Irak
La cinquième colonne chiite
A la mi-février, l’Assemblée suprême de la révolution islamique en Irak (ASRII), la principale opposition chiite au régime de Saddam Hussein, a invité les médias internationaux à se rendre dans le sud de l’Iran pour un défilé de plus de 5 000 combattants de la brigade al-Badr, le bras armé du mouvement.
De notre correspondant à Téhéran
Pour la première fois, depuis la création de cette brigade au début des années 80, les responsables de l’ASRII décidaient de la montrer à la presse. Mais deux jours plus tard, ils annulèrent le défilé sans autre explication. Il est vrai que Naji Sabri, le chef de la diplomatie irakienne, se rendait en Iran pour une visite surprise de 24 heures. Politiquement, le grand écart entre la visite du chef de la diplomatie irakienne et l’organisation d’un défilé militaire des opposants chiites était ingérable pour Téhéran.
Les dirigeants de l’ASRII gardent un silence complet sur le nombre et l’armement de cette petite armée. «Les combattants de la brigade al-Badr sont plus nombreux en Irak qu’en Iran, ils sont plusieurs dizaines de milliers, organisés en petites cellules à l’intérieur de l’Irak, prêts à prendre les armes», affirmait récemment l’ayatollah Mohammad Baqer Hakim, le chef de l’ASRII. Ce dernier vit à Téhéran dans un véritable bunker gardé par ses combattants armés portant l’uniforme.
Pour les diplomates occidentaux basés à Téhéran, la brigade al-Badr compte entre 10 000 et 15 000 combattants armés, formés et armés par les Gardiens de la révolution islamique, l’armée révolutionnaire créée en 1979 au lendemain de la chute du régime du Shah par le nouveau régime islamique. Les Gardiens de la révolution (Pasdarans) sont directement placés sous les ordres du guide suprême, l’ayatollah Ali Khameneï. Les combattants de la brigade al-Badr sont essentiellement des prisonniers de guerre irakiens ayant décidé de rejoindre cette petite armée de l’opposition chiite.
La brigade dispose non seulement d’armes légères mais aussi d’armes lourdes, notamment des chars, des transports de troupes et des canons. A l’inverse des Moudjahédines du peuple d’Iran, l’opposition armée au régime de Téhéran qui organisent régulièrement des défilés militaires en territoire irakien, la brigade al-Badr n’a jamais été vue.
A la mi-février, l’ASRII a démenti avec la plus grande force l’information publiée par le quotidien britannique Financial Times, qui avait affirmé que 5 000 combattants de la brigade al-Badr avaient traversé la frontière internationale pour se positionner au Kurdistan irakien. «Je démens totalement l’information», affirmait un porte-parole de l’ASRII. Avant d’ajouter que la seule information à propos de la brigade al-Badr concernait le défilé de 5 000 combattants qui devrait avoir lieu prochainement dans la région d’Ahwaz (sud ouest de l’Iran).
Selon les diplomates occidentaux, il y a actuellement environ 1 000 combattants chiites installés dans les zones contrôlées par l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) de Jalal Talabani et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani. Ces combattants se sont installés dans cette région au milieu des années 90 après un accord entre l’ASRII et les deux principaux mouvements kurdes qui gèrent le nord de l’Irak depuis 1991 avec le soutien des Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Le rôle futur des chiites
Alors que le jour J pour une attaque militaire américaine contre le régime de Saddam Hussein approche, la question du rôle militaire de la brigade al-Badr et du rôle politique de l’Assemblée suprême de la révolution islamique d’Irak est de plus en plus évoquée. Début février, un site internet proche des conservateurs iraniens affirmait que les Etats-Unis avaient fait savoir aux dirigeants chiites irakiens qu’il n’était pas question que les combattants de la brigade al-Badr entrent en Irak après le déclenchement d’une attaque militaire américaine. Cette information a été démentie par Abdolaziz Hakim, le frère de l’ayatollah Mohammad Baqer Hakim, véritable numéro deux du mouvement chiite, qui dirige le bureau des Affaires du Jihad (guerre).
Malgré ce démenti, les relations entre le mouvement et les Etats-Unis semblent entrer dans une zone de turbulence. En effet, Abdolaziz Hakim a violemment dénoncé le projet des Etats-Unis d’installer un gouverneur militaire américain à la tête de l’Irak pour une période de transition après le renversement de Saddam Hussein. «Nous avons été officiellement informé de ce projet par Zelmay Khlilzad, le représentant du président Bush pour l’Irak, lors d’une réunion entre les Américains et les différents partis de l’opposition irakienne», a affirmé Abdolaziz Hakim, qui participait à la réunion. «Nous rejetons énergiquement un tel projet… et nous ne pouvons pas garantir la réaction de la population irakienne», menaçait-il. Dans une interview au Financial Times, le chef de l’ASRII, l’ayatollah Hakim, allait même plus loin en affirmant que «les Irakiens considéreront une force d’occupation comme des infidèles dans un pays arabe. Ce qui engendrera violence et résistance». Une menace à peine voilée contre les soldats américains. Selon la presse d’outre-atlantique, des dizaines de milliers de militaires américains devraient rester en Irak après le renversement du régime de Saddam Hussein pour assurer l’ordre et empêcher des affrontements entre différents groupes politiques et ethniques.
Sans doute pour faire face aux plans américains, l’ASRII et les autres mouvements islamistes chiites irakiens, notamment le parti Al-Dawa et l’Organisation de l’action islamique, qui rejettent tous deux une intervention militaire américaine pour renverser Saddam Hussein, ont annoncé la tenue d’une conférence à Téhéran d’ici fin février pour parler du «rôle futur des chiites», qui forment plus de 55% de la population irakienne et qui ont toujours été tenus à l’écart du pouvoir, après la chute de Saddam Hussein.
Pour la première fois, depuis la création de cette brigade au début des années 80, les responsables de l’ASRII décidaient de la montrer à la presse. Mais deux jours plus tard, ils annulèrent le défilé sans autre explication. Il est vrai que Naji Sabri, le chef de la diplomatie irakienne, se rendait en Iran pour une visite surprise de 24 heures. Politiquement, le grand écart entre la visite du chef de la diplomatie irakienne et l’organisation d’un défilé militaire des opposants chiites était ingérable pour Téhéran.
Les dirigeants de l’ASRII gardent un silence complet sur le nombre et l’armement de cette petite armée. «Les combattants de la brigade al-Badr sont plus nombreux en Irak qu’en Iran, ils sont plusieurs dizaines de milliers, organisés en petites cellules à l’intérieur de l’Irak, prêts à prendre les armes», affirmait récemment l’ayatollah Mohammad Baqer Hakim, le chef de l’ASRII. Ce dernier vit à Téhéran dans un véritable bunker gardé par ses combattants armés portant l’uniforme.
Pour les diplomates occidentaux basés à Téhéran, la brigade al-Badr compte entre 10 000 et 15 000 combattants armés, formés et armés par les Gardiens de la révolution islamique, l’armée révolutionnaire créée en 1979 au lendemain de la chute du régime du Shah par le nouveau régime islamique. Les Gardiens de la révolution (Pasdarans) sont directement placés sous les ordres du guide suprême, l’ayatollah Ali Khameneï. Les combattants de la brigade al-Badr sont essentiellement des prisonniers de guerre irakiens ayant décidé de rejoindre cette petite armée de l’opposition chiite.
La brigade dispose non seulement d’armes légères mais aussi d’armes lourdes, notamment des chars, des transports de troupes et des canons. A l’inverse des Moudjahédines du peuple d’Iran, l’opposition armée au régime de Téhéran qui organisent régulièrement des défilés militaires en territoire irakien, la brigade al-Badr n’a jamais été vue.
A la mi-février, l’ASRII a démenti avec la plus grande force l’information publiée par le quotidien britannique Financial Times, qui avait affirmé que 5 000 combattants de la brigade al-Badr avaient traversé la frontière internationale pour se positionner au Kurdistan irakien. «Je démens totalement l’information», affirmait un porte-parole de l’ASRII. Avant d’ajouter que la seule information à propos de la brigade al-Badr concernait le défilé de 5 000 combattants qui devrait avoir lieu prochainement dans la région d’Ahwaz (sud ouest de l’Iran).
Selon les diplomates occidentaux, il y a actuellement environ 1 000 combattants chiites installés dans les zones contrôlées par l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) de Jalal Talabani et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani. Ces combattants se sont installés dans cette région au milieu des années 90 après un accord entre l’ASRII et les deux principaux mouvements kurdes qui gèrent le nord de l’Irak depuis 1991 avec le soutien des Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Le rôle futur des chiites
Alors que le jour J pour une attaque militaire américaine contre le régime de Saddam Hussein approche, la question du rôle militaire de la brigade al-Badr et du rôle politique de l’Assemblée suprême de la révolution islamique d’Irak est de plus en plus évoquée. Début février, un site internet proche des conservateurs iraniens affirmait que les Etats-Unis avaient fait savoir aux dirigeants chiites irakiens qu’il n’était pas question que les combattants de la brigade al-Badr entrent en Irak après le déclenchement d’une attaque militaire américaine. Cette information a été démentie par Abdolaziz Hakim, le frère de l’ayatollah Mohammad Baqer Hakim, véritable numéro deux du mouvement chiite, qui dirige le bureau des Affaires du Jihad (guerre).
Malgré ce démenti, les relations entre le mouvement et les Etats-Unis semblent entrer dans une zone de turbulence. En effet, Abdolaziz Hakim a violemment dénoncé le projet des Etats-Unis d’installer un gouverneur militaire américain à la tête de l’Irak pour une période de transition après le renversement de Saddam Hussein. «Nous avons été officiellement informé de ce projet par Zelmay Khlilzad, le représentant du président Bush pour l’Irak, lors d’une réunion entre les Américains et les différents partis de l’opposition irakienne», a affirmé Abdolaziz Hakim, qui participait à la réunion. «Nous rejetons énergiquement un tel projet… et nous ne pouvons pas garantir la réaction de la population irakienne», menaçait-il. Dans une interview au Financial Times, le chef de l’ASRII, l’ayatollah Hakim, allait même plus loin en affirmant que «les Irakiens considéreront une force d’occupation comme des infidèles dans un pays arabe. Ce qui engendrera violence et résistance». Une menace à peine voilée contre les soldats américains. Selon la presse d’outre-atlantique, des dizaines de milliers de militaires américains devraient rester en Irak après le renversement du régime de Saddam Hussein pour assurer l’ordre et empêcher des affrontements entre différents groupes politiques et ethniques.
Sans doute pour faire face aux plans américains, l’ASRII et les autres mouvements islamistes chiites irakiens, notamment le parti Al-Dawa et l’Organisation de l’action islamique, qui rejettent tous deux une intervention militaire américaine pour renverser Saddam Hussein, ont annoncé la tenue d’une conférence à Téhéran d’ici fin février pour parler du «rôle futur des chiites», qui forment plus de 55% de la population irakienne et qui ont toujours été tenus à l’écart du pouvoir, après la chute de Saddam Hussein.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 24/02/2003