11/02/2003