Irak
Pacifistes et va-t-en-guerre campent sur leurs positions
Les déclarations fusent de toutes parts à la veille d’une nouvelle réunion du Conseil de sécurité destinée à étudier le rapport des chefs des inspecteurs de l’ONU, Hans Blix et Mohamed el-Baradeï. Pour les uns, Etats-Unis en tête, le régime de Bagdad est en «violation patente» de la résolution 1441 et doit à ce titre se préparer à être désarmer par la force. Pour les autres, rien ne prouve pour l’instant que l’Irak possède des armes de destruction massive et il faut dans ce contexte renforcer le travail des experts en désarmement comme le préconisent Paris et Berlin. Plus que jamais les partisans d’une guerre et ceux d’un renforcement du régime des inspections campent sur leurs positions laissant présager des débats houleux aussi bien aux Nations unies qu’au siège de l’Otan, qui traverse une crise sans précédent, ou au sein de l’Union européenne à quelques jours d’une réunion au sommet convoquée dans l’urgence par la présidence grecque, lundi.
Les Américains ne cachent plus leur agacement face à la résistance de la «vieille Europe» qui refuse de se rallier à leur volonté de déclencher une guerre contre l’Irak. Si l’on a pu un moment considérer les déclarations du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld comme de simples écarts de langage, les récentes affirmations du chef de la diplomatie américaine ne laissent plus aucun doute sur l’état d’esprit de l’administration Bush. Colin Powell a en effet fait monter la pression contre Paris et Berlin, les accusant de vouloir «sauver la mise» au régime de Saddam Hussein en proposant de renforcer le régime des inspections en Irak. «La France et l’Allemagne résistent et pensent qu’il faut plus d’inspecteurs, plus de temps», a-t-il notamment affirmé devant une commission du Congrès américain. «Mais la question que je leur pose, c’est pourquoi plus d’inspecteurs ? Et combien de temps ?», a-t-il ajouté en soulignant que «Saddam Hussein lui-même aimerait avoir plus d’inspecteurs car c’est juste un moyen de retarder les choses et de détourner l’attention». Visiblement excédé, le secrétaire d’Etat n’a pas hésité à accuser Paris et Berlin de faire le jeu de l’Irak. «Cherchent-ils juste à retarder les choses pour les retarder ou pour sauver la mise à Saddam Hussein et qu’il n’y ait pas de désarmement ?», s’est-il ainsi interrogé.
Ces accusations du secrétaire d’Etat américain ont été jugées «pas sérieuses» par le chef de la diplomatie française Dominique de Villepin pour qui «La France défend une solution dans le cadre des Nations unies, dans le cadre de la résolution 1441 qui est la solution préconisée par la communauté internationale toute entière». «Nous l’avons dit clairement, tant que les inspecteurs peuvent travailler, ce sont les termes même de la 1441, nous devons appuyer leurs efforts», a notamment affirmé le ministre qui sera présent vendredi au siège de l’ONU pour la remise du rapport des chefs des inspecteurs. La France est largement soutenue par l’Allemagne qui préside en février le Conseil de sécurité. Le chancelier Gerhard Schröder l’a d’ailleurs réaffirmé au cours d’un discours intitulé «notre responsabilité pour la paix» devant le Bundestag. «Nous pouvons désarmer l’Irak sans faire la guerre», a-t-il notamment déclaré en soulignant que la responsabilité de l’Allemagne était de «donner aux inspecteurs les moyens de mener à bien leur mission». Plus catégorique, Joschka Fischer a pour sa part estimé que «l’Irak n’était pas en violation patente de la résolution 1441 de l’ONU». «Il n’y a donc aucune raison de déclencher une guerre», a notamment déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères qui sera également présent vendredi aux Nations unies.
Les Britanniques sur le pied de guerre
Le couple franco-allemand qui a présenté aux membres du Conseil de sécurité une série de propositions visant à renforcer le travail des experts en désarmement sait qu’il peut d’ores et déjà compter sur le soutien de la Russie et de la Chine, deux membres permanents du Conseil. Le président Vladimir Poutine qui s’est rangé aux côtés de Paris et Berlin a ainsi affirmé que son pays ferait usage de son droit de veto «s’il le faut». «A plusieurs reprise déjà la Russie a dû recourir à son droit de veto et s’il le faut, elle le fera encore», a-t-il affirmé au cours d’une visite officielle en France. Il a toutefois précisé que la décision du Conseil de sécurité devra être prise en fonction des résultats du rapport des chefs des inspecteurs. «Si l’Irak ne coopère pas, nous serons alors prêts à examiner la possibilité d’exercer une pression plus importante», a-t-il ajouté. Plus prudente, la Chine n’a certes pas menacé d’utiliser son droit de veto. Mais elle a rappelé la nécessité de «tout tenter pour essayer d’éviter une guerre». Les Chinois semblent en outre beaucoup plus préoccupés par la crise en Corée du Nord, selon eux autrement plus explosive que le dossier irakien, et semblent exaspérés par l’attitude américaine qu’ils jugent dangereuse.
Si les voix pacifistes semblent majoritaires au Conseil de sécurité, Américains et Britanniques n’ont pas l’intention de se laisser dicter leur conduite. La Grande Bretagne, la plus fidèle alliéz des Etats-Unis, est en effet prête à entrer en guerre contre l’Irak même si elle n’obtient pas de seconde résolution de l’ONU. Le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon a en effet affirmé que «si la seconde résolution était bloquée au Conseil de sécurité, Londres entrerait en action comme au Kosovo pour lequel aucune résolution spécifique n’avait été adoptée». Le Premier ministre Tony Blair a par ailleurs affirmé que si l’information concernant le développement par l’Irak de missiles d’une portée supérieure à celle autorisée par l’ONU était confirmé alors le régime irakien «serait en violation patente de la résolution 1441». «Si ces informations sont correctes, elles sont graves. Il ne s’agit pas seulement d’un refus de déclarer et de dévoiler des informations, il s’agit d’une violation de la 1441», a-t-il affirmé.
Cette radicalisation des positions des uns et des autres intervient au moment où l’Otan traverse une crise sans précédent après le triple veto de Paris, Berlin et Bruxelles aux demandes américaines de soutien à la Turquie en cas de guerre contre l’Irak. Une sixième réunion des ambassadeurs des 19 pays membres de l’Alliance a été annulée jeudi soir, faute de consensus et aucune rencontre n'a été programmée jusqu'à nouvel ordre. Le chancelier allemand Gerhard Schröder s'était en outre prononcé dans la matinée à Berlin contre une «décision formelle de l'Otan avant les débats du Conseil de sécurité» de l'Onu et la présentation cruciale vendredi d'un nouveau rapport des chefs des inspecteurs en désarmement de l'Irak.
Ces accusations du secrétaire d’Etat américain ont été jugées «pas sérieuses» par le chef de la diplomatie française Dominique de Villepin pour qui «La France défend une solution dans le cadre des Nations unies, dans le cadre de la résolution 1441 qui est la solution préconisée par la communauté internationale toute entière». «Nous l’avons dit clairement, tant que les inspecteurs peuvent travailler, ce sont les termes même de la 1441, nous devons appuyer leurs efforts», a notamment affirmé le ministre qui sera présent vendredi au siège de l’ONU pour la remise du rapport des chefs des inspecteurs. La France est largement soutenue par l’Allemagne qui préside en février le Conseil de sécurité. Le chancelier Gerhard Schröder l’a d’ailleurs réaffirmé au cours d’un discours intitulé «notre responsabilité pour la paix» devant le Bundestag. «Nous pouvons désarmer l’Irak sans faire la guerre», a-t-il notamment déclaré en soulignant que la responsabilité de l’Allemagne était de «donner aux inspecteurs les moyens de mener à bien leur mission». Plus catégorique, Joschka Fischer a pour sa part estimé que «l’Irak n’était pas en violation patente de la résolution 1441 de l’ONU». «Il n’y a donc aucune raison de déclencher une guerre», a notamment déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères qui sera également présent vendredi aux Nations unies.
Les Britanniques sur le pied de guerre
Le couple franco-allemand qui a présenté aux membres du Conseil de sécurité une série de propositions visant à renforcer le travail des experts en désarmement sait qu’il peut d’ores et déjà compter sur le soutien de la Russie et de la Chine, deux membres permanents du Conseil. Le président Vladimir Poutine qui s’est rangé aux côtés de Paris et Berlin a ainsi affirmé que son pays ferait usage de son droit de veto «s’il le faut». «A plusieurs reprise déjà la Russie a dû recourir à son droit de veto et s’il le faut, elle le fera encore», a-t-il affirmé au cours d’une visite officielle en France. Il a toutefois précisé que la décision du Conseil de sécurité devra être prise en fonction des résultats du rapport des chefs des inspecteurs. «Si l’Irak ne coopère pas, nous serons alors prêts à examiner la possibilité d’exercer une pression plus importante», a-t-il ajouté. Plus prudente, la Chine n’a certes pas menacé d’utiliser son droit de veto. Mais elle a rappelé la nécessité de «tout tenter pour essayer d’éviter une guerre». Les Chinois semblent en outre beaucoup plus préoccupés par la crise en Corée du Nord, selon eux autrement plus explosive que le dossier irakien, et semblent exaspérés par l’attitude américaine qu’ils jugent dangereuse.
Si les voix pacifistes semblent majoritaires au Conseil de sécurité, Américains et Britanniques n’ont pas l’intention de se laisser dicter leur conduite. La Grande Bretagne, la plus fidèle alliéz des Etats-Unis, est en effet prête à entrer en guerre contre l’Irak même si elle n’obtient pas de seconde résolution de l’ONU. Le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon a en effet affirmé que «si la seconde résolution était bloquée au Conseil de sécurité, Londres entrerait en action comme au Kosovo pour lequel aucune résolution spécifique n’avait été adoptée». Le Premier ministre Tony Blair a par ailleurs affirmé que si l’information concernant le développement par l’Irak de missiles d’une portée supérieure à celle autorisée par l’ONU était confirmé alors le régime irakien «serait en violation patente de la résolution 1441». «Si ces informations sont correctes, elles sont graves. Il ne s’agit pas seulement d’un refus de déclarer et de dévoiler des informations, il s’agit d’une violation de la 1441», a-t-il affirmé.
Cette radicalisation des positions des uns et des autres intervient au moment où l’Otan traverse une crise sans précédent après le triple veto de Paris, Berlin et Bruxelles aux demandes américaines de soutien à la Turquie en cas de guerre contre l’Irak. Une sixième réunion des ambassadeurs des 19 pays membres de l’Alliance a été annulée jeudi soir, faute de consensus et aucune rencontre n'a été programmée jusqu'à nouvel ordre. Le chancelier allemand Gerhard Schröder s'était en outre prononcé dans la matinée à Berlin contre une «décision formelle de l'Otan avant les débats du Conseil de sécurité» de l'Onu et la présentation cruciale vendredi d'un nouveau rapport des chefs des inspecteurs en désarmement de l'Irak.
par Mounia Daoudi
Article publié le 13/02/2003