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Internet dans la guerre

Washington déclare l’infoguerre

Tout est bon pour mettre en péril la sécurité de l’Irak, y compris les attaques informatiques. Le cyberterrorisme est la prochaine menace que brandissent les Etats-Unis contre l’Irak.
C’est de bonne guerre. Les Etats-Unis ont profité de la publication de la version finale de leur projet de sécurité sur l’Internet pour annoncer qu’ils envisagent, dans le cadre d’un conflit avec l’Irak, de recourir à des attaques internet pour paralyser les réseaux ennemis. C’est ce que rapporte le Washington Post. Cet influent quotidien américain vient de révéler que le président Bush a signé, en juillet dernier, une directive très secrète ordonnant au gouvernement de développer des techniques lui permettant de paralyser, par exemple, des radars ou des installations électriques. L’essentiel de ces conclusions se fonde sur le rapport de Richard Clarke, conseiller pour les questions de sécurité sur le cyberespace.

Intitulé «National Strategy to Secure Cyberspace», ce texte qui établit plusieurs priorités destinées à protéger les Etats-Unis d'attaques lancées via Internet par des terroristes, suggère que les Etats-Unis répondent à des cyberattaques par le même genre de riposte. «Quand un pays, un groupe terroriste ou d’autres adversaires lancent des cyberattaques contre les Etats-Unis, la réponse américaine ne doit pas être limitée à des poursuites pénales. Le recours à des cyberattaques permettrait de paralyser des ennemis avec des risques moindres de dommages collatéraux ou de victimes civiles qu’avec des lâchers de bombes», affirme le rapport. L’objectif serait de lancer des attaques contre des réseaux informatiques essentiels comme ceux commandant des fonctions vitales du pays : l'alimentation en eau et en électricité, les transports, le secteur bancaire, les télécommunications, la santé, ainsi que les industries chimiques, agro-alimentaires et de défense.

Govnet, un réseau fermé gouvernemental

L’initiative de Washington d’intégrer les technologies d’information dans son arsenal militaire n’est pas surprenante. L’une des illustrations de cette tendance est la campagne de spams envoyés par l’armée américaine aux responsables civils et militaires irakiens, pour qu'ils cessent de soutenir le régime présidentiel. Dans le même registre, les tensions entre Bagdad et Washington ont entraîné récemment des dégradations dans un nombre de sites web : des attaques basées sur l’inondation de serveurs par un énorme volume de trafic. Selon plusieurs informations rapportés sur Internet, ces initiatives reviennent à un groupe de jeunes pirates informatiques baptisé «Young Intelligent Hackers Against Terror, YIHAT» (jeunes pirates informatiques espions contre le terrorisme). Cette nouvelle génération de pirates informatiques qui mettent leur talent au service d’une cause, se sont fait connaître pour avoir réussi à traquer notamment les comptes bancaires d’Oussama Ben Laden au Soudan.

Mais -car il y a un mais- certains experts tirent la sonnette d’alarme. Ces techniques de cyberattaques doivent être très ciblées, d’une manière qui ne peut pas se retourner contre les Etats-Unis. En effet, il n’y a pratiquement plus de systèmes isolés, tout communique avec tout et la moindre perturbation peut avoir des effets en chaîne considérables. Un véritable effet domino qui peut se retourner à terme contre les infrastructures américaines. De quoi donner des sueurs froides aux services de sécurité. L’attaque d’envergure lancée en octobre dernier contre treize serveurs d’Internet a également suscité les plus vives inquiétudes des renseignements américains. Cette attaque – la plus puissante recensée dans l’histoire du réseau- a ravivé les craintes d’attaques cyberterroristes. L’Oncle Sam a décidé de réagir. Parmi les recommandations du rapport de Richard Clarke, la création de «Govnet», un réseau fermé gouvernemental. La Maison Blanche prépare le lancement prochain de cet intranet sécurisé qui devrai relier -via une liaison par fibre optique et affranchi des routeurs et connexions Internet- toutes les agences de sécurité et les ministères engagés dans la lutte contre le terrorisme.



par Myriam  Berber

Article publié le 19/02/2003