Irak
Les Non-alignés disent non à la guerre en Irak
Dans un contexte marqué par l’éventualité d’une guerre contre l’Irak, le XIIIe sommet du mouvement des Non-alignés, à Kuala Lumpur, a donné l’occasion aux 116 pays membres de plaider contre une offensive militaire unilatérale. Malgré tout, les Etats réunis à cette occasion ont aussi demandé à l’Irak de se conformer à la résolution 1441 du Conseil de sécurité et de coopérer «complètement» avec les inspecteurs en désarmement de l’ONU, pour éviter un affrontement dont les conséquences seraient désastreuses au niveau régional mais aussi mondial.
«Ce n’est plus seulement une guerre contre le terrorisme, c’est une guerre pour dominer le monde». Mohamad Mahatir, le Premier ministre de Malaisie, pourtant réputé modéré, n’a pas mâché ses mots à l’ouverture du XIIIe sommet des Non-alignés et s’en est pris directement aux motivations des Américains dans leur volonté de mener une offensive militaire contre le régime de Bagdad. «Après les attentats du 11 septembre, ils [les Américains] ont trouvé un argument pour une fois encore conquérir le monde».
La gestion de la crise irakienne est, en effet, le dossier le plus important à l’ordre du jour du sommet des Non-alignés de Kuala Lumpur. Cette assemblée qui regroupe les deux tiers des pays membre de l’Organisation des Nations unies dont l’Irak, mais aussi une cinquantaine de membres de l’Organisation de la Conférence islamique, n’est pas une tribune tout à fait comme les autres. Elle a été créée à l’époque de la Guerre froide pour offrir une alternative à la stratégie de l’affrontement des blocs. Cette ère des relations internationales n’est plus depuis la dislocation de l’Union soviétique, mais la crise irakienne offre aujourd’hui une nouvelle opportunité au mouvement des Non alignés, composé pour l’essentiel de pays en développement, d’exprimer un autre point de vue en critiquant, comme l’a fait Mohamad Mahatir, «l’oppression idéologique» exercée par les Occidentaux en faveur de la démocratie et leurs méthodes «primitives» pour l’imposer aux autres populations. «Des milliers d’années après l’âge de pierre, nous mesurons toujours la grandeur d’une nation à ses capacités à tuer le plus grand nombre de gens».
Des points de vue divergents
Les représentants des pays Non-alignés se sont donc mis d’accord pour condamner une offensive militaire américaine unilatérale. La résolution qu’ils doivent adopter à la fin de leur sommet précise que «les chefs d’Etat et de gouvernement rejettent l’utilisation ou la menace d’utilisation de la force contre tout membre des Non-alignés sous prétexte de combattre le terrorisme». Malgré tout, un certain nombre d’entre eux se sont opposés à l’adoption d’un texte trop favorable au régime de Bagdad et ont tenu des propos moins virulents que ceux du Premier ministre malaisien. Un premier projet de résolution présenté par les Etats arabes prévoyait, en effet, d’affirmer «le soutien et la solidarité avec l’Irak à l’égard d’une agression possible» et de demander aux pays membres de «s’abstenir de tout soutien à une offensive militaire». Une formulation à laquelle des pays comme Singapour et surtout le Koweït, en première ligne en cas de conflit, ont refusé d’adhérer.
D’autre part, les Non-alignés ont mis l’accent sur la nécessité pour l’Irak de coopérer avec les inspecteurs en désarmement pour donner toutes ses chances à la diplomatie. Thabo Mbeki, le chef de l’Etat sud-africain, qui assurait la présidence du mouvement depuis le dernier sommet de Durban, a ainsi déclaré devant le vice-président irakien Taha Yassin Ramadan qui doit prendre la parole mardi, que «la paix et la stabilité dans nos pays et dans le reste du monde exigent que l’Irak, membre de notre mouvement depuis longtemps, coopère complètement avec le Conseil de sécurité et les inspecteurs en désarmement».
Par contre, les Non-alignés rejettent en bloc l’emploi de l’expression «axe du mal», employée par le président américain, George W. Bush, pour désigner les trois pays cibles de la lutte contre le terrorisme, tous membres du mouvement: Irak, Iran, Corée du Nord. Selon Mohamad Mahatir, l’usage d’une telle formule dans le contexte actuel est dangereuse car elle laisse présager qu’il peut y avoir une suite à la crise irakienne: «S’ils [les Américains] réussissent en Irak, je suis sûr qu’ils porteront ensuite leur attention sur l’Iran et après l’Iran vers la Corée du Nord. Après la Corée du Nord, qui sera la prochaine victime?».
En condamnant le recours à la force armée contre le régime de Bagdad, les Non-alignés veulent prendre en compte les conséquences d’une guerre qui serait «un facteur de déstabilisation dans toute la région et aurait des conséquences humanitaires, économiques et politiques immenses pour tous les pays du monde». Notamment parce qu’elle «renforcerait» le sentiment de frustration et de colère des musulmans au risque de provoquer une nouvelle vague d’actes terroristes.
La gestion de la crise irakienne est, en effet, le dossier le plus important à l’ordre du jour du sommet des Non-alignés de Kuala Lumpur. Cette assemblée qui regroupe les deux tiers des pays membre de l’Organisation des Nations unies dont l’Irak, mais aussi une cinquantaine de membres de l’Organisation de la Conférence islamique, n’est pas une tribune tout à fait comme les autres. Elle a été créée à l’époque de la Guerre froide pour offrir une alternative à la stratégie de l’affrontement des blocs. Cette ère des relations internationales n’est plus depuis la dislocation de l’Union soviétique, mais la crise irakienne offre aujourd’hui une nouvelle opportunité au mouvement des Non alignés, composé pour l’essentiel de pays en développement, d’exprimer un autre point de vue en critiquant, comme l’a fait Mohamad Mahatir, «l’oppression idéologique» exercée par les Occidentaux en faveur de la démocratie et leurs méthodes «primitives» pour l’imposer aux autres populations. «Des milliers d’années après l’âge de pierre, nous mesurons toujours la grandeur d’une nation à ses capacités à tuer le plus grand nombre de gens».
Des points de vue divergents
Les représentants des pays Non-alignés se sont donc mis d’accord pour condamner une offensive militaire américaine unilatérale. La résolution qu’ils doivent adopter à la fin de leur sommet précise que «les chefs d’Etat et de gouvernement rejettent l’utilisation ou la menace d’utilisation de la force contre tout membre des Non-alignés sous prétexte de combattre le terrorisme». Malgré tout, un certain nombre d’entre eux se sont opposés à l’adoption d’un texte trop favorable au régime de Bagdad et ont tenu des propos moins virulents que ceux du Premier ministre malaisien. Un premier projet de résolution présenté par les Etats arabes prévoyait, en effet, d’affirmer «le soutien et la solidarité avec l’Irak à l’égard d’une agression possible» et de demander aux pays membres de «s’abstenir de tout soutien à une offensive militaire». Une formulation à laquelle des pays comme Singapour et surtout le Koweït, en première ligne en cas de conflit, ont refusé d’adhérer.
D’autre part, les Non-alignés ont mis l’accent sur la nécessité pour l’Irak de coopérer avec les inspecteurs en désarmement pour donner toutes ses chances à la diplomatie. Thabo Mbeki, le chef de l’Etat sud-africain, qui assurait la présidence du mouvement depuis le dernier sommet de Durban, a ainsi déclaré devant le vice-président irakien Taha Yassin Ramadan qui doit prendre la parole mardi, que «la paix et la stabilité dans nos pays et dans le reste du monde exigent que l’Irak, membre de notre mouvement depuis longtemps, coopère complètement avec le Conseil de sécurité et les inspecteurs en désarmement».
Par contre, les Non-alignés rejettent en bloc l’emploi de l’expression «axe du mal», employée par le président américain, George W. Bush, pour désigner les trois pays cibles de la lutte contre le terrorisme, tous membres du mouvement: Irak, Iran, Corée du Nord. Selon Mohamad Mahatir, l’usage d’une telle formule dans le contexte actuel est dangereuse car elle laisse présager qu’il peut y avoir une suite à la crise irakienne: «S’ils [les Américains] réussissent en Irak, je suis sûr qu’ils porteront ensuite leur attention sur l’Iran et après l’Iran vers la Corée du Nord. Après la Corée du Nord, qui sera la prochaine victime?».
En condamnant le recours à la force armée contre le régime de Bagdad, les Non-alignés veulent prendre en compte les conséquences d’une guerre qui serait «un facteur de déstabilisation dans toute la région et aurait des conséquences humanitaires, économiques et politiques immenses pour tous les pays du monde». Notamment parce qu’elle «renforcerait» le sentiment de frustration et de colère des musulmans au risque de provoquer une nouvelle vague d’actes terroristes.
par Valérie Gas
Article publié le 24/02/2003